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 Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]

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Adam J. Hunter
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MessageSujet: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyLun 29 Juin - 19:27



Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] Taymom10 Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] 003zqk10

Mardi, 21h55.
Le Soleil lourd et brûlant qui sévissait la journée avait, depuis peu, laissé place à un clair de Lune lactescent, bien plus apte à accueillir les balades des promeneurs solitaires qui s’aventuraient dans les jardins de la résidence – somptueux, il fallait l’avouer. C’était donc dans ces jeux perpétuels d’ombres entremêlées et de lumières sournoises qu’Adam avait décidé d’achever cette journée de dur labeur. De « dur labeur », l’expression convenait parfaitement pour caractériser la journée qui, lentement, venait de s’écouler, dans le flot ininterrompu du passage du temps. En effet, alors qu’habituellement se succédaient sans cesse des visages souriants et avenants et des demoiselles au port de tête gracieux - qui lui adressaient ne serait-ce qu’un signe de la main, au détour d’un couloir -, il en avait été tout autrement aujourd’hui. A croire que certaines vacancières s’estimaient d’un rang social suffisamment élevé pour le fixer, avec dans leurs yeux une sorte de mépris, inévitablement lié à un orgueil démesuré. Quand bien même leur naissance prestigieuse leur aurait - hypothétiquement - donné ce droit, il n’aurait pas plus accepté cette suffisance pénible, propre à ceux à qui l’on avait trop loué les mérites en faisant abstraction du reste, et qui lui rappelait douloureusement le regard de sa grand-mère.
Le temps s’assombrit lorsque la Lune fût cachée par deux blocs massifs de nuages et, parallèlement, ce furent ses idées qui s’assombrirent brutalement. Dans chaque recoin de son esprit s’insinuait l’idée que la situation échappait de ses mains, faisant de ce projet qu’il chérissait tant non pas une fin en soit, c’est-à-dire un épanouissement harmonieux de lui-même, des autres hôtes et des clients, mais simplement un moyen de concrétiser les rêves les plus saugrenus des vacanciers.
Pour quiconque ne connaissant Adam que d’un point de vue extérieur, cet état d’esprit aurait paru incroyable : le jeune homme n’était en effet pas du genre à se lamenter, encore moins lorsqu’il s’agissait du Cercle, ce Cercle qui lui avait tout apporté et avait fait de lui ce qu’il était maintenant. Pourtant, étant extrêmement lunatique, il lui arrivait régulièrement d’apprécier la situation d’un angle négatif, avant de rebondir pour finalement se surpasser. Cela faisait désormais partie de sa manière de fonctionner, un gigantesque balancier intérieur le conduisait incessamment d’un côté à l’autre de sa personnalité. Le poids des journées sur ses épaules contribuait d’ailleurs en grande partie à cet état d’esprit, et il venait seulement de s’arrêter et de quitter les vacancières.
Il lui arrivait assez souvent – un peu trop, d’ailleurs, pour être parfaitement reposé le lendemain matin et ne pas avoir à endurer un réveil difficile … – de sortir en ville, d’habitude : quittant la résidence, cela avait l’avantage de lui permettre de changer d’horizon et de totalement se détendre, en sirotant un verre au bar du coin, ou en rejoignant quelques ami[e]s à un point de rendez-vous préalablement défini. Cela faisait partie des rituels quotidiens qu’il suivait avec assiduité, liant l’utile – le repos, au moins considéré d’un point de vue psychique – et l’agréable.
Cela dit, il était fier d’appartenir à cette catégorie très fermée de personnes, ayant décidé de faire de leur métier une vocation : peu de gens osaient faire ce qu’il voulait, plutôt que ce qu’il pouvait. Tout bien considéré, ce Cercle était une part non-négligeable de lui-même, une idée sortie un beau matin de deux esprits fertiles – le sien et celui d’Isaac. Et malgré les difficultés, malgré les critiques – critiques faites par les mêmes personnes qui aujourd’hui étaient des vacancières le regardant de haut – ils avaient persisté, et il constatait qu’à ce jour, ils étaient véritablement une équipe, soudée comme une famille, liée comme les sept doigts de la main.
Bref, Adam avait jeté ce soir là son dévolu sur le charmant jardin qui ornait la cour de la résidence. Tout en se baladant, il remarqua encore une fois – il ne s’en lasserait probablement jamais – la perfection observée pour l’élaboration de chaque détails de l’architecture des lieux. Après tout, il avait toujours profondément été un gosse de la Nature, parfaitement heureux lorsque l’occasion lui était donnée de grimper dans un arbre, donner un morceau de pain dur à un cheval alezan immobile dans un pré, ou courir sous la pluie en zigzaguant entre les flaques opaques de boue. En se remémorant ces quelques souvenirs choisis avec soin, il ne pût empêcher l’image de son géniteur de faire irruption dans son esprit. Il la chassa bien vite, pour éviter à quelques mots indignes d’un paysage aussi féerique de se glisser sur ses lèvres.
Lèvres auxquelles il porta, par ailleurs, une cigarette sortie d’une de ses poches, alternative mortelle mais indispensable pour calmer le torrent de pensées noires qui avait quelques minutes plus tôt assiégé sa conscience. Il avança de quelques pas, jusqu’au bout du jardin où il savait qu’il aurait une vue imprenable sur la ville tout proche, et s’adossa à un arbre, constatant avec un froncement des sourcils qu’il avait oublié son briquet dans la résidence – à moins qu’il ne l’ai laissé par mégarde à une vacancière, à laquelle il avait proposé du feu …
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September E. Hans
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyLun 29 Juin - 21:19

      « C’est peut-être ça que tu cherches ? »

    Ma voix résonna dans le jardin, un bruit de trop dans le silence presque magique et mystérieux qui s’était installé à cet endroit, rendu à une telle heure. Je me sentais presque coupable d’être venue couper cette atmosphère si agréable, bien consciente qu’Adam en avait certainement besoin après une journée comme celle-ci. Ceux qui pensaient que les hôtes avaient la vie facile se mettaient bien un doigt dans l’œil et chaque jour, j’admirais le travail de mes collègues, bien que je fasse moi-même partie de la masse. Je me considérais tout même très chanceuse, bien plus que certains d’entre nous. C’était comme si toutes les attentes n’étaient tournées que vers les garçons et que tout le poids du contrat que nous avions décoté pour l’été à la résidence ne reposait que sur leurs épaules à eux. Je me sentais presque coupable, coupable d’être la seule fille, coupable de ne pas être capable d’en faire autant qu’eux, même si je savais très bien que je faisais de mon mieux. Je ne pouvais pas vraiment y faire quoique ce soit : la clientèle visée par le cercle était majoritairement féminine puisqu’une dame se laisse beaucoup plus facilement divertir qu’un homme. Et à mon point de vue, si le groupe n’aurait été formé que de filles, pour divertir des hommes, alors le message porté n’aurait été que dérisoire et aucun prestige n’aurait été attribué à ce projet. Peut-être qu’il s’en devait d’être ainsi, et la seule chose que je pouvais faire pour mes collègues étaient de les supporter comme je pouvais. Prêter une oreille attentive, les accompagner dans les discussions qu’ils entreprenaient avec leurs clientes, sans pour autant m’imposer. J’avais un rôle de plan – bien que plusieurs prétendaient le contraire, histoire de me faire sentir que j’avais bel et bien ma place – mais je m’y faisais très bien avec cette place. Je n’étais pas celle qui était à plaindre dans toute cette histoire.

    Je n’avais pas pu passer à coté de cette journée qui s’était avérée très difficile pour la plupart d’entre nous, et j’avais remarqué à quel point mon pauvre Adam avait ramé pour pouvoir garder la tête hors de l’eau et ne pas craquer. Il y avait malheureusement ce type de clients qui ne vous prenais que pour des simples servants, destinés à faire ce que bon vous semblait pour vous rendre heureux. C’était face à de telles situations que je m’emportais sur le sens erroné du cercle d’hôte et que je rassemblais toutes mes forces pour ne pas aller prendre entre quatre yeux ceux qui avaient osé insulter ceux qui me servaient de deuxième famille. Le cercle était tout pour moi, bien que je me sentais égoïste envers mes parents – envers mon frère surtout – de penser de la sorte. Mais le temps passait et malgré toute la misère que j’avais bien pu vivre dans les dernières années, la vie continuait. J’avais pris mon propre chemin et j’avais trouvé en chaque hôte un grand frère m’accueillant à bras ouvert. Peut-être était-il là, l’avantage d’être la seule fille – et la plus jeune – de tout le groupe. L’intégration au groupe ne m’avait jamais posé un problème puisque j’avais été accueillie à bras plus qu’ouverts, notamment par le chef. Et lorsqu’un chef fait, les autres suivent sans poser de questions, non ? Et puis, devant l’enthousiasme de Lyam, lorsque j’avais atteint le point de rendez-vous qui marquait ma première rencontre avec le cercle, n’aurait pu laisser personne froid face à mon arrivée. Et depuis, ma vie prenait un cours qui m’étonnait encore aujourd’hui mais qui finalement, me plaisait. Je restais toutefois malheureuse lorsque je pensais que mon frère ne vivait peut-être pas la chance que j’avais, mais s’il avait su prendre son chemin, alors pourquoi pas moi ? Mais aujourd’hui, je comprenais que la vie ne l’avait pas choyé contrairement à moi et j’étais détruite de penser que je n’avais rien osé faire pendant deux ans. J’avais découvert à mon arrivée un Jayden complètement changé ; même en apparence, j’avais eu de la difficulté à le reconnaître. J’avais toujours remarqué son penchant pour l’extravagance, mais depuis quand avait-il troqué ses cheveux bruns en bataille pour des mèches rebelles d’un noir corbeau, et son regard souligné d’eye-liner qui semblait me percer à chaque fois que ses yeux – mes yeux, nos yeux – croisaient les miens. Encore aujourd’hui, je frissonnais à penser que mon frère avait disparu dans la brume… et bien que je trouvais cette vue effrayante, j’avais le doute que toute cette histoire avec lui allait bien par-dessus un changement drastique d’apparence… Malheureusement, je ne pouvais pas lui parler. Il ne voulait pas que je lui adresse ne serait-ce qu’un seul mot en public, de peur que sa réputation vienne à gâcher la mienne. Et chaque jour, je m’efforçais de vivre en ne faisant que croiser son regard, lui souriant par moments. C’était souvent lui qui venait vers moi, m’ébouriffant les cheveux lorsqu’il passait assez près de ma petite personne. Un geste qui pouvait laisser place à bien des sous-entendus, mais qui ne confirmait rien. Et depuis qu’Isaac se faisait un fin plaisir à le traiter de « fou au camembert » publiquement, rien n’était plus facile. Chaque fois, je me battais avec moi-même pour ne pas aller assommer Isaac, histoire qu’il laisse mon frère tranquille. Le savait-il au moins ? Que ce grand ténébreux m’était lié de sang ? Peu dans cette place était au courant : Jay’ tenait notre relation en veilleuse et il réussissait très bien.

    Je me permis de m’avancer dans la noirceur du jardin, mon chemin éclairé seulement par les faibles rayons de lune qui pénétraient les nuages. Une coïncidence peut-être ? De l’avoir croisé ici et d’avoir en main exactement ce qu’il cherchait ? Non. J’étais une observatrice et après une année complète à traverser toutes sortes d’épreuves en compagnies de ces hommes, j’avais appris à les connaître un par un, au point de devenir un peu leur petite lumière lorsqu’ils en avaient besoin. Je savais qu’après une journée si éprouvante, Adam ne serait pas le premier à aller trouver sommeil et qu’il aurait besoin d’un moment pour se détendre. Et son briquet : je l’aurais reconnu parmi cents autres et j’avais senti la responsabilité de le prendre et d’aller le rendre à son propriétaire. C’est ainsi que j’avais débuté mon aventure dans la résidence, cette dernière se terminant dans le jardin silencieux. Encore dans ma petite robe de soleil, je frissonnai légèrement, me rappelant de me prendre une veste lorsque je sortirais à une telle heure à l’avenir, mais la température environnante sembla moins m’atteindre lorsque je m’arrêtai à la hauteur du grand brun. Il me dépassait d’au moins une tête et je me sentis soudainement petite lorsque je levai mes grands yeux azurs vers lui. Néanmoins, un sourire se dessina sur mon visage, un de ces sourires qui se veux chaleureux, compatissant et rassurant.
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Adam J. Hunter
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyLun 29 Juin - 23:39

A vrai dire, Adam n’avait pas le moins du monde entendu les pas légers de la jeune femme dans les allées du parc, et ce ne fût que lorsque sa voix – une voix suave et chaleureuse – raisonna au milieu des ténèbres environnant qu’il se rendit compte de sa présence, se retournant d’un coup sec, mais ayant déjà reconnu la propriétaire des notes harmonieuses qui étaient sorties de sa bouche.
September, qui d’autre ? Une jeune femme charismatique, qu’Adam avait toujours considéré à part. Toujours, c’est-à-dire depuis qu’elle avait rejoint le cercle d’hôtes. En fait, il avait dès le début pensé qu’une touche féminine aurait apporté un atout considérable, parce qu’après tout les représentantes du sexe féminin – et à plus forte raison September – avait une vision globale des choses différentes, à la fois plus subtile et plus sensible. D’autant plus que leur clientèle se composait de vacancières et non de vacanciers … Et au fil du temps, la jeune femme au joli minois avait charmé tout le monde, de par son dynamisme et son côté très avenant : elle avait toujours la solution qui mettait tout le monde d’accord, l’idée qui enchantait tout le monde, le mot réconfortant qui redonnait la motivation nécessaire. En plus de cela, c’était indéniablement une valeur sûre : on pouvait compter véritablement sur elle, lui vouer une confiance aveugle, tout en sachant pertinemment qu’elle n’abuserait pas de sa place de choix. Pourtant, son intégration n’avait pas dû être très facile : seule femme parmi un groupe d’hommes, elle devait en outre attiser la jalousie de certaines vacancières – du moins c’était une hypothèse plausible.
Pour Adam, dont la vie de famille s’était pendant longtemps résumée à quelques sombres ratures sur un cahier immaculé, chacun des membres constituait une personne à part dans la famille qu’il s’était construite. Toutes ces images que tous les gosses ressortaient dans les cours de récré, tous ces discours que tous les professeurs avaient eu à la bouche, n’avaient longtemps été pour lui qu’un songe, un dessin chaotique et confus, mortel comme un poison mais nécessaire comme la vie. Le genre de chose qu’il avait dédaigné, rabaissé, méprisé, tout simplement parce qu’il pensait ne jamais la trouver, sa famille. Sincèrement, il fallait être lucide, élevé entre une grand-mère qui portait des œillères, et érigeait ses principes arbitraires au nom de loi sacrée et inaliénable. Elle correspondait en tous points à l’archétype de l’ignoble mère-grand, celle qui demandait avec un grand sourire édenté à son petit-fils adoré et chéri de bien vouloir lui apporter son dentier, posé sur le bord du lavabo. Et puis son père. Rétrospectivement, lorsque son esprit abordait le thème noueux de la nature de son géniteur, Adam ne voyait qu’un lâche, à genoux devant sa mère tyrannique. Incapable de s’imposer, celui-là n’était qu’un chien tout juste bon à se mettre couché devant une vieille femme repoussante, qui menait la vie des Hunter d’une main de fer. Enfin bref, ce n’était pas l’amour fou … La seule qui avait grâce à ses yeux – dans sa famille directe – était sa mère, pour la simple et bonne raison qu’il ne la connaissait pas. Il essayait, mais ne réussissait jamais à savoir si ses traits, ses pupilles, ses mains, étaient celles de sa mère ou de son procréateur.
Et maintenant, maintenant que cette opportunité lui était offerte, il comprenait. Il comprenait pourquoi tout le monde parlait de la « famille » avec un sourire béat dessiné sur les lèvres, pourquoi la « famille » était au centre des préoccupations politiques et, plus généralement, des ménages.
Alors voilà, dans ce grand cercle, September aussi avait une place bien à elle, et cela dépassait amplement le cadre professionnel : arrivée dernière, il ne pouvait s’empêcher de la voir comme sa protégée. Il cherchait toujours à avoir la petite attention qui dessinerait un sourire lumineux sur son visage, voulait connaître la cause de ses peines et la raison de ses joies, arrangeait chaque détail pour qu’elle se sente comme chez elle, mais – et c’était là la contrepartie – il ne pouvait s’empêcher de se montrer exigeant, protecteur et jaloux. Exigeant, parce qu’il plaçait beaucoup de poids sur ses épaules. Le jeune homme connaissait sa valeur, il était parfaitement conscient de ses capacités, et – involontairement la plupart du temps – la poussait à donner le meilleur d’elle-même – bien qu’elle n’ait en fait pas besoin d’Adam pour le faire. Protecteur, parce qu’il ne voulait pas qu’elle souffre d’un comportement extérieur. C’était une chose très difficile pour lui à endurer et, même s’il essayait d’atténuer ce trait de sa personnalité, il avait cependant conscience qu’il devait être quelquefois difficile à vivre. Et jaloux, enfin. Et il restait muet sur ce point.
La voix de September raisonna, donc. Il suivit le mouvement du poignet de la jeune femme, et attrapa le briquet qu’elle lui tendait, un sourire glissé sur les lèvres. Là, il ne pouvait pas le nier, il était très surpris ; l’élève avait largement dépassé le maître en matière d’attention à la fois utile et charmante.

« Et bien, merci beaucoup. Décidément, t’es une fille pleine de ressources … »

Il fit un geste pour lui proposer une cigarette – c’était surtout une habitude, un comportement exécuté machinalement pendant ses journées. La minuscule flamme produite par le briquet ne se détacha que quelques secondes de la noirceur de la nuit, juste le temps pour Adam d’allumer sa cigarette. Il observa September quelques secondes en silence, fixement. Sa peau frissonnait légèrement sous l’action du vent : Adam retira sa veste et la posa sur les épaules délicates de la jeune femme – ça, en revanche, il n’avait pas vraiment l’habitude de le faire avec les vacancières.
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September E. Hans
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMar 30 Juin - 1:43

    « Pendant toute mon enfance, j’avais été choyée sur le plan familial, ou du moins, du plus loin que je me souvenais, je n’avais jamais été vraiment à plaindre sur ma famille. Pendant des années, j’avais toujours eu des parents plus que présents et remplis d’amour, mais j’avais également eu la chance d’avoir un frère qui m’aimait plus que sa propre personne et un meilleur ami qui m’était toujours aussi précieux aujourd’hui. Les souvenirs que je gardais de cette période de ma vie étaient ceux sur lesquelles je me basais aujourd’hui, bien qu’intérieurement, ils me faisaient toujours un peu mal. Mon enfance avait été joyeuse et je n’avais jamais manqué de rien. Je me rappelais toujours de ces soirées assise devant la télévision, entre mon grand frère et son – mon – meilleur ami, à manger du pop-corn dans un saladier qui était deux fois plus large que moi, à regarder un film sur lequel je m’endormais après seulement une demi-heure. Je me rappelais également de ces nuits en pyjama pendant lesquelles nous n’arrêtions pas de parler et lors des quelles je m’endormais, blottie dans les bras de mon frère, coincée entre ce dernier et le grand brun qui était encore aujourd’hui mon frère de cœur. Nous avions traversés des épreuves ensemble qui m’avaient parues insurmontables à l’époque, comme la disparition soudaine de Lyam, et les retrouvailles qui s’étaient faites chaleureuses et éprouvantes. Malheureusement, tout ça, je l’avais perdu. J’aurais été égoïste de dire que c’était de la faute de Lyam, ou bien encore d’Adam, ou de toute cette histoire de cercle, même si je savais très bien que si mon meilleur ami n’aurait jamais été embarqué dans cette histoire, je n’aurais jamais perdu d’un seul coup, en une seule semaine, les deux hommes qui comptaient le plus dans ma vie. Deux ans de brume, deux ans pendant lesquels je n’avais été qu’une carcasse, les restant d’une September blessée par l’abandon de deux être chers… Jusqu’à cet heureux matin.

