Combien de temps qu’on était arrivée en Irlande ? 3, 4, 5 jours ? 1 semaine peut-être ? J’en avais aucune espèce d’idée, bien trop résignée à l’idée de compter les jours que j’ai a passé dans cet endroit. Et sur tout ce temps, combien de moments avais-je passé avec mon meilleur ami ? 2, 3, tout au plus 4 ? Lui qui disait que ce pays nous rapprocherait, je crois qu’au fond, c’est pas tout à fait ça qui est en train de se passé. Mais dans le fond, je comprend. Parce que même lui y’é pas là aujourd’hui, j’ai pas plus de temps pour lui là maintenant. J’en reviens juste pas à quel point le temps file quand on est en « vacances », si c’est comme ça que l’on peut appeler mon temps passé dans ce pays qui m’était auparavant inconnu.

Quand je pense à la crise que j’ai piqué à Ethan pas longtemps après notre arrivée, je le plains presque de m’avoir comme jumelle. J’ai jamais été un numéro facile, j’en ai conscience. Quelqu’un nous aurait vu dans l’aéroport, moi toute crispée par la stupide gêne qui m’habitait, Ethan qui tentait de me calmer, et cette même personne qui nous aurait vu dans notre chambre quelques heures après notre arrivée, aurait probablement pensé que j’avais moi-même une jumelle. Ou bien que j’étais bipolaire même. Une chose était sûre, je n’étais plus du tout gênée ou renfermée. Et c’était bien ça la magie avec moi, j’avais un caractère complètement différent dépendamment de la personne avec qui j’étais. Surprise ! Kaylie Anderson n’est pas si coincée en fin de compte..

Et ça me faisait penser au nombre de fois que Jordan avait eut droit d’assister à ce genre de scène lui aussi. Des claques à ma façon, il en avait drôlement manger. Mais c’était un peu son rôle non, en tant que meilleur ami officiel depuis que j’ai environ, quoi, 5 ans ? Seigneur, 12 ans qu’il était prit à m’endurer. Juste cette pensée avait le don de me faire sourire. Y’a tellement de choses que j’ai faite avec Jord, ou bien pour Jord, ou encore pire même, que Jord a fait pour moi. On a eu nos passes dures c’est sûr, mais quels meilleurs amis n’en subissent pas ?

Ma journée, je savais pas quoi en faire, ce qui était pas tant surprenant depuis que j’étais arrivée ici. J’avais envie de voir mon meilleur ami, mais quand j’étais aller cogner à sa chambre, j’avais eu aucune raison. Zéro, niet, nada. Tant pis, j’allais trouver autre chose. Et c’est Ethan qui m’occupa à la place. Il avait envie qu’on gratte un peu ensemble. Et notre « un peu » c’est rapidement changé en plusieurs heures, comme on avait si souvent eu l’habitude de le faire à Québec, dans sa chambre. J’adorais toujours autant ces moments passés entre jumeaux. On était réellement complices lui et moi, et ça me faisait du bien de savoir que je pouvais toujours compter sur lui, à n’importe quel occasion.

Le soir tombait, pourtant j’avais aucune envie de rester à l’intérieur, de m’asseoir a une table quelconque de la véranda et de regarder tous ses gens qui faisaient connaissances avec de nouveaux visages, alors que j’arrivais moi-même à peine à les regarder. Un endroit pleins de mondes, sa me réussissait que très rarement, et nouvellement, restée enfermer dans ma chambre ne semblait pas une option plaisante en ce vendredi soir. Alors je pris une veste, prévoyante comme j’avais l’habitude de l’être et sortit m’installée près de ce lac que j’avais remarqué lors de mon arrivée, époustouflée par cette magnifique vue.

Je pense que j’aurais put rester là bien longtemps, à ne penser à rien, à songer à tout à la fois. C’était tellement calme et paisible que pour une des rares fois depuis que j’étais arrivée, je me sentais sereine. Quelle sensation agréable après 1 semaine a avoir accumulée stresse par dessus stresse à cause de toutes ses fichus de nouvelles rencontres ! J’étais là, sur le bord du lac, a contempler mon reflet dans l’eau de celui-ci, lorsqu’un voix qui ne m’étais pas inconnu me sortit de mes rêveries éveillés. Mon meilleur ami, celui qui avait habité mes pensées toute la matinée. Était-ce un signe que l’on se croise enfin en soirée ? Quoi qu’il en soit, je devais avouer que l’avoir près de moi me faisait du bien, comme si ça ajoutait à l’apaisement que j’éprouvais déjà.

« Je vis, ça ne se voit pas ? »

Et il était rare que je puisse vivre, et il comprenait parfaitement pourquoi. Avec Ethan comme frangin, lui comme meilleur ami et Jaden comme frère de coeur, il devait admettre qu’il m’était plutôt difficile de vivre comme je l’entend. J’étais protégée de bord en bord, sans la moindre chance de m’en sortir. Et je ne m’en plaignais pas, loin de là. Il faut dire que c’est toujours plaisant de se savoir protégée jusqu’à la racine des cheveux. J’avais ce souvenir de ce jour de lycée ou Jordan avait frappé un gars direct sur le nez parce que celui-ci avait trouvé amusant de me tapper une fesse, moi qui - il faut l’avouer - est assez prude. La face que ce pauvre mec a fait lorsqu’il a vu Jordan Kostas Anistakis approché de lui, un air complètement fou sur son visage, le point déjà levé. Il n’a pas eu a souffrir trop longtemps, il était bien là l’avantage. Mais le désavantage dans toute cette protection, c’était qu’il m’était presque impossible de faire un pas sans être surveillé de loin de ou de près. Mais bon, ça faisait des années que j’avais appris à vivre avec ce léger détail encombrant.

« T’es pas avec Jaden ou Jen ? »

Je n’étais pas jalouse du temps qu’il passait avec eux, car c’était tout à fait normal après tout. C’était son frère et sa petite amie, donc des personnes a privilégiés dans notre horaire. Fallait dire que je faisais un peu de même d’une manière ou d’une autre, a toujours vouloir passé du temps avec mon jumeau, ou bien rêvé de revoir Craig Westwood. Mais lui, c’était une toute autre histoire, loin d’être semblable à l’histoire qui unie Jen à Jordan. Mais j’avais envie de plus de moments avec lui, et c’était ma manière presque subtile de le lui faire savoir. Il me connaissait comme son fond de culotte de toute façon, il n’aurait pas de difficulté à comprendre. Et puis s’il en montrait, je lui ferais comprendre assez vite moi. Pas de gêne avec Jordan Anistakis certain ! Je l’invitais tout de même a prendre place à mes côtés, en frappant sur le gazon frais à mes côtés. Il se mouillerait probablement le derrière, mais bon, tant pis !