    J’avais beau dire que l’entrée de Lyam dans le cercle était la cause de tout le malheur qui s’était déclenché il y avait de cela trois ans, mais c’était également à cause de toute cette histoire, et à cause de lui – Dieu merci – que j’étais aujourd’hui entourée de 6 hommes tout aussi extraordinaires les uns que les autres. J’imagine que mon caractère fort m’a sans aucun doute aidé à faire ma place dans ce monde composé de testostérone, manquant un peu de délicatesse et de féminité, faille à laquelle j’avais rapidement remédié en mettant mon pied par terre. Je suppose que même après avoir été séparé pendant deux ans, Lyam avait toujours cru en moi et il avait su transmettre cette confiance qu’il avait à tous les autres. La définition de famille allait bien au-delà des liens de sang aujourd’hui et bien que j’accordais encore de l’importance à ceux avec qui j’avais passé ma vie, mon existence aujourd’hui se résumait à ce petit groupe qu’étaient les hôtes. Je vous mentirais sûrement en vous assurant que mon adaptation avait été tout ce qu’il y avait de plus facile, mais je serais tout aussi malhonnête de me plaindre sur mon cas. Certes, ce n’était pas tout les jours rose et j’avais toujours su en embarquant dans cette histoire que je ne l’aurais pas tout cru dans le bec, ou encore sur un plateau d’argent. Et même si le travail nous bouffaient tous un peu le moral, il y avait toujours ce sentiment d’accomplissement et de satisfaction qui nous réunissait à chaque fois que nous nous rassemblions après une dure journée de boulot. C’était ça une famille : accepter les différences des autres, supporter en temps de misère, et se réjouir des joies tout en s’épaulant dans les peines. Et jusqu’à présent, cette définition nous réussissait très bien.

    C’était bien rare que nous ayons du temps seuls. À chaque moment de la journée, nous pouvions être réclamé pour ci ou pour ça, et je dois vous avouer que c’était ce qui me déplaisait le plus dans ce contrat permanent estival, comparés aux autres que nous avions bien pu avoir par le passé, ceux qui ne duraient que quelques heures, pendant lesquels nous devions jouer les hôtes pour une fête mondaine, par exemple. Le job d’hôte dans cette résidence était à temps plein et lorsque je voyais mes collègues – mes amis, mes frères de cœur – se donner comme ils le faisait pour satisfaire la clientèle, je me sentais à la fois fiers d’eux, mais également mal à l’aise de ne pas pouvoir faire plus que ce que j’en faisais déjà pour les aider. Depuis mon arrivée, je me dépassais et donnait tout ce que j’avais dans mon corps frêle pour être à la hauteur du poste. J’étais consciente que j’étais privilégiée : il existait des centaines de jeunes filles sur cette terre, beaucoup plus belles et plus riches que moi, qui cadraient très bien le rôle et j’étais chanceuse qu’une banalité issue de Los Angeles comme moi ait eu droit à un tel honneur. Adam me poussait parfois et m’en mettait énormément sur les épaules. Je me plaignais, j’étais geignarde, mais je le faisais. Je ne me permettais pas de décevoir ou encore d’échouer, et à chaque fois que je me dépassais, je remerciais intérieurement ce grand brun qui m’avait pris sous son aile. Cet homme d’une bonté et d’une grâce sans pareil, dont le charisme m’étonnait encore et toujours aujourd’hui. Que ce soit dans une salle remplie de gens, ou tout simplement dans un jardin sombre et calme, à 22 heures le sois, je me sentais constamment attirée par son regard mystérieux et dès que mes yeux osaient le détailler ne serait-ce qu’une seule seconde, il m’était bien difficile de m’en détacher. Je comprenais alors tout le sens que prenaient les paroles des clientes lorsqu’elles lui faisaient des éloges et ne pouvait faire autrement que d’approuver, encore une fois en secret au plus profond de moi-même, qu’elle n’avait pas tort. Adam était un cas particulier.

      « Et bien, merci beaucoup. Décidément, t’es une fille pleine de ressources … »
      « Et pourtant, je ne le dois qu’à une seule personne. Je n’ai aucun mérite. »


    Sa main à la fois forte et délicate se tendit vers moi avec une cigarette dans les mains, me l’offrant gentiment. Geste dont je me senti bien coupable de refuser d’un simple signe de tête, bien que je ne déniais pas la bonté dans cette offre. Malheureusement, je n’étais pas prise par ce genre de trucs, surtout depuis les aveux terribles de ma mère sur la nouvelle nature de mon frère. Cigarette, drogue, alcool… Je me demandais encore comment celui que j’avais pu aimer de tout mon cœur, celui que je croyais tellement connaître, avait pu sombrer aussi facilement et aussi brutalement. Depuis ce coup de fil révélateur, je m’étais promis de ne jamais toucher à ce genre de trucs. Allez savoir pourquoi, s’il n’y aurait jamais eu ce contexte dramatique et ces mauvais souvenirs, juste parce que c’était Adam, j’aurais été en mesure d’accepter, bien que cela allait un peu contre mes valeurs. Mais ce soir… non.

      « Elles ne te l’ont pas données facile, cette journée, huh ? »


    Adam isolé de la sorte, était-ce surprenant ? Je n’en avais aucune idée. Chose certaine, je l’avais vu galérer et faire du mieux qu’il pouvait pour contenter les clientes qui semblaient s’être passé le mot aujourd’hui pour nous donner du fil à retordre. Même moi, qui d’habitude ne faisait qu’être la touche finale du portrait, et non pas l’attrait principal, avait eu beaucoup de difficulté à jouer mon rôle comme je le devais, sans avoir l’envie d’en assommer quelques unes, histoire de pouvoir donner une heure ou deux de répit au reste du cercle. Malheureusement, les choses ne fonctionnaient pas comme ça et j’avais du me plier à la routine, continuant de sourire, de charmer, sans aucune once de sarcasme. Allez savoir comment j’avais réussi… Et Adam, qui lui, ne bronchait jamais. Je l’admirais, bien plus qu’il ne le pensait. Alors que mes yeux se posèrent à nouveau sur lui, mes boucles blondes volant légèrement dans mon visage avec la brise fraîche, je le vis retirer sa veste et la poser avec une délicatesse déstabilisante sur mes épaules. Mon regard se troubla quelques secondes, ne comprenant aucunement la source de son geste, mais se fit chaleureux en l’espace de quelques secondes, le remerciant d’un sourire délicat.

      « Dois-je me considérer chanceuse ? Ce n’est pas tous les jours qu’Adam James Hunter offre sa veste à une cliente… qui plus est, je n’en suis même pas une. »


oh tu me rend folle x)
j'adore ton style d'écriture ><
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Adam J. Hunter
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMar 30 Juin - 13:40

[ HS : Ah bon ? Merci du compliment, c’est très gentil en tout cas ! Et le mieux, c’est que j’allais te dire la même chose ; j’aime bien les images que tu utilises pour tes descriptions, je trouve que ça donne un texte plein de poésie !]

Finalement, si Adam, September, et chacun des autres membres du Cercle - sans qui les autres ne seraient rien – se démenait de longues heures durant pour apporter une satisfaction pleine et entière à leur clientèle, c’était pour cela ; ces quelques moments précieux pendant lesquels ils se retrouvaient, le soir ou durant une pause improvisée, ces moments qui concrétisaient par quelques mots apparemment ordinaires une multitude incroyable d’efforts, de « bonjour » forcés destinés à des vacancières peu aimables, de temps passé à assouvir les volontés impériales des jeunes femmes en quête de bonheur. C’était le soir d’une journée ensoleillée, à la lumière nacrée de la Lune, ou bien le matin d’un jour pluvieux, devant la clarté réconfortante d’un feu de cheminée. Eux, des membres de ce qui s’était avéré être un pari gagnant et un projet à succès, se retrouvaient enfin, et avait l’immense bonheur de lire dans les yeux de l’autre cette amitié teintée d’admiration, cette loyauté embellie d’enthousiasme, c’est-à-dire une foule de sentiments sincères et réciproques. Hélas, ces instants éphémères de répit, ces secondes qui donnaient à elles seules un avant-goût de l’éternité, rappelaient bien vite aux hôtes leur mission, si difficile soit-elle, et s’achevaient par la demande polie mais impérative d’une vacancière, par la voix de l’une d’entre elle au travers d’un portable, ou par tout autre moyen qu’elles avaient à leur disposition pour rappeler qui était roi ici.
Adam suivit du regard les courbes gracieuses qu’observaient les boucles dorées de la jeune femme près de lui, puis s’attarda quelques instants sur ses yeux. Le reflet de l’âme. Déjà la première fois que le jeune homme avait aperçu la silhouette longiligne de September, il s’était attardé sur ses yeux azurs, dans lequel il avait immédiatement perçu cette étincelle d’une intelligence des choses abstraites, cette volonté de réussir là où tant d’autres avaient échoués, cette impétuosité modérée par une sensibilité et un charme sans pareil. Le genre de regard dans lequel Adam avait l’envie irrésistible de se plonger, envoûté par l’ardeur de ses pupilles et la candeur de ses iris. Et puis, ce que laissait vaguement présager ce regard enchanteur s’était confirmé au centuple par la suite, car la demoiselle s’était montrée efficace et discrète. Pas le genre de personne à parler sans agir ensuite, au contraire. Elle possédait ce don d’empathie, cette sorte de compassion dénuée de toute pitié, mais anoblie par l’acharnement qu’elle mettait à soulager les autres. Qui aurait pût croire que ces épaules là, dorénavant recouvertes par la veste d’Adam, pouvaient soutenir un tel poids, une telle pression.

Et pourtant, je ne le dois qu’à une seule personne. Je n’ai aucun mérite.
“ Toi ? Aucun mérite ? Tu ne te rends pas compte de ta valeur, September. Ce que tu as, tu ne le dois qu’a toi-même. Cet empire, tu l’as bati de tes propres mains, comme chacun de nous – si ce n’est plus, parce qu’après tout cela n’a pas dû être facile tous les jours, n’est-ce-pas ?”

Adam ne comprenait pas pourquoi une jeune femme qui avait autant de mérite pouvait se rabaisser de la sorte. Sincèrement, il l’admirait. Il l’admirait pour son assiduité, son courage, sa détermination. Il l’admirait, parce qu’il savait que lui-même ne se donnait pas autant qu’elle. Il l’admirait parce qu’elle ne se plaignait pas, elle, des vacancières insatiables et exigeantes. September inclina furtivement la tête, pour décliner sa cigarette. D’ailleurs, Adam aurait dû savoir, se souvenir qu’elle ne fumait pas. Il aurait dû se le rappeler. C’était un peu son rôle aussi, d’entretenir la cohésion au sein du groupe ! A croire que les désastres accumulés dans la journée se prolongeaient même dans les allées labyrinthiques du jardin de la résidence. Lui, avait commencé trois ans auparavant. La première acceptée au bar du coin, puis les autres s’étaient enchaînées à un rythme régulier, mais relativement faible. Il n’aimait pas entendre le mot d’addiction rattaché à sa personne, tout simplement parce qu’il pensait ne pas être devenu dépendant. C’était juste un moyen qu’il avait trouvé pour décompresser, sans empiéter sur son temps de travail. Un compensation au stress qu’il emmagasinait la journée, entre les demandes, les appels, et tout le reste.

Elles ne te l’ont pas données facile, cette journée, huh ?
« Non, c’est sûr, c’est le moins que l’on puisse dire. Toujours à geindre et à se plaindre et à vouloir quelque chose d’inaccessible. Franchement, je t’admire. Je sais pas comment tu as résisté à la tentation de leur dire leurs quatre vérités. Tu te surpasses de jour en jour ! »

Quelques volutes de fumées se dispersèrent parmi le brouillard naissant. Non, effectivement, Adam n’était pas du genre à offrir sa veste à une cliente. Même s’il était prêt à beaucoup de chose pour satisfaire une cliente, il se refusait catégoriquement à entretenir une liaison avec l’une d’elle. Bien sûr, au tout début, cela ne lui avait pas déplu, mais il était arrivé à une certaine maturité d’esprit – au moins dans ce domaine là – qui lui avait fait prendre conscience que les relations là étaient vouées à un échec cuisant et douloureux. C’était un subtil mélange de résignation et de lassitude vis-à-vis de certaines clientes qui, en fin de compte, ne perdait pas une occasion de le rabaisser.

Dois-je me considérer chanceuse ? Ce n’est pas tous les jours qu’Adam James Hunter offre sa veste à une cliente… qui plus est, je n’en suis même pas une.
« Non, rassure-toi, la chance n’a rien à voir là-dedans. Et bien sûr, que tu n’es pas une cliente ! Heureusement d’ailleurs – quoique j’aurais adoré tenir le rôle de l’hôte sensé t’accueillir. Non, sincèrement, t’es peut-être pas une cliente, mais tu es beaucoup plus que ça. »

Son regard ne la quittait pas un seul instant, s'attardant successivement sur chacune des parties qui composait son charmant visage, bien que l’opération ait été rendue difficile par les ténèbres environnantes.
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September E. Hans
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMer 1 Juil - 3:49

    « Oh non, les temps n’étaient pas toujours facile et encore aujourd’hui, je me demandais comment j’avais fait pour ne pas craquer en dessous de toute cette pression. Il y avait, en effet, cette difficulté à être la seule fille parmi un groupe d’homme dont la vocation première est de divertir une clientèle très prisée de gens qui consiste généralement à être formée majoritairement de dames. Bien sûr, lors de toutes ces fêtes pendant lesquelles nous avions eu le contrat de veiller à ce que les invités ne manquent de rien et qu’ils ne s’ennuient pas, il y avait eu plusieurs hommes, mais peu d’entre eux s’approchaient de nous, considérant tout ce qu’était le cercle d’hôtes. Je comprenais parfaitement après tout et je ne les blâmais pas, mais j’avais du m’adapter à ce que j’appelais mon rôle de plan. Aujourd’hui, j’étais très bien avec ce que j’avais, et maintenant que je jetais un coup d’œil derrière moi, je réalisais à quel point j’avais de la chance d’être avec le cercle depuis maintenant un an. Il y avait des luxes que je ne me serais sans aucun doute jamais permis si je n’avais pas intégré le groupe, mais par-dessus tout ça, il y avait l’expérience humaine que j’avais gagnée. Certes, si tout n’était pas toujours rose, après la pluie venait le beau temps, comme le voulait l’expression populaire. Et je chérissais ces moments pendant lesquels nous étions réunis tous les sept, après un soirée à travailler comme des fous, rigolant des petits accrochages et des bêtises que la soirée avait comportée, s’épaulant les uns les autres, se foutant bien des différences qui nous éloignaient, les prenant plutôt comme une raison de nous rapprocher. Car pour être différents, nous l’étions tous et nous formions un groupe haut en couleur, mais la beauté de l’union des hôtes résidait bien là-dessus.

    Me retrouver seule avec Adam ce soir me laissait un sentiment intérieur très étrange. Notre relation avait toujours tenu sur le seul et unique fait que j’étais devenue à l’instant même où j’étais entrée dans le club, la petite protégée du fondateur. J’avais toujours vu en lui une personne ressource vers qui il faisait bon d’aller lorsque j’avais des conseils à demander et pendant plusieurs mois j’avais vu cette relation comme purement professionnelle. Rien à voir avec les liens que j’entretenais avec Lyam, par exemple. Aujourd’hui, je savais très bien que ma relation avec mon mentor était loin de ressembler à celle que j’avais avec mon ami d’enfance, mais elle était désormais tout aussi intense. Je voyais en Adam un château fort, une cachette secrète qui ne m’appartenait qu’à moi lorsque tout allait de travers. Il s’en faisait souvent et je le lisais dans son regard, mais je voulais lui prouver qu’il pouvait croire en moi, peu importe la situation. Il était sans aucun doute la seule raison pour laquelle je me donnais autant, sachant parfaitement à quel point le cercle lui tenait à cœur et à quel point une simple erreur pourrait tout mettre de travers. Je cherchais pratiquement la perfection et je tentais de l’appliquer lorsque je savais que son regard était posé sur moi pendant que je bossais. J’avais toujours cette impression lorsque je l’avais près de moi, mais ce soir c’était tout différent. La pression n’y était plus, je ne voulais pas paraître sans failles. Je voulais juste être, et rien d’autre. Profiter de l’instant qui nous était offert à tous les deux, bien consciente que nous n’en aurions pas le privilège à tous les jours.

      « Toi ? Aucun mérite ? Tu ne te rends pas compte de ta valeur, September. Ce que tu as, tu ne le dois qu’a toi-même. Cet empire, tu l’as bâti de tes propres mains, comme chacun de nous – si ce n’est plus, parce qu’après tout cela n’a pas dû être facile tous les jours, n’est ce pas ? »
      « Je t’accorde que tous les jours n’ont pas été aussi faciles que je ne le croyais, mais sans toi, je ne serais qu’encore une jeune fille insignifiante de LA, un peu trop perdue dans ses sentiments pour faire quoique ce soit de sa carcasse… »

    Cet humour digne des Hans allait me tuer, mais je ne pus m’empêcher de sourire, amusée moi-même par ce que je venais de dire. Malgré tout, il y avait une trace de vérité tellement présente dans ces paroles que mon affirmation me faisait pratiquement peur et je restai pendant plusieurs secondes dans un silence total. Heureusement qu’il avait été là, oh oui ! Et ce, malgré tous les moments difficiles, comme il le disait si bien. Allez, comment expliquer à des garçons que vous n’êtes pas d’humeur à rigoler parce que vous êtes tombée dans la mauvaise semaine du mois et que vous avez des maux de ventre à vous plier en deux ? Encore aujourd’hui, j’ignorais comment le leur faire savoir exactement et je ne faisais que m’isoler lorsque j’étais d’une humeur massacrante. Chose qui m’arrivait rarement, mais quand même. J’avais mes petits moments où j’étais un peu plus susceptible, comme un peu tout le monde. Ils ne duraient jamais bien longtemps par contre, puisque avec eux en ma compagnie, il était impossible de rester sur les nerfs plus que quelques minutes. Que ce soit par l’une des blagues stupides de Laury, de la répartie désarçonnante de Caleb, des attentions mignonnes de Lyam a mon égard ou encore de ce très cher Adam qui s’en faisait avec un tout et un rien lorsque je n’étais pas dans mon assiette, je retrouvais toujours très rapidement mon entrain naturel aussi vite qu’il était parti. Et la journée reprenait son bon train. Une brise se leva à nouveau et je serrai la veste d’Adam un peu plus contre moi, tentant comme je pouvais de retenir un frisson, histoire qu’il ne s’en fasse pas plus qu’il ne le faisait déjà.

      « Non, rassure-toi, la chance n’a rien à voir là-dedans. Et bien sûr, que tu n’es pas une cliente ! Heureusement d’ailleurs – quoique j’aurais adoré tenir le rôle de l’hôte sensé t’accueillir. Non, sincèrement, t’es peut-être pas une cliente, mais tu es beaucoup plus que ça. »

    Les paroles d’Adam me laissèrent sans mots encore une fois et je me trouvai bien idiote de ne pas avoir plus de répartie que ça. Et à l’instant même, je sentis une chaleur monter vers mes joues, persuadées que ces dernières devaient s’être empourprées à la vitesse de la lumière. J’espérais simplement que ce détail échapperait à mon mentor et que la noirceur du jardin m’aiderait. Malheureusement, je le savais très observateur et j’avais bien peur de paraître pour une de ces filles touchées trop rapidement pour de simples compliments qui se voulaient honnêtes et sincères. Il ne devait pas y avoir d’autres intentions derrière tout ça après tout, non ? Pas de la part d’Adam.

      « Je n’ai jamais eu d’hôtes que pour moi toute seule et je dois avouer que je suis curieuse de savoir ce que ça fait… Peut-être est-ce le temps de saisir ta chance ? »

    Et encore là, je devais remercier mes géniteurs de m’avoir donné ce don à la malice. Avec la candeur d’une gamine, je m’accordai quelques pas dans le jardin, jetant un regard à mon mentor par-dessus mon épaule, un regard qui se voulait accrocheur et invitant. C’était ce trait de ma personnalité qui trahissait le plus mon lien avec Jayden, puisque tous les deux nous avions exactement cette même étincelle dans nos yeux, nos yeux identiques, lorsqu’une idée nous passait derrière la tête. Bien sûr, je ne me voulais pas provocante, bien au contraire. Peut-être était-ce tout simplement ma propre manière de me défiler face à la sincérité et l’aise qu’Adam m’avait présenté en me complimentant comme il venait de le faire…
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMer 1 Juil - 13:48

Rétrospection. Etude de soi, étude du passé, étude – en fait – de tout ce cheminement qui l’avait conduit là, malgré les aléas imprévisibles du Destin, malgré ce sentiment qui s’était quelquefois insinué en lui pour lui rappeler de manière douloureuse que ce projet resterait sous forme de paroles jetées à tout hasard, et malgré tous les obstacles qu’ils avaient dû – tous ensemble – franchir, main dans la main comme des frères, soumis à la fatalité comme des hommes. C’était non seulement son émancipation prématurée, mais également les habitudes données par ce sang qui coulait dans ses veines – ce sang qui lui avait fait côtoyer la haute société, sans pour autant en prendre toutes les mœurs singulières – qu’avait germé dans deux esprits prolifiques cette idée du Cercle. Et puis tout s’était enchaîné à une vitesse fulgurante : le Cercle s’était agrandi, la complicité s’était accrue, construction achevée par September qui avait apporté sa pointe féminine finale. Et puis la résidence irlandaise leur avait été proposée, concrétisant la progression extrême qu’ils avaient opérée dans la haute société depuis quelques mois seulement.
Et les liens d’Adam avec chacun des membres s’étaient toujours développés d’une manière particulière. Il y avait l’ami de toute confiance ; celui qui égayait les journées par son humour caustique ; celui qui taquinait avec gentillesse ; celui qui savait se montrer charmant à toute heure de la journée ; celui qui essayait de pousser chacun à donner le meilleur de lui-même ; et puis September. Adam avait toujours été admiratif de cette particularité qu’elle avait, et qu’elle était la seule à avoir. En effet, la jeune femme passait outre toute circonstance personnelle lorsqu’il s’agissait du travail, elle mettait tout son cœur à l’ouvrage quoiqu’il advienne, avec cette sorte de ferveur embrasée que dégageait chacune des parcelles de son être. Et puis il fallait avouer qu’Adam n’avait jamais pu se résoudre à observer sur son joli minois autre chose qu’un sourire : sans même pouvoir objectivement l’expliquer, il cherchait toujours son agréable compagnie, un contact dont les mots étaient l’intermédiaire. Pourtant, là, en cet instant précis qu’Adam savourait à sa juste valeur, c’était avec une tout autre facette de la personnalité de September que le jeune homme était en contact. C’était comme deux acteurs, qui se retrouvaient le soir d’une représentation, sans leurs costumes, sans leurs maquillages, et sans leurs masques. Ils étaient là, simplement, et les mots ne venaient que renforcer ce qui passait déjà dans leurs expressions, leurs yeux, leurs gestes. Dans ses expressions, ses yeux, ses gestes.

Je t’accorde que tous les jours n’ont pas été aussi faciles que je ne le croyais, mais sans toi, je ne serais qu’encore une jeune fille insignifiante de LA, un peu trop perdue dans ses sentiments pour faire quoique ce soit de sa carcasse…
« Une carcasse, toi ?! »

Adam ne put réprimer un sourire, à la remarque pleine de cynisme de September.

« C’est là que tu te trompes. Tu aurais saisi ta chance autrement, et tu aurais tout autant réussi à mettre en avant tes qualités ! Le succès, c’est ce que tu as fait des opportunités qui t’étaient offertes. Si j’ai pu t’aider, tant mieux. Mais je n’ai – au mieux – que contribué à ce que tu es devenue. »

Ce qu’elle était devenue. Une jeune femme qui avait prouvé son talent à chacun, qui s’était imposée par un charisme et une intelligence naturelle remarquable, comme le ferait une belle plante stimulée par le Soleil italien de plomb. Bien sûr, elle vivait – comme chacun – des moments plus difficiles, pénibles, mais qui pouvait se vanter d’être infaillible ? L’erreur est humaine, comme dit l’adage. Quoique, tout bien considéré, les erreurs de September étaient si exceptionnelles – pour ne pas dire inexistantes – qu’on aurait pût croire que se cachait sous ce nom attrayant une divinité dénuée de toute marge de divagation.
Adam détourna son regard de la jeune femme, incapable de soutenir ces yeux qui le dévisageaient. Les images se bousculaient dans sa tête avec une rapidité déconcertante, et le flot de ses pensées était à présent totalement inextricable. Il ne devait pas, il ne pouvait pas perdre le contrôle. Pas lui. Pas maintenant. Pas de cette manière. C’était ce que sa raison lui murmurait à l’oreille. Sa raison. Mais la voix de son cœur prenait petit à petit le pas et devenait plus forte, tel un écho dans la nuit. Il ferma ses yeux quelques instants, ne les rouvrant que lorsque la voix féminine harmonieuse raisonna dans la nuit plongeante.

Je n’ai jamais eu d’hôtes que pour moi toute seule et je dois avouer que je suis curieuse de savoir ce que ça fait… Peut-être est-ce le temps de saisir ta chance ?

Son regard suivit la trajectoire des pas légers de September. Il soutenait à nouveau son regard. Il fit deux pas en direction de la jeune femme. Deux longues enjambées. Et pourtant, il était encore bien loin de sa silhouette élancée.

“ Très bien. Mais si je suis à ton service, c’est bien pour réaliser tes désirs, non ? Alors, que se passe-t-il dans l’esprit de cette chère September ?”

A son sourire esquissé se mêla un regard emprunt de curiosité.
September, sa protégée ...
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMer 1 Juil - 18:36

    « Sous ses apparences, je voyais le cercle comme beaucoup plus qu’un simple groupe qui donnait corps et esprit pour divertir la clientèle à laquelle il avait affaire. Autant au départ, lorsque je reçus ce fameux appel de Lyam, j’avais douté sur ce que pouvait vraiment représenter un tel groupe, qu’aujourd’hui, j’en comprenais les buts et toute la subtilité que l’art de divertir représentait pour chacun de ses membres. Mais la complexité du cercle ne résidait pas en son travail, mais bien en ses membres, qui le colorait chacun à leur manière, lui ajoutant une touche plus humaine, plus personnelle que ne l’aurait été un simple groupe de collègues. Nous étions tous très différents, autant d’apparence que de personnalité. Je ne faisais que comparer Lawrence et Lyam, par exemple, et les différences entre eux étaient flagrantes. Lyam était calme et posé, ne parlait pas souvent et se tenait à la limite de la timidité. Et pourtant, il était un artiste hors pair, un homme rempli de sagesse et d’une maturité que peu pouvaient égaler. Il n’était pas le plus beau, ni le plus charismatique, mais il avait ce je-ne-sais-quoi qui le rendait si exceptionnel aux yeux des autres. Lawrence était bien tout le contraire : d’un physique plus que plaisant à regarder, il était blagueur et boute-en-train, un peu énervant parfois, mais bien charmant. Le premier à vous faire rire lorsque vous en aviez besoin. Et si on regardait Caleb ? Qui aurait pu croire que derrière ses airs de grand ténébreux se cachait quelqu’un d’aussi aimable ? Et Adam… Je n’osais même pas m’avancer sur le sujet, je savais que je risquais de m’y perdre complètement. Mais eux, les autres, pouvaient-ils vraiment le voir ça ? Mon point de vue était intérieur et c’était bien à cause de tout ça que je voyais la beauté qui résidait en chacun de ces hommes, et je me désolais de savoir que plusieurs de nos clients ne savaient pas regarder par-dessus les apparences, histoire de découvrir beaucoup plus que 7 enfants de riches qui ne savaient rien faire de mieux que de servir le thé aux demoiselles avec des manières charmantes mais dépassées dans notre univers moderne. Et si je n’aurais jamais intégré le club, qu’en aurais-je pensé, moi ? Cette pensée me faisait peur et je la rebutais depuis bien longtemps.

      « Une carcasse, toi ?! »

    Le sourire d’Adam fut contagieux et je ne pus m’empêcher de le lui rendre, rigolant légèrement. J’aimais de plus en plus l’ambiance légère qui se faisait ressentir entre nous. Rien à voir avec la pression constante de notre travail et l’ambiance dans laquelle nous nous cotoyons la plupart du temps. J’aurais pu très facilement me plaire à ce genre de moments passés avec lui. Malheureusement, je savais très bien que ce n’était qu’éphémère.

      « C’est là que tu te trompes. Tu aurais saisi ta chance autrement, et tu aurais tout autant réussi à mettre en avant tes qualités ! Le succès, c’est ce que tu as fait des opportunités qui t’étaient offertes. Si j’ai pu t’aider, tant mieux. Mais je n’ai – au mieux – que contribué à ce que tu es devenue. »
      « Mon pauvre Adam, ta modestie te perdra un jour. »

    Et seulement si tu savais. Enfin, je ne voulais pas nécessairement penser à ce qui aurait été de moi si je n’avais jamais eu la chance d’entrer dans le cercle d’hôtes. Toutes ces connaissances, ces chances que j’eus de voyager, de faire des rencontres intéressantes, d’élargir mes horizons et de me découvrir moi-même, m’apprendre à me connaître encore plus que je ne le pensais possible. J’avais toujours pensé que je ne serais rien sans mon frère, sans Lyam, et j’étais bien fière de prouver aujourd’hui que j’étais en mesure de me fier que sur moi-même, bien que mon meilleur ami était toujours dans le décor. J’étais fière, mais je me sentais tellement coupable d’oser penser une telle chose face aux deux hommes qui avaient été les plus importants de toute ma jeunesse. Coupable envers mon frère, qui avait tout donné pour moi, mais qui m’avait tout fait perdre en même temps. Je n’arrivais pas à lui en vouloir, malgré tout ce que j’avais bien pu ressentir suite à son départ improvisé. J’en étais incapable puisque je réalisais aujourd’hui qu’il en était sorti beaucoup plus blessé que je ne l’étais moi-même. J’avais eu la chance de trouver en chacun des hôtes des bras pour me rattraper si je venais à tomber. Soupirant légèrement, je chassai rapidement ces idées de ma tête. J’avais tendance à m’en faire pour rien et oublier que mes amis pouvaient très bien s’en sortir même si je n’étais pas à leurs coté pour les aider…

    Je ne m’étais certainement pas attendue à recevoir autant d’éloges et de compliments de la part de mon mentor en allant tout simplement lui rendre son briquet ce soir. Autant restais-je surprise de ce retournement soudain de situation que je ne pus m’empêcher qu’il en resterait stupide de perdre mes moyens pour une raison aussi simple. Il était normal, entre nous, après tout, de s’encourager, non ? Alors expliquez-moi pourquoi tout cela m’avait fait réagir comme une pauvre adolescente qui perd totalement le contrôle. J’avais cru pendant longtemps avoir dépassé ce stade, mais je me retrouvais face à une réalité totalement différente ce soir qui me laissait, c’était le cas de le dire, sans mots. Je ne savais plus du tout comment agir, ni quoi dire pour ne pas donner l’impression que j’étais plus touchée qu’il ne le fallait par les compliments du grand brun et le seul moyen qui me vint en tête fut de fuir. Non pas physiquement, mais bien d’une toute autre manière, cette façon subtile de détourner le sujet sans pour autant s’en écarter et attirer des soupçons. Ainsi, je m’éloignai légèrement d’Adam, laissant flotter dans l’air une proposition subtile, mais claire à la fois.

      ▬ « Très bien. Mais si je suis à ton service, c’est bien pour réaliser tes désirs, non ? Alors, que se passe-t-il dans l’esprit de cette chère September ? »

    Je fus plus que ravie d’entendre ses pas derrière moi, encore plus sa voix, lorsque je réalisai qu’il avait bel et bien saisit ce que je sous-entendais dans mes paroles. Un sourire se dessina alors sur mon visage, un sourire que je ne réservai qu’à moi-même, avant de lui faire face à nouveau, me rapprochant de lui pour retrouver cette distance proche mais à la fois confortable entre nous deux. Je lui adressai une expression à la fois sincère, marquée par cette même pointe de malice dans mes yeux, comme si je n’en avais pas terminé avec lui de si tôt. Serais-je une cliente exigeante ? Je n’en avais aucune idée. J’avais de la difficulté à m’imaginer dans ce rôle et je me demandai alors où toutes ces dames trouvaient-elles l’aise de faire appel à un hôte sans en être intimidée. Étais-je intimidée par Adam ? Voyons, qu’est-ce que vous racontez. Mon Adam, ce jeune homme si charmant que je considérais pratiquement comme un grand frère… Mais pourquoi avais-je alors l’impression que rien n’était pareil ce soir ? Avais-je le droit de me le permettre ? Autant ne rien laisser paraître, ce qui serait une tâche difficile puisque j’étais pratiquement un livre ouvert pour n’importe qui.

      « Hum… Je veux en savoir plus sur Adam… pas l’hôte, tu vois ? Qui est vraiment celui qui se cache derrière le fondateur du très réputé cercle d’hôtes ? »

    Ce fut la première idée qui me passa par la tête, une idée folle, mais une question qui me trottait dans la tête depuis la première fois que je l’avais vu. Je me permis de le taquiner légèrement, laissant mon index effleurer le bout de son nez, comme une caresse provocante, mais un geste d’une affection sans pareil, ajoutée à un brin d’amusement que ma jeunesse et mon innocence me permettait encore de montrer. Lui adressant un sourire plus marqué, je pris délicatement son bras, l’entraînant avec moi vers une fontaine non loin de la place où nous nous tenions, considérant que s’asseoir à cet endroit pour discuter était bien plus approprié que de rester debout dans une des nombreuses allées pavées du jardin.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMer 1 Juil - 23:25

Que serait-il advenu si les membres du Cercle n’en avait pas été ?
Adam avait déjà amené sa réflexion sur cette piste glissante, sans trouver de réponse intellectuellement satisfaisante cependant, tant le groupe d’hôte était désormais inscrit dans sa chaire, dans son esprit, dans chacun des gestes qu’il esquissait et dans chacun des mots qu’il prononçait chaque jour.
Peut-être – et il redoutait cette hypothèse pourtant plausible – qu’il serait devenu comme son géniteur : un homme riche, bedonnant, trop fière de son succès pour tolérer la moindre critique, et surtout une loque au plan familial, renié par son propre fils et malmené par sa mère. Non, en fait, cette hypothèse n’était pas vraisemblable. D’une part, Adam n’avait pas de mère. D’autre part, il avait trop de fois gravé sur des pages vierges à quel point il haïssait son père, pour emprunter maintenant la même voie de déréliction et de pusillanimité.
Peut-être aurait-il déjà renié son patrimoine, renié ses valeurs qu’il pensait illusoires stériles : il serait devenu ce genre d’homme que l’on croise quelquefois au détour d’un chemin, pensif et solitaire, errant sans but à la recherche d’un bonheur éthéré et trop souvent idéalisé pour pouvoir être atteint. Une sorte de stoïcien, un peu poète à ses heures, et mis au banc de la société pour ses idées subversives. Peut-être, sauf que le jeune homme n’avait vraiment aucun don particulier pour la poésie, et que sa vision du bonheur avait arrêté d’être idéalisée, à partir du moment où il avait compris que le profit est la maîtresse clé du bonheur pour la quasi-totalité de la population.
Mais aurait-il vraiment été, sans le Cercle ? N’aurait-il pas sombré dans un abîme, parce que le soutien d’amis, de vrais amis, lui manquait ? N’aurait-il pas vécu une lente et douloureuse descente aux Enfers, loin de ceux qui finalement avaient fait de toute pièce son bonheur ? Sans cette mosaïque incroyablement diverse et invraisemblablement soudée d’amis, de coups de cœur, de complices – qui seraient-ils tous devenus, semés plutôt que rassemblés dans ce désert hostile d’un futur aléatoire ?
Et pourtant, ces vacancières totalement déconnectées de ce monde dans lequel elle évoluait, ne prenait pas en considération ce cheminement personnel et collectif qui avait fait que l’hôte – celui qui les accueillait avec une bonne humeur remarquable et toujours égale - était là, devant elles, un sourire aux lèvres et une bonne idée à proposer dans la tête.

Adam savourait ce moment avec une joie indicible, teintée cependant d’une sorte d’amertume inexprimable : il aurait voulu que ce moment s’éternise encore et encore, qu’ils restent ainsi jusqu’à être totalement cachés dans les profondeurs de la nuit, leurs murmures incessants étant les seuls indices tangibles de leur présence. Il aurait voulu lui parler, la regarder, lui expliquer, jusqu’à ce que l’aube seulement lui rappelle que ce rêve éveillé qu’il venait de vivre était bel et bien réel. Il aurait voulu pouvoir contenir le temps dans la paume de sa main, jusqu’à ce qu’il cesse totalement son cours, jusqu’à ce que chaque minute devienne une éternité.

Mon pauvre Adam, ta modestie te perdra un jour.

Et c’était elle qui disait cela ? Elle, qui jamais ne se vantait des mérites qui pourtant lui revenaient de droit. Elle, qui jamais ne reconnaissait l’excellence du travail qu’elle avait accompli. Elle, qui cherchait perpétuellement une perfection déjà atteinte.
En fait, même si Adam tentait de le dissimuler sous un sourire qu’il avait appris à arborer lorsque les circonstances l’exigeaient, il était dangereusement surpris de la tournure que prenaient les choses. Et lui qui était venu là simplement dans le but de calmer ses nerfs après la rencontre de vacancières peu aimables ! Sa colère passagère avait laissé place à une multitude de sentiments qu’il n’aurait pu décrire, mais qui croissaient au fur et à mesure que la soirée avançait. Au fur et à mesure que ses yeux se posaient sur l’alignement parfait de ses dents. Au fur et à mesure que son regard hypnotisé se fixait sur les boucles qui encadraient son charmant visage.
Il aurait voulu savoir ce qu’elle pensait, lire dans son regard mais cette opération maintes fois entreprise se soldait toujours par un échec. Après tout, comment aurait-il pu déchiffrer un regard, alors que ses propres pensées se brouillaient avec une telle intensité ? Il avait l’impression de découvrir ce qu’il pensait déjà connaître.
September était son inconnue.

Il constata avec une sorte de soulagement mal dissimulé la pas que fit la jeune femme, en réduisant l'écart qui les avait tantôt séparé. Finalement, il baissa son regard. Il ne voulait pas que ses yeux le trahissent. Il ne pouvait pas vouloir que ses yeux le trahissent. Cette nouvelle facette de la personnalité de la jeune femme le déstabilisait. September. Celle avec qui il s’était toujours montré si sûr de lui, si protecteur. Protecteur, certes, mais possessif aussi – bien qu’il avait toujours plus ou moins caché cet aspect là …

Hum… Je veux en savoir plus sur Adam… pas l’hôte, tu vois ? Qui est vraiment celui qui se cache derrière le fondateur du très réputé cercle d’hôtes ?
« Moi ? Euh … J’crois que si tu savais vraiment qui j’étais, tu pourrais être déçue – quoique je ne sais pas encore très bien l’opinion que tu as de moi, mais j’ose espérer qu’elle n’est pas trop mauvaise. J’veux dire … Je n’suis pas quelqu’un de particulier, qui mérite plus qu’un autre de retenir l’attention. Je suis juste Adam James Hunter ... »

Sa courtoisie et sa crainte de gêner September le retint d’ajouter que sa seule particularité en cet instant était la jeune femme en face de lui. La jeune femme qui, d’ailleurs, effleura le nez d’Adam d’un geste gracieux de sa main. Ce dernier arqua un sourcil, en lui jetant un regard à la fois emprunt de malice et de complicité ; et son sourire se vivifia imperceptiblement. Puis ils se dirigèrent tous deux vers la fontaine. Choix très judicieux, qu’il regretta un instant de ne pas avoir eu en premier. Cet endroit pittoresque était en effet beaucoup plus agréable, et enclin à accueillir des discussions nocturnes.

« Et j’espère que tu ne comptes par maintenir la totalité du mystère autour de toi … Tu me laisseras bien découvrir, ne serait-ce qu’une infime partie de Mademoiselle September, outre cette hôtesse attentive qu’elle se révèle être chaque jour ? »

Son regard se posa à nouveau sur elle. Sur chacun des traits de son visage. Sans qu'il ne s'en soit rendu véritablement compte, Adam avait un tic nerveux dont - à force - il avait fait abstraction : sa mâchoire se serrait et se déserrait à un rythme assez soutenu et régulier.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyVen 3 Juil - 2:34

    « Le cercle avait été dans mon cas une espèce de bouée de sauvetage qui m’avait sortie d’une abîme à laquelle je m’étais condamnée dès que j’avais vu mon frère m’abandonner seule à Los Angeles, prise avec une réalité, sans personne pour me rattraper en cas de chute. J’avais longtemps eu peur, d’à peu près tout ce qui m’entourait. Je n’avais plus rien, plus personne à mes cotés, j’avais oublié de faire confiance, je me l’étais interdit, ne voulant pas être blessée à nouveau. Mes parents s’étaient fait un sang d’encre pour moi et même si je savais tout le tort que j’avais bien pu leur faire, je n’avais jamais trouvé la force de m’accrocher à quoique ce soit qui aurait pu me faire oublier le départ de Lyam et de mon frère à la fois. C’était toujours un peu souffrant de penser, aujourd’hui, à quel point j’avais été vulnérable pendant deux années, comme une cicatrice qui n’avait jamais réussir à totalement se refermée.
    Je ne voulais pas nécessairement renier ce que j’avais été toutefois, avant d’entrer dans le cercle d’hôtes. Cet univers était bien différent de celui dans lequel j’avais grandi et je crois que c’était ces aspects étrangers qui me déstabilisaient toujours un peu, même aujourd’hui. Bien sûr, j’avais trouvé le moyen avec le temps de me mettre dans un semblant d’aise, mais restait tout de même que je savais très bien que ce milieu n’était pas du tout celui duquel j’étais issue. J’avais grandie dans une famille modeste, sans aucun revenu extraordinaire, qui vivait avec juste assez pour être heureux. Les biens matériels, la gloire, les belles maisons et les voitures de luxes n’avaient jamais fait partie de mes rêves parce que mes parents m’avaient toujours appris à regarder bien au-delà des apparences. Dans un sens, c’était aussi ce qui me sauvait de ce monde aristocratique. Autant avais-je pu penser que ma place n’était pas dans ce cercle, que je n’avais rien à voir avec le monde dans lequel ils avaient grandit, que j’avais découvert bien des qualités derrière ces grands hommes, ces fils qui seraient sans aucun doute la prochaine génération à prendre la tête de notre société. À la fin, j’étais venue à la conclusion que nous nous ressemblions tous, chacun ayant ses forces et ses faiblesses, chacun dépendant de l’autre, comme si nous étions tous les pièces d’un puzzle, auquel il ne devait manquer aucune pièce pour qu’on puisse réellement en saisir le dessin. Et c’était bel et bien lorsque nous jetions un coup d’œil bien au-delà des apparences que nous pouvions saisir tout le sens du cercle d’hôtes et la signification qu’il avait pour chacun de ses membres. Chose que je n’avais pas su faire dans les premiers jours, mais qui m’avait frappé tellement fort qu’aujourd’hui, je ne pouvais plus m’empêcher de regarder mes collègues avec cette pensée en tête. J’étais toujours intriguée de savoir ce qu’ils seraient devenus sans cette histoire, sans les hôtes. Je ne les connaissais pas beaucoup, quelques parcelles de leurs histoires pour les moments où nous étions ensemble et que nous avions le temps de discuter, mais je savais qu’il y avait encore beaucoup de parties de leurs personnalités et de leurs vies qui m’échappaient et que je n’étais pas en mesure de réellement les comprendre encore. Même Lyam me paraissait un autre maintenant que je le découvrais dans un tel contexte, celui dont le visage ne m’avait jamais quitté depuis ma naissance… et pourtant. Un jour peut-être, et j’appréhendait ce moment, plus que n’importe quel autre.

    C’était bien tout ça, ces pensées, ces réalisations, qui me faisaient vraiment prendre conscience de toute l’importance du moment présent. Être avec Adam avait toujours été un plaisir pour moi, que ce soit dans le cadre professionnel du cercle ou tout simplement pendant les nombreuses réunions puisqu’il était toujours pleins de ressources, comme une source d’inspiration inépuisable, un modèle à suivre dont je ne pouvais me lasser. Et même si je l’observais depuis maintenant un an, j’avais toujours l’impression qu’il me restait bien des subtilités à saisir en ce qui attrayait au rôle d’hôtesse et qu’Adam ne m’avait sans aucun doute apprit qu’une infime partie de tout son savoir. Ma passion pour mon nouveau rôle restait dans ma soif d’apprendre et mon goût de me dépasser tous les jours. Malheureusement, je n’avais jamais vraiment eu la chance de le côtoyer en tant qu’autre chose qu’une simple collègue et ce soir, je pouvais enfin saisir ma chance. Chance que je ne laisserais jamais défiler, que je me refusais de laisser couler entre mes doigts. Parce qu’il y avait bien par-dessus le Adam que je connaissais, celui que je voulais connaître, cette facette de cette personnalité qui n’incluait aucunement l’hôte qu’il était, celui qui se cachait derrière ses sourires charmeurs, celui qui m’intriguait plus que n’importe quel autre. Et comme si ce n’était pas assez, vinrent se mêler à ma curiosité des sentiments jusqu’à aujourd’hui inconnus par ma petite personnes, des émotions qui me guidaient non pas à tout simplement faire la conversation avec Adam par politesse, mais bien à rester avec lui parce que je n’avais plus envie d’être nulle part ailleurs maintenant, même si une demi-heure plus tôt, je cherchais à trouver le confort de mon lit pour une bonne nuit de sommeil bien méritée après une journée de travail épuisante. L’heure du coucher pouvait maintenant être retardée de plusieurs minutes, de plusieurs heures s’il le fallait, parce que ma chambre ne me semblait plus du tout être l’endroit dans lequel je me sentirais le mieux à présent.

      « Moi ? Euh … J’crois que si tu savais vraiment qui j’étais, tu pourrais être déçue – quoique je ne sais pas encore très bien l’opinion que tu as de moi, mais j’ose espérer qu’elle n’est pas trop mauvaise. J’veux dire … Je n’suis pas quelqu’un de particulier, qui mérite plus qu’un autre de retenir l’attention. Je suis juste Adam James Hunter ... »
      « Comment mon opinion de toi pourrait être mauvaise, Adam ? Depuis mon premier jour en tant qu’hôtesse, je t’ai toujours voué une admiration sans pareil. Je crois que ma plus grande déception dans toute cette histoire est de t’avoir tout d’abord connu comme collègue, comme hôte, puisque celui qui se cache derrière tous ces masques professionnels est sans aucun doute celui qui me tarde le plus de découvrir. Si tu savais comment j’envie Isaac des fois, d’être celui qui te comprend le plus dans tout ça, d’être celui dont tu es le plus proche, car j’aimerais tellement être aussi là pour toi que tu ne l’es pour moi. Je n’ai jamais l’impression de te rendre la pareille. »

    Mon petit doigt m’avait dit qu’il répondrait encore de cette même manière, charmant et modeste, de ce ton qu’il employait constamment en ma compagnie, ce ton rassurant et chaleureux que j’appréciais, mais qui malheureusement n’arrivait jamais à satisfaire ma curiosité. Un sourire se dessina sur mon visage alors que mes yeux se posèrent sur l’horizon bien restreint à cause de la végétation, l’azur de mes yeux perdus sur un point invisible, alors que je lui confiai bien malgré moi ce qui me trottais dans la tête. Il n’y avait rien de lourd, que des paroles sincères et empreintes d’une vérité qui aurait pu faire fuir bien des gens, mais je n’avais pas peur. Je savais qu’Adam lui, ne serait pas effrayé par ma franchise hors du commun que je devais malheureusement à mon caractère un peu trop fort, celui que j’étais habituée de montrer pour m’imposer et me faire entendre, celui que j’avais utilisé pour faire ma place, celui qui m’avait permis de me rendre aussi loin que je ne l’étais maintenant.

      « Et j’espère que tu ne comptes par maintenir la totalité du mystère autour de toi … Tu me laisseras bien découvrir, ne serait-ce qu’une infime partie de Mademoiselle September, outre cette hôtesse attentive qu’elle se révèle être chaque jour ? »
      « Bien sur, sans l’ombre d’un doute. Un jour… Ce jour où tu ne seras qu’Adam et que je ne serai que September, tu comprends ? Et non pas, le fameux fondateur du cercle d’hôtes et son apprentie. »

    Assise sur le rebord de la fontaine, je relevai mes yeux sur le grand brun à coté de moi, toujours accrochée à son bras, doucement sans n’employer aucune force, lui souriant légèrement. Mon regard croisa le sien et j’eus alors l’impression que mes joues prenaient feu, réaction que j’ignorai encore une fois, me concentrant à examiner minutieusement chacune des parties de son visage comme s’il s’agissait d’un tableau fraîchement peint que je venais de découvrir, comme si je cherchais la faille dans cette image trop parfaite, mais dont je ne pouvais me détacher. Et c’est là que je la trouvai, aussi subtile soit-elle, mais pas assez discrète pour échapper aux yeux attentifs et observateurs d’une femme. Sa mâchoire se serrait et se desserrait constamment, comme s’il suivait une musique que personne ne pouvait entendre sauf lui. Ce tic transforma mon sourire en un beaucoup plus amusé et un de mes bras lâcha le sien, permettant à ma main d’aller caresser sa joue exactement à l’endroit même où la contraction de ses muscles apparaissait.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyVen 3 Juil - 22:07


Adam avait éprouvé quelques difficultés – au début tout du moins – à être répertorié aux côtés de ces gens qui ne juraient que par l’argent, ne considérait comme valeur que celle de l’or, et privilégiaient davantage le cours de la bourse que l’anniversaire du petit dernier. Il ne se considérait comme appartenant à ce groupe, encore moins comme adhérant à leurs valeurs.
C’était peut-être son seul héritage maternel, reçu pendant les rares heures passées avec elle, et permises par une largesse paternelle. Bien sûr, il ne pouvait pas nier qu’il était privilégié, que sa route avait été moins sinueuse que beaucoup d’autres – September notamment. Mais, tout comme il essayait tant qu’il le pouvait de ne pas se fier à l’opinion incertaine des autres, il ne supportait que péniblement les remarques quelquefois caustiques des vacancières, qui estimaient les membres du Cercle comme des personnes n’ayant bâti ce projet que grâce au milieu duquel ils étaient issus.

Et maintenant, il se rappelait parfaitement. Chaque détail, chaque minutieuse fraction de seconde, chaque infime sensation intérieure lui revenait à l’esprit - exactement comme s’il venait de vivre la situation – en plongeant dans le regard azur de September. Il l’avait vu pour la première fois dans un café. Un café chic, avec de gigantesques coussins rouges posés dans un désordre apparemment négligé, mais calculé au mieux pour séduire la clientèle. Un café, au milieu duquel trônait une table, à laquelle étaient assis tous les hommes composants alors le Cercle d’Hôtes. Lyam paraissait le plus nerveux, quoique chacun se demandait – avec plus ou moins d’assurance, plus ou moins de curiosité – comment le groupe fonctionnerait, lorsque September aurait été intégrée – si tant est qu’elle se montre à la hauteur. Une main délicate poussa avec dynamisme la porte à double battant qui permettait d’entrer dans les lieux, et September apparue dans l’encadrement, radieuse et arborant un sourire assuré. Adam s’était déjà levé, et la regardait fixement. « Je suis sûre qu’elle sera parfaite. ». Effectivement, chaque parcelle de sa peau respirait une certaine assurance, somme toutes assez déstabilisante, mais absolument charmante. Sa démarche triomphale. Sa retenue manifeste. La façon dont une mèche de cheveux échappée venait chatouiller le haut de sa nuque. Une multitude de détails, qui, aux yeux d’Adam, la rendait irréprochable. Impression qui se confirma quelques secondes après, lorsque tous eurent l’occasion de lui adresser quelques mots, quelques questions soigneusement choisies : elle répondait non seulement avec une justesse rigoureuse, mais donnait également l’impression que cela n’était qu’une vague formalité à laquelle elle se pliait volontiers. Parfaite. Elle et cette aura divine qui flottait imperceptiblement tout autour de son être.
Cette scène avait fait irruption dans son esprit, là et maintenant. Son esprit, qui n’avait plus qu’une image en tête. Une image, qui prenait de plus en plus d’empire sur sa raison. Une image, qu’il sentait dangereusement devenir une drogue. Le genre de tableau, élevée au fil des jours au rang d’icône infaillible. Le genre de tableau, qui gardait toujours cette part de mystère insondable : Adam avait cette curiosité insatiable, qui le poussait inéluctablement à découvrir la véritable personne qui se cachait, derrière cet air irrésistiblement captivant, derrière ce visage angélique, derrière ce caractère admirablement humain. Il ne souhaitait désormais que rendre infini ces instants précieux, ces moments rares et d’une valeur inestimable qu’il passait de la meilleure façon qui soit, aux côtés de la personne la plus charmante qu’il existait. Il était bien, il était lui-même, et il était avec elle. Ce n’était pas un compte-rendu professionnel d’une journée riche en émotion, c’était une discussion où chacun prenait simplement le temps de vivre, de s’épanouir, de découvrir l’autre. Une discussion dans laquelle se mêlaient des mots à demi-couverts, et des sentiments jusque là inconnus ; ils étaient juste deux anonymes, énigmatiques l’un à l’autre, égarés sous la Lune d’argent, seule témoin de leurs confessions nocturnes, et dont les rayons illuminaient les boucles dorées de September.

Comment mon opinion de toi pourrait être mauvaise, Adam ? Depuis mon premier jour en tant qu’hôtesse, je t’ai toujours voué une admiration sans pareil. Je crois que ma plus grande déception dans toute cette histoire est de t’avoir tout d’abord connu comme collègue, comme hôte, puisque celui qui se cache derrière tous ces masques professionnels est sans aucun doute celui qui me tarde le plus de découvrir. Si tu savais comment j’envie Isaac des fois, d’être celui qui te comprend le plus dans tout ça, d’être celui dont tu es le plus proche, car j’aimerais tellement être aussi là pour toi que tu ne l’es pour moi. Je n’ai jamais l’impression de te rendre la pareille.
« Et pourtant … »

Les mots lui manquaient, s’embrouillaient dans sa tête, et refusaient de dépasser le bord de ses lèvres. Il voulait lui dire, prendre le temps de lui expliquer, mais son esprit refusait d’obtempérer. La Vérité était là, toute proche. Trop loin pour l’avouer. Il n'était plus en représentation, plus maintenant. Il s'exposait. Et malgré cette assurance dont il essayait constamment de faire preuve – parce qu’il s’était interdit de faillir devant les autres –, elle avait ce pouvoir étrange – et incompréhensible - de le déstabiliser, d’ôter de son esprit la moindre parcelle de certitude, la moindre sensation de contrôle ou de maîtrise. Elle avait délié les liens qui le rattachaient à sa raison, brisé les chaînes qui le tenaient dans cette réserve d’apparence qu’il s’imposait d’habitude.
September. Mais Adam n’était que par elle. Et il ne savait pas s’il était digne d’être sur ce piédestal où elle semblait l’élever. Digne des espoirs qu’elle avait en lui. Digne d’avoir cette image qu’il ne méritait pas. Cette peur de ne pas savoir être à la hauteur, alors qu’elle dépassait sans cesse les attentes qu’il avait, lui serrait continuellement la gorge. Elle valait mieux que lui. Il resserra légèrement l’étreinte sur le bras de celle qui était assise à côté de lui. Plus proche, il pouvait à présent percevoir le parfum exquis qui émanait de son cou, juste à la jonction entre la clavicule et le début de la gorge.

Bien sur, sans l’ombre d’un doute. Un jour… Ce jour où tu ne seras qu’Adam et que je ne serai que September, tu comprends ? Et non pas, le fameux fondateur du cercle d’hôtes et son apprentie.

Adam et September. Ces mots raisonnaient dans son esprit, martelés par le tambour assourdissant de son esprit. Ces mots lui collaient à la peau, lui insufflaient cette énergie vitale qui motivaient toutes ses actions. Son âme chancelait, vaincue - pour son plus grand plaisir.
Il tressaillit légèrement lorsque la main de September s’approcha de son visage. A vrai dire, très peu de gens avaient déjà remarqué cette contraction musculaire régulière. Pour ne pas dire personne, tant et si bien qu’il avait fini par penser que ce réflexe était invisible aux yeux des autres. Mais la jeune femme était loin d’être une autre ! Les autres, Adam ne désirait pas ardemment leur compagnie. Les autres, Adam n’était pas bouleversé par leur présence. Les autres, Adam ne voulait absolument leur compagnie.
Ce dernier inclina légèrement la tête, noyé dans les iris et hypnotisé par les pupilles de la jeune femme, et il l’embrassa. Ce baiser était probablement à lui seul un avant-goût du Paradis. Et ce n’étaient pas les lèvres d’une apprentie dont il avait cherché la saveur suave, mais bien celles pulpeuses de September. Un contact agréable, sensuel et charnel à la fois.

« Es-tu vraiment sûre qu’un membre du Cercle d’hôte aurait agit ainsi avec une collègue de travail, si talentueuse soit-elle ? »

Le geste avait révélé ce que les paroles n’avaient pas su exprimer. Un sourire se dessina sur ses lèvres, qui portait encore sur elles l’arôme délicat et raffiné de celles de September, à qui il lança un regard mal assuré. Il craignait sa réaction, et s’attendait à tout moment à la voir se lever, et disparaître lentement dans l’ombre de la nuit.
Ses émotions le submergeaient, la confusion s’insinuait dans chacun de ses pores. Il ne savait plus, ne contrôlait plus, mais – surtout – ne regrettait pas.
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September E. Hans
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptySam 4 Juil - 1:22

    « Ma première rencontre avec le cercle d’hôtes avait été de ces moments que j’avais trouvé les plus stressants de toute mon existence. Le choc était toutefois passé et je m’étais conditionnée à rencontre ce groupe assez particulier. Lyam m’en avait tellement parler au téléphone – et pendant de nombreuses heures en plus – que j’aurais été certaine de tous pouvoir connaître chacun des hôtes avant même de ne les avoir vu en personne. Il avait été tellement heureux de savoir que j’acceptais la proposition qu’il m’avait parlé que du cercle d’hôtes, de toutes les activités qu’il y avait fait pendant leurs contrats, de tous les hôtes dans les moindres détails. J’avais un surplus d’information qui m’avait donné des maux de crâne à la longue, mais je trouvais l’enthousiasme de mon meilleur ami tellement rafraîchissant que je n’avais pas pu faire autrement que d’être aussi heureuse que lui. Et puis était venu ce fameux jour : on s’était entendu de se rejoindre à Los Angeles, pour que je n’ai pas un trajet trop long à faire. À croire que voyager n’était pas hors de leurs moyens. Tant mieux ! Parce que ce n’était pas dans les miens. L’adresse qu’on m’avait donnée était assez floue dans mon esprit et je m’étais laissé portée par les rues jusqu’à ce que je trouve l’endroit en question, après avoir vérifié au moins une quinzaine de fois. Je me souvenais encore de mes mains tremblantes lorsque je les avais levées pour pousser la porte de ce café beaucoup trop luxueux pour la prolétaire que j’étais. Mais ils avaient choisi la bonne place, puisque la salle était pratiquement déserte. Même dans une foule, il aurait été difficile de les manquer : dans un coin, parmi les coussins rouges, je les avais aperçu. Ils étaient six, cinq assis, un debout, me regardant fixement. Ils dégageaient néanmoins ensemble un charisme tellement déstabilisant que j’avais cru à l’instant même que tout le courage que j’avais ramassé pour leur faire face s’effacerait si je ne me contrôlais pas. Et puis, tout s’était calmé lorsque Lyam s’était levé pour se jeter dans mes bras, me serrant comme lorsque j’avais six ans. À la différence près que j’avais grandi, et lui aussi, et je dus me tenir sur la pointe des pieds pour être capable de passer mes bras autour de son cou. Le sourire qu’il avait eu sur le visage m’avait donné tellement de force que j’avais été rejoindre le reste du groupe avec une assurance que j’avais toujours peine à retrouver aujourd’hui. J’avais beau savoir ce que je faisais aujourd’hui, je ne me souvenais pas avoir eu autant confiance en moi qu’à ce moment là. Chacun de leurs visages m’avait intriguée et j’avais du me contenir pour ne pas les dévisager un par un. Et c’est alors que je réussis à mettre une expression sur la voix qui m’avait parlé qu’une seule fois au téléphone, pour confirmer la proposition du poste lorsque Lyam m’avait fait son fameux coup de fil : Adam James Hunter. Jamais son visage n’avait quitté mon esprit par la suite.

    Seulement, qu’en était-il aujourd’hui de cette image qui ne m’avait jamais quitté depuis mon entrée au club ? Pour moi, Adam avait toujours été la parfaite incarnation de l’hôte, charmant, rempli d’assurance, sachant trouver exactement les bons mots au bon moment, sachant exactement comment agir avec les clientes. Tout ce que je savais aujourd’hui, je l’avais soit appris sur le terrain, ou bien en suivant les bons conseils que les autres hôtes avaient su me donner au fil du temps. Lyam avait toujours été un supporter hors pair, mais il y avait toujours eu mon mentor, celui vers qui j’allais avec une aise sans pareil lorsque je n’étais pas certaine de ceci ou de cela, ou encore lorsque j’avais besoin d’un conseil pour être à la hauteur : je ne m’appuyais toutefois pas sur lui, je faisais tout à ma manière en tentant d’appliquer les paroles qu’on m’avaient citées. Et à chaque fois que je réussissais, il y avait cette joie constante qui me prenait et cette envie incessante d’aller annoncer à Adam ma nouvelle victoire, comme lorsqu’une fillette va montrer à ses parents le nouveau dessin qu’elle a fait à la maternelle pour qu’on puisse l’accrocher sur le frigo. Malheureusement, je ne le faisais jamais et je me retenais, prenant avec modestie et humilité les compliments qu’on me faisait sur mon travail, tentant de ne pas trop me prendre la tête avec cette histoire. Mais l’image que je voyais tous les jours d’Adam ne semblait jamais me satisfaire, même si après un an à le côtoyer, je pensais commencer à le connaître ne serait-ce qu’un peur. La vérité m’avait éclaté au visage ce soir : jamais je n’avais vraiment parlé à Adam sous ce jour, en étant moi-même et non pas l’hôtesse qu’il avait engagé un an auparavant. C’était peut-être ça qui faisait la différence : nous étions bien loin de nos masques professionnels ce soir, et je ne l’avais même pas réalisé. Je n’avais pas pu m’empêcher alors de lui dire ce que je pensais réellement, sous un élan de franchise qui m’étonnait encore. Je n’avais pas une grande gueule, mais lorsque je pensais quelque chose et que je croyais approprier de le dire, je ne me gênais pas. J’avais toutefois peur d’effrayer les gens en agissant de la sorte et j’osais espérer qu’il n’en serait pas le cas avec Adam.

      « Et pourtant … »

    Ses paroles me laissèrent la puce à l’oreille. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il disait ça, mais je comprenais en même temps. C’était une situation assez paradoxale que j’essayais de démêler dans mon esprit, mais malgré toute la force dont je faisais usage pour y parvenir, je n’arrivais pas à en venir à une conclusion qui me semblait logique à mes yeux. Avait-il vraiment l’impression qu’il n’en faisait pas assez pour moi ? Je savais très bien que je m’étais dépassé au cercle dans les derniers moi, que je méritais ma place – j’étais modeste, mais je savais très bien ce que je valais et je n’aimais pas me rabaisser – d’ailleurs, je détestais qu’il le fasse lui-même et je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils, à la fois un peu choquée, mais également très confuse par le sens de ses paroles que je n’arrivais pas à saisir. Je lui avait servi un tel discours que je ne savais pas sur quel aspect il répliquait, mais je ne cherchais pas nécessairement à enfoncer le couteau dans la plaie puisque je savais très bien que s’il y avait bien une situation sur laquelle nous n’étions pas d’accord, c’était celle-là. Ainsi, je me tus, bien que l’envie de continuer à parler ne me lâchait pas et que je devais faire preuve de toute une maîtrise de soi pour être capable de ne pas ouvrir la bouche et argumenter à nouveau pour lui faire comprendre tout ce qu’il valait à mes yeux. Malgré tout, j’avais l’impression que peu importe les mots que j’emploierait, ils ne seraient jamais vraiment assez fort et que le silence était alors la meilleur des solutions pour ne pas gâcher l’ambiance qui s’était installée.

    Je sentis son bras se resserrer autour de mon emprise, le rapprochant ainsi un peu plus de lui. Il ne répondit toutefois pas à ce que je lui répondis, sa question qu’il m’avait posé quelques secondes plus tôt. J’avais encore une fois fait preuve d’une franchise hors pair, mais j’avais préféré jouer la carte de la sincérité plus qu’autre chose. S’il y avait bien une seule chose que je n’aimais pas dans le fait d’être hôtesse, c’était bien de ne pouvoir côtoyer mes collègues que très rarement dans un contexte autre que professionnel. Nous étions debout avec le soleil et nous allions tout dormir tôt à raison d’être complètement anéantis après une journée de travail. Et c’était encore pire depuis que nous étions à la résidence, puisque le travail était en permanence. Je ne voulais pas développer une amitié avec les autres hôtes dans un tel contexte et si cela avait à se produire, alors je voulais que nous ne portions aucuns masques. J’avais donné ma confiance auparavant, mais j’en étais sortie détruite. Je ne voulais pas commettre la même erreur. Et pourtant…

    Il y eut ce geste, à cet instant même, qui vint soudainement effacer toute trace de pensées quelconques dans mon esprit et tout ce à quoi j’avais pensé ne serait-ce que quelques secondes s’effaça bien rapidement. Doucement, je le vis se rapprocher de moi, son visage parfait, comme un modèle sortit tout droit d’un tableau, et ses lèvres se déposèrent doucement sur les miennes. Un contact auquel je m’abandonnai complètement, oubliant toute la raison que je possédais, ne profitant que la douceur réconfortante des lèvres d’Adam sur les miennes, comme un plaisir éphémère, une caresse tendre et un plaisir que je m’étais interdit jusqu’à aujourd’hui.

      « Es-tu vraiment sûre qu’un membre du Cercle d’hôte aurait agit ainsi avec une collègue de travail, si talentueuse soit-elle ? »
      « Non… Je… je ne crois pas, en effet. »

    Ses yeux s’ancrèrent alors dans les miens et j’y perçus ce doute auquel moi seule avais le pouvoir d’effacer. Un peu déstabilisée par l’impulsion du moment, je me réfugiai toutefois dans son sourire qui me fit craquer, y répondant en effectuant exactement la même action, permettant en même temps à ma main de caresser à nouveau sa joue, un geste qui me semblait beaucoup moins déplacé maintenant. Malheureusement, aucuns mots ne me venaient à l’esprit et j’aurais espéré avoir la force de trouver quelque chose à dire, là, maintenant. Je ne sentais pas ce silence comme étant inconfortable, au contraire, mais j’avais la nette impression que c’était à moi de dire une réplique qui ne me venait toutefois pas. Je me laissai alors complètement aller à mes sentiments, bloquant l’accès de mes gestes à mon esprit, me redressant légèrement pour aller à nouveau capturer les lèvres du grand brun avec les miennes, seule réponse potable que j’avais trouvé à son aveu soudain. Serait-ce assez ? J’en doutais. Mais c’était ce que j’avais trouvé de mieux pour le moment.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptySam 4 Juil - 13:31

Et tout s’enchaîna à une vitesse frénétique. L’ordre apparent du Cercle qui conférait jusque là à sa vie une sorte d’organisation logique et sans vague avait été bouleversé en quelques minutes – quelques minutes intenses et brèves, passées en quelques secondes -, à peine le temps de découvrir la réalité tout juste suggérée par le mirage.
L’ordre. Oui, ou du moins c’était ainsi qu’il avait perçu la mise en place du Cercle, après une période de sa vie émotionnellement éprouvante, à la suite de son émancipation. Il avait alors un peu plus de seize ans, et un appétit insatiable de liberté. Ayant mis sa réussite scolaire entre parenthèses, il avait adopté cette attitude typique de ceux s’étant trop longtemps heurté aux interdictions paternelles, et cherchant désormais à rattraper ce temps qu’ils considéraient être perdu, du haut de leur jeunesse pleine d’espoirs et de rêves. C’était comme ces oiseaux, privés du moindre battement d’aile par l’espace ridiculement petit qu’offrait leur cage en acier, et découvrant, un jour, une brèche dans les barres verticales qui les maintenait enfermé. Brèche suffisamment spacieuse pour permettre un accès sur ce monde extérieur trop souvent imaginé, et abreuvé des illusions les plus romanesques. Et Adam pensait avoir vécu, durant ces deux années où n’était interdite que la restriction, où n’était prônée que la libre expression. Il avait été bercé par cette illusion, pendant quelques mois tout du moins, jusqu’à en subir les contrecoups. C’était le haut-le-cœur qui suivait inévitablement un excès trop largement consommé, cette nausée irrépressible face au constat qu’il avait fait : ce temps avait été dilapidé au profit d’un empire de paille, qui s’embrasera dès le premier vent venu, dès le premier orage amorcé, ne laissant en souvenir que quelques braises éparses sur le sol calciné.
Et puis il y avait eu Isaac, cette discussion qui avait fait prendre une orientation radicalement différente à sa vie. Le Cercle : contrats, voyages, politesse, amabilité, vacancières, et finalement cohésion exceptionnelle au sein d’un groupe pourtant hétérogène. Il avait alors instauré cet ordre tant recherché, fait d'un emploi du temps solennel et d'un comportement irréprochable - du moins d'un point de vue professionnel. Et même si, de temps à autre, les caprices extravagants ou les colères inexplicables des vacancières mettaient les nerfs d'Adam à rude épreuve, il n'avait jamais sincèrement regretté cet engagement collectif aujourd'hui indipensabe à ses yeux.

Et voilà que venait d’avoir lieu le troisième changement drastique de sa vie – après l’émancipation et le projet du Cercle. Changement matérialisé par ce baiser, l’étreinte de deux âmes dénudées, hors de cette pression quasi-constante qui les retranchait d’habitude derrière un sourire feint à une vacancière trop exclusive, derrière un geste poli esquissé en faveur d’un client impoli. A l’image de l’hôte parfaite – arborant toujours cette mine radieuse, ce calme olympien, cette modestie invraisemblable et cette volonté de repousser un peu plus les limites de la perfection en se surpassant – s’était ajoutée celle d’une jeune femme franche, qui dévoilait en elle une infinité de ressources précieuses rares, caractéristique prolongée physiquement par ses traits parfaits et harmonieux, par ses yeux qui dégageaient une sorte de candeur espiègle et ne donnaient que l’envie de s‘y plonger indéfiniment. Cependant, Adam n’avait pas du tout été effrayé par la franchise dont faisait preuve September, appréciant au contraire ce trait de caractère l’éloignant de toute hypocrisie, de toute duplicité dont il la savait exempt. Elle avait parfaitement raison. Sans base saine, n’importe quel lien devenait vite ce genre de fiasco, qui conduisait plus rapidement à des insultes qu’à des paroles réconfortantes. Cela était rendu d’autant plus impératif, que le contexte habituel de leurs rencontres était ponctué d’apparences, de faux-semblants, d’un masque qui se fondait presque avec leur véritable visage. Au quotidien, c'était leur devoir. Être impassible et compatissant en toute circonstance. Rester de marbre. Afiche cet imperturbable sourire sur le visage.

Ce dialogue de muets qu’ils entretenaient, Adam avait la crainte de ne pas savoir l’interpréter, de se faire de fausses illusions – dans l’une ou l’autre direction -, probablement induit en erreur par son imagination prolixe. Il aurait souhaité éclaircir le sens de ses propres paroles, son « et pourtant » confus notamment. Et pourtant, elle lui rendait largement la pareille. Lui, se contentait de l’aider comme il le pouvait, c’est-à-dire par quelques conseils, qui ne se révélaient fructueux que parce qu’elle savait y ajouter sa touche personnelle. Et pourtant, elle le comprenait probablement beaucoup plus que ce qu’elle semblait penser, et , lorsqu’elle parlait, Adam avait cette impression agréable d’être en phase avec quelqu’un, à savoir sur la même onde. Et pourtant, elle ne se doutait probablement pas que, s’il avait dû avouer un secret inavouable à une personne, les chances étaient très élevées pour que ce soit à elle ; elle, qui ne le jugeait pas ; elle, dont le sourire aurait servi à lui rendre le sien.

Non… Je… je ne crois pas, en effet.

Le sourire qui illuminait à présent le si joli minois de September fit perdre à Adam le peu de moyen qu’il lui restait, d’autant plus qu’elle ajouta à cette attention le geste de sa main, le même que quelques instants auparavant – instants lui paraissant une éternité – à la différence près que, cette fois-ci, c’était davantage l’impression de retrouver un contact nécessaire, impératif, perdu quelques secondes puis retrouvé, lui permettant à nouveau d’atteindre cette apogée fragile mais délicieuse de bonheur. Et, alors qu’il s’était fait – dans une toute petite aprcelle de son esprit – à l’idée qu’elle allait se lever d’un instant à l’autre et partir, ce fut avec un sentiment de retrouvailles inespérées qu’il accueillit le contact sensuel qui se produisit entre leurs lèvres. Une sensation de vertige l’envahissait, et se propageait dans chaque parcelle de son corps. Il sombrait dans des abîmes d’une exquise profondeur, des abîmes qui enveloppait son corps d’une légèreté étherée, d’une sensation de bien-être à peine suportable.

Plusieurs images lui revinrent tour à tour à l'esprit. Furtivement mais clairement. Il y avait déjà ce jour de printemps pluvieux, où il avait aperçu September ruisselante de pluie, parce que la chère vacancière dont elle s'occupait avait demandé à voir les environs ; et puis cette soirée d'août, où une cliente hautaine harcelait la jeune femme de demandes plus iréalisables les unes que les autres. Pourquoi ces images particulièrement, parmi la foule des souvenirs qui encombraient son esprit ? Peut-être - sûrement - parce que les scènes auxquelles elles se rapportaient - Adam le comprenait seulement à présent - étaient celles où il avait dû refouler ses sentiments, pour se montrer professionnel : inconsciemment bien sûr, il avait fermé les yeux sur son envie de la réconforter, de lui offrir cette chaleur dont la pluie l'avait privée, d'aller expliquer avec des termes assez clairs à la vacancière qu'importuner September n'était peut-être pas le choix le plus judcieux à faire. Et qu'avait-il fait ? Rien. Tout au plus lui murmurer à l'oreille une paroles encourageante pour qu'elle poursuive ses efforts déjà herculéens.
Adam aurait voulu parler, les mots se bousculaient mais la bordure de ses lèvres paraissait momentanément infranchissable. Et la regarder n’arrangeait rien ; elle lui rappelait de plus en plus ces chefs d’oeuvre de gravures, dénuées de tout défaut, qui n’arrachaient aux admirateurs qu’un sourire ébahi devant une perfection si absolue.

“ Tu sais, September ... J’crois qu’on s’ra toujours rattachés à des étiquettes, à cause du Cercle d’hôtes. Les gens sont comme ça, ils mettent les gens dans des petites cases pour se faciliter la vie. Mais, à mes yeux, c’est un peu différent. Enfin ... C’est pas la jeune femme que je cotoie dans le boulot avec qui j’suis en ce moment, c’est bien September. Les gens peuvent bien en penser ce qu’ils veulent.”

Atroce. Ca ne voulait rien dire. Il n’arrivait plus à formuler une phrase compréhensible, reflétant à peu près au moins ses pensées.
September lui faisait perdre pied.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyDim 5 Juil - 3:12

    « Le cercle avait toujours représenté pour moi un échappatoire certain à tout ce que j’avais bien pu vivre dans les dernières années. Oui bon, j’étais consciente que ce n’était pas la fin du monde et que j’aurais très bien pu m’en sortir même si je ne serais pas devenue hôtesse, mais le moment avait été parfait, comme une coïncidence quelconque. Lyam avait visé juste en m’appelant au moment parfait : deux ans après le départ de Jayden. Je m’enfonçais toujours un peu plus, toute seule dans ma vieille chambre de Los Angeles, mes parents tentant tant bien que mal de me faire sortir, de me trouver une nouvelle passion à laquelle m’accrocher, quelque chose quelque part pour me changer les idées et me sortir de l’ennui constant et la peine dans laquelle je vivais. J’avais au départ penser que rejoindre Lyam serait une bonne occasion de le retrouver lui, et j’avais alors réalisé que cette raison simple était égoïste et que si je pensais de cette façon, alors je ferais mieux de laisser ma place à une autre. J’avais alors dressé une liste complète de toutes les bonnes raisons et les désavantages à rejoindre le club. La liste des avantages avait grandie à une vitesse incroyable : changement, nouvelles rencontres, occasion de voyager, découvrir de nouveaux endroits, apprendre de nouvelles compétences, m’épanouir… et j’en passe. Ne restait qu’un seul désavantage, le seul et unique qui me faisait reculer : si Jay’ appelait à la maison, je ne serais plus là. J’avais mis plusieurs heures, assise dans ma chambre, sur mon lit, à contempler ce stupide bout de papier sur lequel reposait les prochaines années de ma vie… Et c’était avec tout le courage que contenais mon corps frêle que j’avais saisis mon portable et que j’avais rapidement rappelé Lyam pour accepter la proposition, le suppliant que nous nous rencontrions le plus vite possible avant que je ne commence à culpabiliser et que je change d’idée. Et aujourd’hui, lorsque j’y pensais très bien, quelle erreur cela aurait été ! J’étais consciente que j’avais laissé beaucoup derrière moi en m’en allant de la sorte, j’avais réduit mes chances de retrouver mon frère à néant, mais j’avais voulu penser à moi, à mon avenir et enfin faire quelque chose de moi-même, quelque chose d’utile. Certes, ça n’avait pas été tout les jours faciles, j’avais eu plusieurs moments de remises en question, mais cela en avait franchement valu la peine.

    Et puis, je ne pouvais pas me plaindre de ne pas avoir eu un bon entourage pour me supporter. Entre les caresses tendres de Lyam pour me réconforter, les inquiétudes amusantes d’Adam et les blagues de Laury destinées qu’à me faire rire lorsque je perdais mon sourire, je trouvais mon compte à travers chacun de ces jeunes hommes. Je me sentais alors comme une femme privilégiée à qui la vie lui avait sourit sans même qu’elle ne s’en y attende. Toutes ces expériences m’avaient permis de m’épanouir comme une jeune adulte se doit de le faire et aujourd’hui, je savais parfaitement qui j’étais et où était ma place. Je m’étonnais encore de voir à quel point j’étais proche de chacun de mes collègues, alors que nous étions tellement différents. Je me demandais bien si dans un autre contexte quelconque, j’aurais été tentée à aller vers des personnes avec un tel caractère, sachant très bien que le mien n’était peut-être pas compatible. C’était comme si au milieu du cercle, nous avions tous fait des concessions pour s’entendre avec les autres, des concessions qui nous avaient été tous bénéfiques puisqu’elles nous avaient permis de développer un autre coté de notre personnalité. Dans mon cas, j’avais appris à modérer mes colères, à ne pas m’emporter pour rien ; j’avais désormais sur moi un contrôle exceptionnel que je n’aurais sans doute jamais eu si je n’avais pas fait partie du cercle. Bien sûr, comme tout le monde, j’avais mes défauts et il m’arrivait de m’échapper, mais ce n’était jamais la fin du monde, non ? Je pouvais dorénavant affirmer haut et fort que mon entrée dans le cercle avait été un élément très important de ma croissance, persuadée que je ne serais pas devenue la même femme si je n’avais pas eu la chance de tenter cette expérience.

    Et aurais-je vraiment pu savoir qu’en entrant dans une telle organisation je m’y perdrais, sentimentalement parlant, confrontée à des sentiments auxquels je n’avais malheureusement jamais eu affaire par le passé. Il était étrange pour une jeune femme de 19 ans de ne pas compter beaucoup d’idylles amoureuses dans son vécu, même que proprement parlant, j’ignorais peut-être tout de ces véritables sentiments. Il n’en était pas moins que maintenant, j’étais persuadée d’avoir un avant-goût d’une toute nouvelle sensation, enivrante, c’était le cas de le dire, ce besoin constant d’être aux cotés d’une personne, de désirer sa compagnie par-dessus n’importe quelle autre, tellement que nous en étions prêt à sortir au beau milieu de la nuit que pour avoir la chance de croiser cet être si exceptionnel à nos yeux, sans réellement toutefois savoir pourquoi nous nous poussions à agir de la sorte. Et maintenant que j’y étais entrée, dans ce tourbillon incessant qui nous entraînait sur une toute autre planète lorsque nous osions seulement y mettre un pied avec hésitation, étais-je vraiment en mesure de dire exactement ce que je ressentais au plus profond de mon âme ? Chose certaine, il n’y avait qu’une image, un seul visage, une seule présence, qui me venait en tête lorsque je me mettais à penser à tous ces comportements. Apparemment, je n’avais pas assez de le regarder droit dans les yeux puisque mon esprit était également assiégé que par les images de ses sourires, ses regards qui n’étaient destinés qu’à moi, moments pendant lesquels je me sentais complètement déconnectée du monde réel. J’étais peut-être un peu perdue face à ces nouveaux sentiments que je découvrais peu à peu, au fur et à mesure que la soirée avançait, que le temps osait s’écouler cruellement sans que je ne puisses même l’arrêter ne serait-ce que pour profiter de cet instant un peu plus.

    Je ne croyais pas que dans un autre contexte, j’aurais pu découvrir réellement ce qui faisait en sorte qu’Adam m’attirait autant et je fus choyée d’être celle qui avait eu la chance de retrouver son briquet. Geste qui semblait tellement futile sur le coup, un simple service rendu, un geste de politesse, la moindre des choses lorsqu’on retrouve un objet et qu’on sait à qui il appartient. Il ne m’avait pas semblé spécial ou rien qui aurait pu mener à la situation dans laquelle nous étions présentement. Étrange, peut-être, mais je n’allais pas m’en plaindre. Je n’étais pas restée moins que surprise par ce soudain rapprochement entre celui que j’avais toujours vu comme mentor, et moi, mais j’eus pourtant cette nette impression que ce n’était rien de nouveau. Comme si tous ces sentiments avaient été pendant beaucoup trop longtemps refoulés à l’intérieur de moi-même et qu’ils n’attendaient que le bon moment pour s’extérioriser et s’imposer à mon esprit qui ne voyait pas vraiment claire face à ce genre de situations. Et pourtant, rien n’aurait pu me sembler aussi clair que ce qui s’était produit, là, maintenant, ce soir et je m’en voulu soudainement de ne pas avoir été en mesure de le réaliser plus tôt. Entre plusieurs silences, paroles échangées sans aucun sens précis, je me surpris à répondre à l’aveu – présenté sous forme de geste – d’Adam en agissant de la même façon. Geste qui ne serait pas sans impact, j’étais bien au courant, mais qu’est-ce que ça pouvait bien me faire à la fin ? Ce qui se passait autour de nous ne me semblait plus du tout important maintenant.

      « Tu sais, September ... J’crois qu’on s’ra toujours rattachés à des étiquettes, à cause du Cercle d’hôtes. Les gens sont comme ça, ils mettent les gens dans des petites cases pour se faciliter la vie. Mais, à mes yeux, c’est un peu différent. Enfin ... C’est pas la jeune femme que je côtoie dans le boulot avec qui j’suis en ce moment, c’est bien September. Les gens peuvent bien en penser ce qu’ils veulent. »

    Un sourire amusé se dessina sur mon visage. Je comprenais le sens des paroles d’Adam, mais le pauvre semblait tellement perdu dans tout ce qu’il me disait que je ne savais pas trop comment le prendre. Chose certaine, c’était bien marrant et je ne me souvenais pas l’avoir déjà vu avoir autant de difficulté à s’exprimer. Enfin, on parlait d’Adam là, pas de n’importe qui. Celui qui faisait fondre le cœur de ces dames avec des paroles oh trop charmantes, dignes d’un des plus beaux romans d’amour. Je dus user de toute la force dont je faisais usage pour ne pas rire, ne voulant pas nécessairement gâcher l’ambiance et le mettre mal à l’aise. Tout était tellement parfait présentement : j’avais la nette impression de flotter, d’être tellement au-dessus de tous mes tracas habituels. Si c’était ça être avec Adam, pas l’hôte, et moi en tant que September, alors je priais le ciel pour que ces moments soient beaucoup plus fréquents à partir d’aujourd’hui. Toujours aussi amusée, je soupirai – un soupir destiné peut-être à faire évacuer ce surplus de bonheur histoire que je n’en fasse pas une overdose – et laissai ma tête aller se reposer dans le creux de l’épaule du grand brun, le serrant contre moi légèrement.

      « Je… je comprend ce que tu veux dire. Enfin, ce qui est le plus malheureux dans tout ça, c’est qu’on doit se plier – même si on ne veut pas – à cette espèce d’étiquette que nous on donné les gens, que pour plaire… Mais tu sais, je crois que le temps fait bien les choses et qu’il y aura ce jour où nous n’aurons plus nécessairement besoin de porter nos masques.

    September, ou l’art de dire n’importe quoi. Enfin bon, j’avais senti le devoir de ne pas rester muette sur ce coup-ci. Adam s’ouvrait totalement à moi et j’aurais été tellement idiote de tout laisser passer que je n’avais pas pu faire autrement.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyDim 5 Juil - 23:34

Malgré les embûches qui parsemaient forcément le chemin qu’empruntaient les gens pour accéder à la réalité la plus proche de leur vision du bonheur, la satisfaction engendrée dépassait toujours largement le poids des efforts.
Contrairement à ce que beaucoup de gens qui l’entouraient semblaient penser, le Cercle n’avait pas été si aisé à mettre en place. L’idée avait déjà germé, au prix d’une foule de souvenirs qui avaient influencé ce choix, dans deux esprits dont la fertilité avait permis ce projet insensé. Bâtir un Cercle, formé de jeunes hommes serviables, dont l’unique préoccupation est la réalisation des souhaits de vacancières en quête de bien-être. Un souhait extravagant, qui les avait d’ailleurs laissés un peu perplexe au départ, pour la simple raison que ce n’était pas le genre de décision à prendre à la légère. Elle règlerait en effet leurs vies futures, leur imposerait un processus à suivre impérativement pour parvenir à leurs fins, leur promettait plusieurs échecs, plusieurs déceptions avant l’aboutissement final. C’était une responsabilité à endosser, des choix à assumer, des revirements de situation à endurer. D’autant plus qu’aucune certitude n’existait quant à la réussite de leur plan ; ils s’engageaient les yeux fermés dans un chemin qui se révèlerait peut-être être une impasse ; et le risque de trébucher, de plonger au fond du ravin était extrêmement élevé. Heureusement, la collaboration entre Adam et Isaac s’était révélée fructueuse ; et le jeune homme avait pût largement compter sur l’attention toute particulière que son meilleur ami apportait aux détails, et qui avait en très grande partie contribué au succès du projet pour lequel il s’était donné littéralement corps et âme. Ils se connaissaient en fait depuis le collège, période pendant laquelle leurs pères respectifs avaient travaillé ensemble – peut-être la seule chose sensée que son père avait accompli durant toute sa vie. Et voilà qu’eux maintenant avait repris ce flambeau de la complicité réciproque, de l’amitié indissoluble.

Ensemble, ils avaient déjà été confrontés au problème du choix des personnes, qui en fait n’avait pas été si épineux qu’ils ne l’avaient pensé, les candidats idéaux se distinguant par ce charisme inné, cette retenue mêlée de distinction, et cette propension à être toujours le plus serviable possible. La seule question – la dernière également - avait été de savoir si l’intégration d’une jeune femme dans le groupe était souhaitable, question dont la réponse avait été unanime une fois la candidate en question convoquée. Ensuite, il y avait eût les problèmes – épineux - matériels. Pas financiers, bien sûr, mais leur entreprise naissante avait eût quelques difficultés à s’imposer. Ces problèmes avaient vite disparus, le Cercle ayant en effet acquis une certaine renommée, et pris un peu d’ampleur. Finalement, tous ses obstacles avaient forgé leurs caractères à tous, avaient bâti leur personne telle qu’elle était aujourd’hui. L’adage Ce qui ne tu pas rend plus fort s’était révélé exact, la personnalité s’élaborant au fil des mouvements de la vie. Aujourd’hui, s’il tentait d’être un tant soit peu objectif, Adam était forcé d’avouer qu’il n’avait que cela. Pas de famille – ou peu s’en fallait -, peu de temps libre en dehors de son travail en tant qu’hôte, et même son cercle relationnel tournait pour beaucoup autour du Cercle. Il ne le regrettait pas, il le constatait. Cela expliquait sa réaction impulsive et violente, lorsque le bruit de critiques virulentes parvenait à ses oreilles : il prenait ces jugements comme s’ils s’adressaient directement à lui, le Cercle étant sa vie. Une vie faite de dépaysement perpétuel, de services rendus, de complicité, d’amitiés, et quelquefois même un peu plus …

Un peu plus … Oui, parce que sa vie sentimentale jusqu’ici avait surtout été composée de relations volontairement courtes. Très courtes. Sans lendemain, ce qui impliquait forcément sans sentiments, sans émotions, sans resserrement intempestif de ses mâchoires et sans phrases dénuées de sens. Et voilà qu’Adam venait d’apprendre qu’une relation ne se résumait peut-être pas qu’à une nuit, en découvrant un nouvel aspect d’un monde qu’il pensait avoir exploré dans sa totalité. De nouvelles sensations embrouillaient son esprit et le plongeaient dans une incertitude de chaque seconde, et il avait l’étrange impression que de nouveaux sens s’étaient mis en éveil. Une nouvelle dimension, insoupçonnée, s’était ouverte devant lui. Cela ne lui rappelait rien de connu, si ce n’est l’effet enivrant, grisant, étourdissant qu’avait l’alcool sur lui. Mais il fallait y rajouter cette envie quasi-constante de partir à la recherche de l’autre, de rétablir ce contact qui avait cruellement manqué, et cette volonté boulimique de pouvoir se représenter – même les yeux fermés, même simplement avec le bout de ses doigts – chacun des traits, chacune des parcelles du corps et du visage de la personne, de cette personne qui hantait l’esprit, le corps et l’âme. Cette personne, dont on ressentait l’humeur, dont on comprenait les pensées d’un seul coup d’œil. Cette personne, dont l’image nous revenait toujours en tête lorsqu’il s’agissait d’évoquer le futur.

Etrange hasard, September. Combien de chances existaient-ils pour que le Cercle la choisisse précisément elle ? Pour qu’une bonne entente s’installe entre elle et Adam ? Pour qu’elle retrouve le briquet malencontreusement oublié ? Pour que la situation évolue ainsi, cette soirée et pas une autre ? Quasiment aucune. Et pourtant, tout s’était déroulé avec une certaine sûreté, comme si le Destin avançait d’une démarche sûre vers un but décidé, prévu à l’avance, sans aucune place pour le hasard ou la coïncidence. Comme si une main de fer avançait les pièces sur l’échiquier, avec une stratégie élaborée à l’avance.
Lorsqu’elle posa sa tête dans le creux de ses épaules, il passa ses bras autour d’elle, dans ce geste d’abandon protecteur qu’il n’avait jamais encore eu. C’était maintenant qu’il faudrait forcer le Destin ; le forcer à rapprocher, à multiplier, à allonger ces moments de répit qu’il passait en compagnie de September. Il voulait encore sentir cette sensation d’être au-dessus de toutes ces occupations qu’il avait chaque jour, goûter la suavité des lèvres de la jeune femme, percevoir les battements de son cœur lorsqu’elle s’abandonnait contre lui, savourer l’odeur qui émanait de ses cheveux dorés, de son cou délicat.

Je… je comprend ce que tu veux dire. Enfin, ce qui est le plus malheureux dans tout ça, c’est qu’on doit se plier – même si on ne veut pas – à cette espèce d’étiquette que nous on donné les gens, que pour plaire… Mais tu sais, je crois que le temps fait bien les choses et qu’il y aura ce jour où nous n’aurons plus nécessairement besoin de porter nos masques.

« Mais tu en parles comme s’il s’agissait d’un futur lointain, incertain ! Bien sûr, le Cercle est toute ma vie. Discuter avec les hôtes, servir les vacancières, c’est ce que j’aime. Mais ce n’est pas une motivation suffisante pour moi de me dire ‘Oui, peut-être, un jour …’. Je veux pas laisser passer ma chance. Je ne veux pas attendre indéfiniment. Si ça se trouve, quand ce jour viendra, quelqu’un d’autre sera à ma place, en train de t’enlacer, près d’une jolie fontaine … »

Cela lui tenait tellement à cœur, que son ton s’était fait plus assuré, moins hésitant.
A quoi cela rimait-il ? A rien, peut-être. Cela apportait certes son lot de dangers en tous genres, de risques à encourir. Et puis, tout pouvait être compromis d’un instant à l’autre, se briser sur le sol ou partir en fumée en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Mais ce n’était qu’une hypothèse parmi tant d’autres. Il ne voulait pas renoncer, simplement à cause d’un ‘et si …’. De toute façon, tout pouvait arriver.
A quoi cela rimait-il ? A tout, sans aucun doute. C’était juste eux, ensemble près d’une fontaine. Le temps d’une soirée, le temps d’une éternité. Les autres ? Ils étaient exclus de cette représentation. Ce boulot était peut-être une chance inestimable, mais Adam avait découvert une autre valeur, plus précieuse et fragile encore.
Celle de September.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMar 7 Juil - 11:22

    « Je n’avais jamais eu l’habitude de voir Adam ramer autant pour dire ne serait-ce que quelques paroles. Je veux dire, enfin, on parlait d’Adam James Hunter ici, et pas de n’importe qui ! Il était le fameux fondateur du cercle d’hôtes, celui qui savait faire fondre une dame par un seul regard et qui envoûtait n’importe qui par quelques paroles qu’il prononçait avec une aise presque déconcertante. On aurait dit qu’il était né pour se servir de son charisme et l’utiliser à bon escient, persuadée qu’un homme comme lui ne pouvait faire autrement que de répandre un peu de chaleur et de joie autour de lui. J’étais un peu en admiration avec ce coté de lui – bien que pour moi, Adam avait toujours été mon hôte sur lequel je me référais le plus lorsque je voulais avoir un conseil, bien que Lyam était sans aucun doute celui vers qui j’étais la plus à l’aise – et à vrai dire, je l’enviais d’avoir autant de facilité à agir de la sorte, moi qui devait toujours chercher ses mots avant de parler, de peur que mes antécédents de Californienne élevée dans un lieu modeste me fasse défaut. Je n’avais jamais appris comment servir le thé aux invités de la famille de manière traditionnelle, je n’enlevais pas toujours mes chaussures lorsque j’entrais chez moi, je ne saluais pas en utilisant des phrases longues comme mon bras et je parlais encore moins en utilisant des mots sophistiqués qu’une dame de la haute avait l’habitude d’employer à tous les jours. Ce n’était pas vraiment mon genre, et bien que mes parents m’avaient élevée comme une fille charmante, serviable et polie, j’étais bien loin d’arriver à la cheville de ces aristocrates que j’apercevais parfois à la résidence et encore pire, avec qui j’avais parfois la chance de faire la conversation que pour les divertir. Je jouais un peu le rôle de médiatrice dans le cercle : après tout, un groupe d’hommes qui se servaient de leur charisme, de leur beauté et de leurs manières pour séduire le public qu’ils servaient n’était pas toujours très bien perçu par les plus sceptiques et j’existais non seulement pour apporter un nouveau point de vue à ce monde masculin, mais aussi pour m’assurer que les clientes n’avaient pas de doutes sur les véritables intentions des hôtes. Il aurait été trop facile pour des esprits malsains de se servir de ce genre de projets pour tourner la situation à leur avantage, mais j’étais persuadée, dur comme fer, qu’aucuns des hôtes qui faisaient partie de ce cercle n’était de la sorte. S’il y avait bien quelqu’un qui connaissait leurs véritables intentions c’était moi, et s’ils auraient été des profiteurs, j’aurais été la première à en payer le prix. Mais aux dernières nouvelles, j’étais toujours vivante, en parfait état, en parfaite santé et sans aucuns problèmes sociaux qui n’impliquaient mes collègues. Au contraire, ils étaient ma nouvelle famille, ceux avec qui je partageais mes joies et mes peines, ceux dont j’appréciais la compagnie.

    Me retrouver de la sorte avec Adam ce soir me faisait toujours cette impression étrange et à la fois drôle de malaise, tout simplement parce que je n’en avais pas l’habitude. Je savais qu’il ne se devait pas d’en être ainsi puisqu’il n’avait jamais été question d’une telle relation entre nous deux depuis mon entrée au cercle. Depuis un an, nous étions le mentor et sa protégée, des collègues qui se respectaient et qui s’appréciaient dans un milieu de travail plus ou moins agréable selon les circonstances, mais qui nous permettaient à tous de s’épanouir et d’apprécier les bienfaits de notre boulot, bien que le rôle n’était pas toujours facile à supporter. Seulement, il avait une grosse différence et une énorme distance à considérer entre « ne pas devoir » et « ne pas vouloir ». Il y avait bien des choses que je ne pouvais pas faire et que je voulais faire, comme il y avait bien des choses que je ne voulais pas faire et que je pouvais faire. C’était comme ça que toute situation fonctionnait et il était bien rare – à moins de le provoquer soi-même – que le destin vous laisse la chance de faire tout ce dont vous aviez envie, à n’importe quel moment. Était-ce vraiment une mauvaise chose, lorsqu’on y pensait bien ? Certainement pas, en fait, je ne voyais pas ce qu’il y avait de mal à ce que j’ai succombé à Adam puisque ce genre de sentiments étaient tout à fait naturels pour un être humain et même si je n’avais jamais eu de petit ami officiel – aussi étonnant que cela puisse paraître pour une jeune femme de 19 ans – et que je n’avais expérimenté que très rarement ce genre de rapprochements avec un garçon, je savais très bien que je n’avais aucunement rien fait de mal. Certains pourraient m’en vouloir et c’était là que je pensais que se trouvait l’ambiguïté : c’était que nous étions tous les deux des hôtes. Nous étions collègues tout d’abord, bien avant que notre amitié et notre lien se développent. Comment Jay’ le prendrait-il ? Lui qui avait toujours été contre le cercle ? Et comment Lyam verrait-il cela ? Bien que je doutais que ce dernier s’oppose à mes choix personnels. Mon frère me faisait plus peur puisqu’il n’avait pas nécessairement la même vision des choses que moi. Il pensait exactement comme je ne voulais pas qu’il le fasse – autrement dit, les hôtes étaient tous des profiteurs à ses yeux. Excluant Lyam et moi-même, évidemment. Parce que je devais voir la vérité en face : la scène de ce soir ne resterait pas secrète bien longtemps. Les murs avaient des oreilles dans cette résidence.

      « Mais tu en parles comme s’il s’agissait d’un futur lointain, incertain ! Bien sûr, le Cercle est toute ma vie. Discuter avec les hôtes, servir les vacancières, c’est ce que j’aime. Mais ce n’est pas une motivation suffisante pour moi de me dire ‘Oui, peut-être, un jour …’. Je veux pas laisser passer ma chance. Je ne veux pas attendre indéfiniment. Si ça se trouve, quand ce jour viendra, quelqu’un d’autre sera à ma place, en train de t’enlacer, près d’une jolie fontaine … »


    Je ne sus placer un mot au moment même où normalement, j’aurais du le faire. La détermination soudaine d’Adam me laissa sans mots et je dois avouer que les termes qu’il employa même me laissèrent un peu sous le choc. Pas dans le mauvais sens, évidemment, dans le bon sens du terme et je me sentais plus que flattée qu’il prenne autant à cœur ce qui venait de se produire, puisque pour moi, ce n’était rien que j’allais oublier. Je n’y pouvais rien : j’étais de nature sensible et même si je ne le montrais pas toujours ouvertement, j’étais très touchée par tout ce qui se passait autour de moi, que ce soit aux autres ou à moi-même. Je ne pensais pas que ce futur était si lointain, mais je savais que le chemin qu’on prendrait pour s’y rendre serait sinueux et en aucun cas facile. Les stéréotypes du cercle nous collaient malheureusement à la peau et nous devions faire avec les désavantages du métier, si ce n’était que nous tenions tous autant au cercle pour être capable de se sacrifier sur quelques points de notre vie personnelle. Entretenir des relations publiquement l’était. Du moins, pour moi. Et encore plus avec un collègue. Je ne me serais jamais permis de sortir avec un vacancier, alors vous imaginiez ce que je ressentais en réalisant que mes sentiments envers mon mentor s’étendaient peut-être bien au-delà d’une simple relation amicale et professionnelle ?

      « On sait parfaitement tous les deux que ce ne sera pas facile, Adam. En aucun cas je me permettrais de négliger le cercle ! Vous êtes toute ma vie à présent, enfin… On ne peut pas l’exclure de l’équation, même si on le voudrait…»


    Ma tête reposait doucement contre son épaule et je le sentais me serrer contre lui. Cette étreinte était réconfortante et je l’appréciais. Son odeur m’enivrait, à un point tel que j’ignorais si je serais capable de penser correctement si je restais dans cette position. Quoiqu’il en soit, je ne voulais pas me séparer de lui maintenant, pas alors que nous avions enfin la chance – la seule avant combien de temps ? – de se retrouver dans un contexte hors que le cercle. Une chance inestimable.

      « J’attendrai, tu sais. Je ne laisserais jamais personne prendre ta place. Tu me fais confiance ? »


    À cette question, mon regard se releva vers lui, le fixant à nouveau de mes grands yeux bleus, me perdant moi-même dans les siens. Je ne doutais pas de lui, et je ne pensais pas non plus qu’il doute de moi, au contraire. Nous avions tous les deux cette confiance en l’autre qui m’étonnait encore aujourd’hui pour deux personnes qui étaient de parfaits inconnus un an auparavant. Je savais que notre jour viendrait. Tout simplement parce que j’avais découvert en lui ce je ne sais quoi que je ne voulais plus quitter maintenant. Parce que j’avais trouvé une nouvelle motivation pour me lever chaque matin. Parce que nous étions enfin nous-mêmes, et que nos masques présentement n’existaient plus.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyJeu 9 Juil - 1:21

Stopper la marcher effrénée du temps. Voilà ce qu’Adam aurait souhaité pouvoir faire à cet instant précis, d’un claquement de doigts. Mais le film s’accélérait, s’emballait, jusqu’à ne plus diffuser qu’une suite incompréhensible d’images, agréables certes, mais confuses et floues. Le fond sonore, la bande-son, c’était la voix de sa raison, celle qui lui rappelait sans cesse l’impact incroyable – et imprévisible – que pourrait avoir par la suite cette discussion nocturne, dans le bon et le mauvais sens du terme.
Mauvais ? Oui, parce que l’opinion des gens agissait toujours comme une lame aiguisée, plus prompte à détruire une réputation sur un coup de tête et une vie sociale sur des preuves douteuses, qu’à chercher où se trouve la Vérité. Son entourage direct, Adam ne le craignait pas. Sa famille avait en effet tellement cherché à lui nuire, qu’il avait pris l’habitude d’agir d’abord, et de mettre tout le monde au courant – si tant est qu’il le fasse – ensuite, ce qui évitait toute discussion importune. Mais qu’en était-il des gens que September côtoyait ? Et puis, bien sûr, il y aurait la réaction peut-être virulente du Cercle qui - s’il n’était pas déjà au courant - le serait bientôt. Comment rester impassible et professionnel pendant les nombreuses réunions où ils se retrouvaient tous, bien que la jeune femme ne se trouve qu’à quelques dizaines de centimètres de lui ? Les bruits couraient vite, ici, et les rumeurs se propageaient dans les moindres interstices des murs de la résidence ; elles n’épargneraient ni lui, ni elle. Ni aux yeux des hôtes, ni aux yeux intransigeants des vacancières. Ils savaient tous deux pertinemment qu’ils allaient bientôt être exposés à de nombreuses remarques indiscrètes qu’ils devraient endurer tant bien que mal. C’était le prix à payer.
Bon ? Incontestablement. C’était comme si une nouvelle dimension était apparue dans sa vie. Une dimension, qui projetterait en permanence l’image de September dans son esprit, dans ses rêves. Une dimension, qui se présentait comme une voie sûre vers le bonheur, simplement grâce au contact possessif d’un baiser, ou à l’étreinte de quelques mots glissés au creux de son cou. Adam avait rencontré un nombre considérable de femme - entre les vacancières, les amies, et celles qui n’avaient qu’une furtive irruption dans sa vie -, et pourtant aucune n’avait eût l’effet que September avait immédiatement produit. Aucune n’avait éveillé en lui un nombre si important de sentiments, qui se mêlaient avec une telle force qu’ils obstruaient totalement sa raison. Aucune n’avait suscité en lui tant d’admiration, pour sa volonté de fer, son intelligence remarquable, son altruisme et sa capacité à ne susciter chez les autres qu’un large sourire satisfait. Aucune n’avait provoqué même en lui la moindre sensation de désir.
« L’Enfer, c’est les autres. ». La célèbre phrase de Sartre se révélait être tout à fait exacte, une fois de plus : l’obstacle inébranlable consistait seulement en une multitude de circonstances extérieures, que leur seule volonté ne pouvait pas modifier. L’obstacle, c’était les doigts pointés vers eux, c’était les regards accusateurs en leur direction, c’était ceux qui se mettraient en travers de leur chemin. Chemin constitué de montées escarpées et de descentes glissantes, qui monopoliserait toute leur énergie et la fougue naturelle de leur jeunesse. Triompheraient-ils de cette route à première vue infranchissable ? Parce que la tentation d’abandonner serait elle aussi très présente, et appuierait de toute ses forces sur leurs épaules fragiles.
A cela s’ajoutait cette sensation qu’il avait d’échapper à tout contrôle, de se laisser aller à des sentiments en méprisant les apparences. Bien sûr, c’était le principe d’une relation – encore plus d’une relation amoureuse. Mais il était habitué, à longueur de journée, à agir de manière exactement inverse. On attendait de lui une grande maîtrise, un parfait contrôle des émotions et, jusqu’ici, il y était parvenu sans trop de difficultés.

Ce masque d’impassibilité, il l’arborait dès qu’une vacancière ou un hôte apparaissait dans son champ de vision. C’était devenu un réflexe habituel et, quelque part, un rempart derrière lequel il se cachait, derrière lequel il s’était toujours caché. Après tout, ce n’était que le reflet exact de son éducation, gracieusement dispensée par sa grand-mère, prolongée par les efforts de son père. A vrai dire, il ne parvenait à savoir si c’était un bienfait ou une contrainte, mais là n’était pas la question : l’unique but était de préserver les apparences, c’est-à-dire d’éviter tout débordement affectif inopportun. C’était probablement pour cela aussi que le contact qu’il entretenait avec September depuis quelques instants avait cette saveur si particulière ; on lui avait tant bien que mal répété pendant de longues années que maintenir un contact et se trahir – au plan émotionnel – allait de pair.

On sait parfaitement tous les deux que ce ne sera pas facile, Adam. En aucun cas je me permettrais de négliger le cercle ! Vous êtes toute ma vie à présent, enfin… On ne peut pas l’exclure de l’équation, même si on le voudrait ...

C’était un dilemme typiquement cornélien. Le choix, entre la volonté de son cœur, ou la nécessité de sa raison. En un mot : September ou le Cercle ? Sa volonté ou son devoir ? La perspective de ce choix le laissait perplexe. Mais était-il seulement possible qu’il mette de côté liens affectifs qui s’étaient formidablement bien noués en quelques instants ? Une impression s’était insinué dans son esprit. L’impression que, désormais, son équilibre psychique dépendait de la présence de la jeune femme au creux de ses bras.
Probablement que la nécessité de trancher, ajoutée à l’impossibilité de détacher son regard de September, produisait en lui ce sentiment amer, qui vous prend à la gorge et se dilue dans vos veines à une vitesse vertigineuse : la culpabilité. Aussi étrange que cela puisse paraître, Adam culpabilisait. De quoi ? Vraisemblablement de son attachement, qu’il pensait égoïste. Il ne voulait pas être celui qui empêcherait la jeune femme de continuer sa carrière professionnelle. Celui avec lequel elle serait non par sentiment, mais par bonté d’âme, voire par pitié. Elle avait tellement de capacité, tellement de faculté, tellement de talent ; c’était le genre de personne à pouvoir atteindre n’importe quel objectif préalablement fixé. Et il se sentait coupable d’être la cause, pour laquelle elle aurait pût gâcher ce potentiel. Elle avait une chance inestimable – celle de cumuler des qualités précieuses et un physique de rêve -, il fallait qu’elle la saisisse coûte que coûte. C’était sa conclusion. Difficile à accepter, certes, mais au moins il n’aura pas à être rongé par les remords.

J’attendrai, tu sais. Je ne laisserais jamais personne prendre ta place. Tu me fais confiance ?

Quelle question ! Bien sûr, qu’il lui faisait confiance. Il lui avait toujours fait confiance, depuis le début. L’assurance qu’elle avait eût dans la voix la première fois s’était confirmé par son travail phénomenal par la suite, si bien qu’il n’avait jamais éprouvé le moindre regret. September était le genre de personne – rare - à qui l’on pouvait confier le numéro de sa carte bleu, en sachant pertinemment qu’elle n’en ferait jamais usage, quand bien même sa vie en dépendrait. Mais ce n’était sûrement pas les prétendants qui devaient manquer. Adam s’imaginait parfaitement tous ceux qui devaient espérer n’avoir ne serait-ce qu’un sourire de sa part, sourire qui suffirait à ranimer chez eux l’espoir de pouvoir approcher un peu plus près cette très jolie jeune femme.

“ Bien sûr, j’ai confiance en toi. Mais dans les autres – je veux dire tous ceux qui doivent te tourner autour -, je n’ai que très moyennement confiance.”

Lorsqu’elle leva vers lui ses yeux, lorsqu’il pût à nouveau se perdre dans ses iris d’un bleu hypnotique, un sourire se dessina sur ses lèvres. Attendre, en fait, ce n’était pas un problème. Il voyait désormais plus cela comme l’impatience d’un gosse, qui voit arriver le gâteau d’anniversaire tenu par sa mère, mais qui ne peut pas encore enfoncer sa fourchette dans la pâte moelleuse, pour en savourer l’arôme fruité.
Impatience … L’idée seulement de ce jour lointain qui se profilait lentement à l’horizon, et qui apporterait avec lui cette saveur de retrouvailles tant espérées, était à ses yeux une motivation suffisante pour, chaque jour, recommencer les diverses tâches qui l’attendaient. Et même décrocher la Lune, s’il le fallait. Tout ce qui comptait, c’était de savoir - avec cette conviction qu’il retrouvait quand il se plongeait dans ses yeux – que, un jour ou l’autre, ces rêves dont September faisait obligatoirement partie prendraient forme.

« Mais, si tu veux tout savoir, oui. Je suis prêt à attendre. Et je ne veux pas que tu sacrifies ta carrière – qui se promet d’être brillante. Enfin, tu sais, moi aussi, je t’attendrais. Je veux pas que tu agisses par dépit, et que tu aies plus tard des remords, parce que tu n’auras pas totalement profité de ton potentiel, ou parce que tu ne seras pas allée au bout de ce que tu pouvais faire. »

Clair ou pas clair ? Sûrement très peu clair. Il se pencha légèrement vers son visage, et déposa un baiser sur son front, sur sa peau lisse, radieuse et diaphane.
Ce briquet, n’était-ce vraiment qu’une coïncidence ?
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September E. Hans
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMar 14 Juil - 3:17

    Les préjugés étaient malheureusement une situation avec laquelle nous avions tous à faire face un jour où l’autre. On n’y échappait jamais, qu’on le veuille ou non. Que ce soit la nouvelle couleur de vos cheveux ou la dernière connerie que vous aviez fait, il y avait toujours quelqu’un pour vous dire – ou penser – que vos actes étaient déplacés ou complètement sans intérêt. Je n’y n’avais pas échappé non plus, après tout, j’étais loin d’être une exception à la règle et plusieurs fois j’avais fait face à ce genre de comportements à mon égard. Ce n’était rien d’alarmant remarquez : je n’avais rien à me reprocher, je ne pensais pas avoir été assez méchante dans mon existence pour mériter qu’on me pointe du doigt et que je l’assumes entièrement. Ainsi, je ne m’en faisais que très rarement. Seulement, lorsque vous intégrez un groupe comme le cercle d’hôtes, composé uniquement de garçon, et dans lequel vous êtes la seule fille, vous n’échappez pas du regard des autres, et encore moins de leurs ragots. Mais comme je disais, ils étaient sans intérêts puisque je savais très bien ce que j’y faisais dans ce cercle et encore plus, j’aimais ce que j’y faisais. Depuis que je m’étais conditionnée à aimer mon travail et à le faire avec toute l’assurance dont je faisais usage, ce qu’on pouvait bien dire de moi, de mes paroles ou de mes gestes, ne m’atteignait plus depuis longtemps. Malheureusement, la situation dans laquelle je m’étais embarquée maintenant me laissait beaucoup plus inquiète sur ce point que je ne l’avais jamais été auparavant. Bien sûr, c’était ma vie, mes relations personnelles, personne n’avait à y mettre un mot là-dessus, mais il restait tout de même que moi, comme Adam, faisions partie du cercle d’hôtes et que notre relation n’était sensée être nulle autre que professionnelle. Ce qui était triste, lorsqu’on y pensait bien, puisque je passais le plus clair de mon temps avec ces jeunes hommes. Nous étions sans aucun doute très proches les uns des autres, à se supporter, bon temps comme mauvais temps. Je me souvenais encore du jour où j’avais reçu un coup de fil de ma mère pour me dire qu’elle avait parlé à mon frère, qu’il était passé tout le week-end à la maison, et qu’il n’était pas au meilleur de sa forme, qu’il souhaitait me revoir. J’avais cru que mon monde avait complètement chaviré en l’espace de quelques secondes et pendant plusieurs heures, j’avais été incapable de me concentrer sur quoique ce soit, mon moral fortement atteint. Et malgré tout, j’avais eu à mes cotés chacun des hôtes, tentant à leur manière de me réconforter, que ce soit Laury en train de faire n’importe quoi, les câlins de Lyam ou bien les mots réconfortants d’Adam, je n’avais pas été laissée pour moi-même. Et si eux s’en faisaient pour moi, il n’en restait pas que l’inverse était tout aussi vrai. Ainsi, nous restreindre à une relation professionnelle était certainement le pire châtiment que le public pouvait nous infliger. Les hôtes étaient ma nouvelle famille et les personnes en qui j’avais le plus confiance.

    Je me sentais presque mal de devoir agir de la sorte lorsque nous nous retrouvions sur un plancher de travail, sur lequel nous devions nous montrer impeccable et sans failles pour bien jouer notre rôle et assurer dans le boulot que nous nous étions fait confié. Ce n’était pas toujours évident et bien sûr, l’envie me prenait souvent de prendre Lyam par surpris et de lui faire un câlin lorsqu’il ne s’y en attendait pas, de lâcher une bêtise lorsque Laury me lançait une perche… C’était toutes ces occasions pour lesquelles je faisais preuve de retenue qui me faisaient le plus souffrir… Mais maintenant que je regardais ça avec une nouvelle perspective, celle de ma relation future avec Adam, je n’en étais pas moins épargnée. J’avais des pincements au cœur juste à penser qu’encore une fois, nous devrions faire face à cette histoire de commérages. Je ne doutais pas que nous serions en mesure de passer par-dessus ce genre d’histoires, mais je ne voulais pas que le cercle en souffre. Parce que ces jeunes hommes étaient chers à mon cœur et ils méritaient bien mieux que de payer le prix de nos actes. Faire comme si de rien était en public était sans aucun doute la solution la plus sécuritaire qui me venait à l’esprit, puisque personne n’avait à savoir ce que nous faisions lorsque nous ne portions pas nos masques d’hôtes. Je n’aimais pas employer ce terme, mais il en restait tout de même que c’était sans aucun doute la description la plus rapprochée du vrai sens d’un hôte. Nous n’avions pas le droit à l’erreur après tout : notre comportement se devait d’être impeccable, nous ne devions pas laisser passer nos propres émotions pour ne pas compromettre une seule relation avec des clientes. C’était presque suicidaire lorsqu’un d’entre nous n’avait pas le moral et je me devais d’avouer que ce n’était pas évident, même pour moi, qui avait toujours eu un contrôle quelconque sur mon caractère fort. Il restait néanmoins présent et le risque de craquer sous la pression à la longue restait bel et bien présent. C’était peut-être ça qui me faisait le plus peur dans toute cette histoire : qu’en serait-il si je ne tenais pas à force ?

      « Bien sûr, j’ai confiance en toi. Mais dans les autres – je veux dire tous ceux qui doivent te tourner autour -, je n’ai que très moyennement confiance.

    Bien sûr qu’il me faisait confiance. J’avais été idiote en quelques sortes de penser ne serait-ce qu’une seconde qu’Adam ne me faisait pas confiance. Après tout, il en était ainsi depuis un an, non ? M’aurait-il vraiment engagée, moi, une parfaite inconnue, s’il ne m’aurait pas fait confiance. Du coup, je baissai mon regard vers le sol, me trouvant bien bête d’avoir osé penser de la sorte. Mais je le comprenais : il n’était pas facile tous les jours de faire avec le fait que nous étions tous considéré comme l’élite – si on pouvait utiliser un tel terme. Et ses sentiments étaient réciproques puisque moi-même, en y pensant bien, craignais un peu l’entourage auquel nous faisions face. Chaque hôte était très beau, charismatique et réputé pour le charme sans égal qu’il dégageait, et Adam ne faisait pas exception. Ne faisais surtout pas exception. Bien sûr, les goûts variaient d’une cliente à l’autre, mais je ne croyais pas avoir rencontré quelqu’un d’aussi charismatique que lui auparavant dans ma vie.

      ▬ « Ne t’en fais pas pour ça, j’ai ma garde personnelle dans cette résidence. Mon frère est du genre surprotecteur… »

    J’affichai une drôle de grimace à cette pensée, un sourire amusé se dessinant sur mon visage. C’était bien vrai, et c’en était même un peu effrayant. Je savais que tôt ou tard, ce qui me servait de frère allait apprendre ma relation avec Adam, que ce soit par les commérages ou par moi-même. Son statut d’hôte n’aidait malheureusement pas le grand brun, mais j’étais sans aucun doute la seule personne à être en mesure de faire taire le grand méchant loup qui dormait en mon frérot. Et puis, si je réussissais à mettre Lyam de mon coté, j’avais peut-être plus de chances de le faire capituler. C’était une situation à laquelle je devais remédier très bientôt, dans les jours à suivre.

      « Mais, si tu veux tout savoir, oui. Je suis prêt à attendre. Et je ne veux pas que tu sacrifies ta carrière – qui se promet d’être brillante. Enfin, tu sais, moi aussi, je t’attendrais. Je veux pas que tu agisses par dépit, et que tu aies plus tard des remords, parce que tu n’auras pas totalement profité de ton potentiel, ou parce que tu ne seras pas allée au bout de ce que tu pouvais faire. »
      « Je ne sacrifierai rien, promis. Je sais que tu m’en voudrais trop si j’oserais le faire. Mais je ne sacrifierai pas les occasions qui pourraient nous réunir à nouveau non plus. Alors ne m’en veux pas trop si je ne fais pas de temps supplémentaire que pour venir te rendre une visite… »

    Je lui adressai un air innocent, cet air d’enfant sage qui se voulait de le faire craquer, pour ensuite lui servir à nouveau ce sourire amusé, mon expression se détendant lorsque je sentis ses lèvres entrer en contact avec mon front. Je levai les yeux vers lui, encrant à nouveau mon regard dans le sien, comme s’y j’y avais trouvé l’étincelle à laquelle je ne pouvais plus me détacher.


oh bon sang, pardonne moi du délai ><
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyJeu 16 Juil - 0:34

[ HS : Mais bien sûr, c’est pas grave ; Adam pardonne t-o-u-t à sa September adorée =D . Et, au passage, ton avatar est tout simplement sublime <3 !]

Les apparences. Toujours correctes, souvent trompeuses. Aux yeux des hôtes, aux yeux des clientes, et de tous ceux qui croiseraient leur route dans un cadre strictement professionnel, ils ne resteraient probablement que deux collègues un peu plus complices que de coutume, tout au plus. Les sourires qu’ils s’adresseraient, en se croisant dans la vaste salle à manger ou le majestueux salon, ne seraient pour les autres que des formules gestuelles de politesse. C’était ainsi ; la seule échappatoire possible voulait que les deux jeunes gens s’acharnent à sauver les apparences, aussi vaines soient-elles. Et personne ne verrait les baisers qu’Adam glisserait dans le creux de son cou dans la pénombre du jardin, ni la façon dont il glisserait quelques mots à son oreille à la dérobée, en s’imprégnant au passage du parfum que dégageait sa chevelure aux reflets dorés.
Il en était ainsi depuis le début de l’aventure, à savoir depuis les premiers pas timides du groupe nouvellement formé. Les émotions soudaines qui se diffusaient dans leurs veines, les sentiments qui s’imprimaient dans leurs êtres, et toutes les réactions imprévisibles qu’ils auraient pût avoir, avaient été effacées, au profit de cet inimitable sourire qu’ils gardaient maintenant en toute circonstance. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’Adam s’était réfugié ici, ce soir, au détour de l’une des larges allées du jardin, probablement plus épargné par les murmures incessants ici qu’entre les murs de la résidence. Il savait pertinemment que de laisser transparaître ce qu’il ressentait devant les vacancières pourrait – à plus ou moins long terme, avec l’effet boule de neige – avoir un impact sur l’ensemble de la réputation des hôtes.
Jusqu’à cette soirée, cette perpétuelle retenue ne lui avait pas vraiment posé de problème. C’était son travail qui primait, et qui lui dictait la conduite à adopter. Il se concentrait tant qu’il le pouvait sur la clientèle, et rattrapait le temps perdu avec ses amis le soir, autour d’un verre, où chacun racontait avec une sorte d’excitation dans la voix à quel point une vacancière s’était montrée orgueilleuse ou charmante. Ce n’était donc ni les journées harassantes, ni les soirées organisées quelquefois mouvementées, qui empêchaient la cohésion du groupe. Il y avait toujours quelqu’un pour poser la main sur votre épaule lorsque la situation virait au cauchemar, pour faire apparaître sur votre visage ce sourire trop longtemps perdu ou pour chuchoter les mots réconfortants tant attendus.
Mais, à présent, tout paraissait plus compliqué, entortillé dans l’arc noueux de leur Destin. A côté de son travail en tant qu’hôte était apparue soudainement une autre source de bonheur, plus sûre et surtout bien plus attrayante. Elle n’était pour l’instant – après tout – qu’une promesse. La promesse de multiplier des entrevues, brèves mais incroyablement intenses. La promesse d’avoir une main à saisir lorsque le gouffre s’ouvrirait sous ses pieds. Ce n’était ni un chemin tout tracé de certitude, ni une image claire et précise de ce que serait son, leur futur. Et pourtant, cela suffisait.
Il se doutait bien que tôt ou tard, tout le monde serait au courant. Les hôtes en premier. Le temps aidant, chacun parvenait à déchiffrer pensées de l’autre, avec une facilité toujours déconcertante pour ceux qui surprenaient la scène. Et, s’ils devinaient sans problème un imperceptible changement d’humeur, ils verraient forcément qu’une relation amoureuse s’était ajoutée aux liens professionnels ! D’un autre côté, chacun des membres du Cercle avait nécessairement ses petits secrets ; le genre de chose que personne ne doit savoir, et que seuls vos vrais amis – les hôtes - évitent avec un soin méticuleux, sans poser de question qui pourrait paraître indiscrète. Ils étaient tous dans la même galère, celle de porter un masque et de ne pouvoir jamais dévoiler qu’à moitié son véritable visage.
Cela rappela à Adam un bruit qu’il avait entendu, sans pour autant prendre la peine de vérifier si ce n’était qu’une rumeur fondée sur un tissu de mensonge ou une information véridique. Dirty Diana. Quelques vacancières avaient mentionné son nom, au cours de l’éprouvante journée qu’il venait de passer. Dirty Diana. C’était plutôt le genre concierge sadique, rudement bien alertée des derniers potins, et qui prenait un malin plaisir à étaler la vie privée des gens. A croire qu’il y avait toujours une oreille attentive, un œil vigilant pour capter les faits et gestes des résidents … Cette Dirty Diana risquait de provoquer des étincelles sur son passage. Ou de faire se déverser des torrents de larmes, au choix.

Ne t’en fais pas pour ça, j’ai ma garde personnelle dans cette résidence. Mon frère est du genre surprotecteur…

Son frère. Adam se souvenait parfaitement de la silhouette élancée de Jayden, avec qui il n’avait pourtant jamais eu vraiment l’occasion de discuter. Probablement qu’il n’allait pas apprécier les liens nouveaux qui s’étaient créés entre sa sœur et lui-même. Probablement aussi qu’il ne réagirait pas de manière très pacifique envers cet intrus qui avait eu l’audace de s’approcher de September. Plusieurs hypothèses lui traversèrent l’esprit. Il fallait dire aussi que, pour lui, la relation que pouvait entretenir un frère et une sœur étaient une chose très compliquée, et difficilement compréhensible. En fouillant un peu les vieilles malles de la maison dans laquelle il avait grandi, il s’était découvert un jour une demi-sœur, tout juste aperçue un peu plus tard, un joli matin de printemps, alors qu’il croisait par hasard sa mère au café du coin. Elle devait avoir tout au plus deux ans de moins que lui, et son regard trahissait sans l’ombre d’un doute que le sang qui coulait dans leurs veines était - en partie – le même. Sur le moment, il en avait voulu à sa mère, qui s’était bien vite consolée de l’absence d’Adam – un peu trop vite à son goût - en mettant au monde un second enfant. Et puis, rétrospectivement, cela le laissait songeur : qui était cette inconnue qui lui paraissait si familière ? Comment et pourquoi parvenait-il à lire dans ce regard comme dans un livre ouvert ?
Alors il s’était contenté de s’appuyer sur les témoignages qui lui apportait son entourage direct. Là encore, la confusion régnait dans son esprit. Pour certains, le frère était un poids trop pesant, trop pressant. Pour d’autre, c’était un confident, un complice. Une sorte de meilleur ami, en mieux. Bref, il ne savait pas trop à quoi s’attendre avec Jayden. Au fil du temps, il avait juste plus ou moins crû percevoir que les relations entre les deux étaient difficilement compréhensibles, d’un point de vue extérieur.

« Surprotecteur ? Oulah, pas bon signe pour moi, ça … »

Etant lui même quelque peu protecteur, il se rappelait avec un demi-sourire la colère noire qui l’avait submergé, lorsqu’un jeune homme apparemment suicidaire s’était attaqué à l’une de ses amies. Alors c’était sans trop d’effort qu’il s’imaginait la réaction d’un frère, lorsque c’était sa sœur qui était concernée.

« Je peux te poser une question – enfin, t’es pas obligée de répondre, si tu veux pas - ? Tu t’entends comment, avec ton frère ? »

Le regard interrogateur qu’il posa sur elle trahissait tout à fait sa curiosité – une curiosité qui n’apparaissait que derrière d’épais murs de prudence et de précaution, parce qu’Adam ne voulait surtout pas aborder un sujet trop délicat, et risquer de gâcher leur soirée. Sûrement que cela ne devait pas être facile tous les jours, d’être comme c’était le cas quotidiennement au contact de son frère, alors qu’elle arborait son masque professionnel d’impassibilité. D’ailleurs, September s’était toujours démarqué par son courage, et c’était probablement cela aussi qui avait fait la différence entre elle et les autres. Elle ne fuyait jamais devant un obstacle, et ne se plaignait jamais lorsque les obstacles se succédaient. Et, quelque part, c’était rassurant de savoir que, si elle avait quelque chose à dire, elle n’hésiterait pas une seconde à le crier haut et fort. Même face à une tâche apparemment irréalisable, elle ne perdait jamais espoir et, quasiment à chaque fois, ses efforts payaient.

Je ne sacrifierai rien, promis. Je sais que tu m’en voudrais trop si j’oserais le faire. Mais je ne sacrifierai pas les occasions qui pourraient nous réunir à nouveau non plus. Alors ne m’en veux pas trop si je ne fais pas de temps supplémentaire que pour venir te rendre une visite…

Un sourire emprunt de malice et de candeur se dessina sur le charmant visage de la jeune femme. Bien sûr, absolument personne ne pouvait y résister. C’était une arme fatale, une botte secrète absolument infaillible.

« Une petite visite, dis-tu ? En tout bien, tout honneur, bien sûr. Et même plus si affinités … Après tout, il est dans le devoir de deux hôtes que de faire le point sur leur difficile journée, de temps à autre, en tête-à-tête … »

Son regard s’accrocha de nouveau à celui, dangereusement attirant, de September. L’atmosphère qui les entourait en paraissait magnétique, électrisée, et exerçant sur eux une influence irrésistible. La passion l’enivrait, et l’image parfaite de la jeune femme empêchait l’accès à son esprit de toute pensée rationnelle. Dans l’immensité de l’univers ne lui importait à cet instant que le contact délicieux entre leurs deux corps et l’étreinte de leurs esprits intimement réunis.
Dans l’immensité de l’univers ne lui importait qu’Elle.
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September E. Hans
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyVen 17 Juil - 7:15

    Sacrifices en tout genre étaient de mises lorsqu’on devenait hôte. J’étais au courant depuis le tout début, on m’avait tout expliqué, en détails, pour que je sois certaine de faire le bon choix en les suivant. Ne pas être soi-même, accepter de passer par-dessus son propre caractère pour ne faire que plaire à ceux que l’on servait. Nous avions beau être un groupe de la haute, prestigieux et réputé, il n’en restait pas moins que nous étions au service de nos clients, même si la réalité que nous semblions données était beaucoup plus douce, moins rude, plus acceptable. Car peu d’hommes acceptaient de servir de leur propre gré, sans qu’on les oblige, et pourtant, nous étions tous les sept la preuve vivante que nous n’avions pas besoin d’y être confronté pour le faire. J’avais du laisser bien des aspects de ma vie derrière moi en acceptant le travail : la sécurité d’un bon foyer confortable et des repas de mamans tous les sois, tout comme j’avais du passer par-dessus moi-même pour arriver à devenir réellement ce que les hôtes se devaient d’être. Inutile de vous dire à quel point j’avais mauvais caractère : mon frère était en quelques sortes réputés pour avoir cette personnalité qui se voulait assez fonceuse, et encore plus imposante. N’importe qui avait intérêt à se tasser de son chemin lorsqu’il prenait une décision ou encore lorsqu’il s’emportait. Eh bien, j’étais pire. De toutes les personnes sur la terre, j’étais la seule qui était en mesure de marcher sur les pieds de mon frère sans avoir besoin d’aller le toucher en l’attaquant directement sur son point sensible. Vous imaginez le résultat si je n’aurais pas pris le contrôle de moi-même ? C’était effectivement mon genre d’aller envoyer promener quelqu’un s’il n’aimait pas ce qu’on lui donnait, et pourtant, aujourd’hui, je ne bronchais pas et je souriais – pas sincèrement, mais au moins je le faisais – en tentant de trouver exactement ce qui plaisait à celles qui s’amusaient à jouer les capricieuses. Toutes des profiteuses, si vous voulez mon avis, mais ça encore une fois, je le gardais que pour moi-même et personne d’autre. Ainsi, j’étais en quelques sortes habituée de devoir faire des concessions, que pour le bien des autres. Chose certaine, on ne pouvait pas dire que les hôtes étaient des personnes égoïstes : que celui qui ose prononcer une parole de la sorte vienne me le dire en face pour que je lui dise le fond de ma pensée. Faire en sorte que ma relation toute nouvelle avec Adam ne vienne pas déranger l’œil que les clients avaient sur nous ne serait pas quelque chose de bien difficile en soi physiquement – quelques sourires échangés, pleins de sens, dont personne ne pourrait saisir la signification véritable – mais je savais que psychologiquement, il m’en serait beaucoup plus difficile. La tentation était malheureusement un ressentiment auquel il était toujours dur de lutter et je sentais que tous les jours ne seraient pas faciles. Mais j’avais confiance en moi, en nous, en Adam surtout. Avais-je vraiment peur ? Non, pas tant que ça finalement. Il en était surtout que j’étais de plus en plus avide de voir les jours passer, de voir comment notre relation évoluerait maintenant et je me permettais même de rêvasser comme une adolescente, là, maintenant, blotti contre lui, dans l’étau protecteur de ses bras. Une étreinte que je n’aurais échangé pour rien au monde et qui resterait sans doute gravée dans ma mémoire comme le début d’une toute nouvelle aventure, différente de toutes celles que j’avais vécu par le passé. Car évoluer dans le cercle d’hôtes était une chose, une expérience de vie incomparable, mais ce que j’avais découvert à présent, ces sentiments qui m’animaient comme jamais auparavant, n’était en point semblables avec mes anciennes expériences de vie. Le chemin ne serait pas facile, mais qu’en avais-je à faire après tout ? Ce qui se passait présentement ne concernait personne d’autre, si ce n’était qu’Adam et moi. Et j’avais bien l’intention de m’opposer à quiconque se voulait juge de ce qui se passait entre nous. Car oui, on ne pourrait pas se cacher longtemps. Les murs avaient des oreilles dans cette résidence et peu à peu, il était impossible de garder ses petits secrets longtemps. Elle n’avait pas porté de coup grave encore, mais elle était bel et bien présente puisque son nom se promenait sur toutes les lèvres. Celle rédigeait un blog sur la vie des résidents avait bien du culot et j’allais sans aucun doute faire un tour sur ce fameux site web, histoire de vérifier l’ampleur des dégâts qu’elle était capable de provoquer. Si cela se trouvait, j’avais bel et bien quelques raisons de m’en faire finalement.

    S’il y avait toutefois une personne dans toute la résidence pour qui l’avis m’était cher plus que tout, c’était mon frère. Il avait été pendant tellement d’années mon meilleur ami, mon confident, bien plus qu’un simple frère en fait et bien qu’il ait agit comme n’importe quel grand frère se doit de le faire – soit en me rendant la vie impossible par ses taquineries incessantes, car oui, il avait un sacré culot et un sens de l’humour particulier dont heureusement, je n’avais pas hérité – il en restait tout de même aujourd’hui la personne qui m’était la plus proche. Certes, il y avait Lyam. Pendant les trois années qui m’avaient séparée de mon frère, il avait été celui vers qui je m’étais tournée pour avoir l’appui et l’amour fraternel que Jayden ne pouvait malheureusement plus m’offrir suite à sa disparition soudaine dans ma vie. Malgré tout le temps qui nous avait séparé, je savais très bien quel était son caractère et s’il y avait bien une personne qui connaissait bien Jayden Hans, c’était moi. Parce que j’avais sans aucun doute jouer le même rôle qu’il avait joué pour moi pendant toutes ces années que nous avions passées ensemble, malgré notre différence d’âge et le fait que je sois sa cadette. Apprécierait-il vraiment que j’ai osé me rapprocher d’un garçon de la sorte ? Je savais qu’il n’en aurait pas fait un plat si cela aurait été quelqu’un en qui il aurait confiance – Lyam par exemple, bien que considérant la situation présente, il m’aurait tué d’oser en pincer pour son meilleur ami. Malheureusement, il ne connaissait pas Adam et pour le peu qu’il savait de lui, il n’en avait pas une bonne opinion. Mon frère avait cette bête manie de penser que les hôtes étaient tous des imbéciles, sauf Lyam et moi, bien entendu.

      « Surprotecteur ? Oulah, pas bon signe pour moi, ça … »
      « Oh ne t’en fais pas, tu as la meilleure arme avec toi pour faire capituler Jayden. »

    Je ne pus m’empêcher de rigoler légèrement en me pointant moi-même. Je savais un peu la réputation que mon frère avait dans la résidence – d’ailleurs, merci à Isaac qui s’amusait constamment à le surnommer le fou au camembert, décrétant qu’il n’avait certainement pas une image plus effrayante que ce grand ténébreux avec un couteau dans les mains. Haha, ça me faisait bien rire dans un sens, puisque je savais que mon frérot était – au-delà du premier regard – la personne la plus docile qui n’existait pas sur terre. Il en fallait beaucoup pour qu’il n’ose se fâcher réellement. Sauf que lorsqu’il le faisait, la personne qui l’avait mis dans cet état avait intérêt à ne pas tourner le couteau dans la plaie et à s’écarter du chemin si elle ne voulait pas se faire ramasser par un taureau en furie. Ouf, finalement, je crois qu’il était mieux pour Adam que je parles avec Jay avant que tous les deux ne fassent la conversation, et encore plus avant que notre relation soit mise sous les projecteurs avant qu’il n’en ait la puce à l’oreille.

      « Je peux te poser une question – enfin, t’es pas obligée de répondre, si tu veux pas - ? Tu t’entends comment, avec ton frère ? »
      ▬ « Oh… enfin. Mon frère a été par le passé mon meilleur ami. Je doute que ça n’ait changé aujourd’hui, mais nous nous sommes légèrement éloigné pendant les trois dernières années… Tu sais… Finalement, je crois que ça serait pas mal si nous étions capable d’avoir Lyam pour nous supporter. Il serait capable de faire danser une gigue à mon frère s’il le lui demandait… »

    La question d’Adam ne m’avait pas embêtée, au contraire. Je le comprenais peut-être un peu de s’en faire à cette histoire de Jayden et tout. Je ne pensais pas que mon frère poserait de problèmes si je lui demandais, mais il avait en quelques sortes changé depuis la dernière fois que nous nous étions rencontré, alors je ne savais plus sur quel pied danser. Il y avait de ces fois où je voyais encore celui que j’avais côtoyé toute mon enfance à travers le bleu clair de ses yeux – exactement le même que moi – et parfois, j’étais triste de découvrir que je n’étais plus capable de lire en lui comme j’en avais eu l’habitude par le passé, tout simplement car je ne reconnaissais plus cette étincelle qui brillait au fond de son regard. Elle n’était clairement plus la même et je me demandais tellement ce qu’il avait pu traverser pour changer à ce point. J’en savais déjà une majeure partie de toute cette histoire, mais je savais également que mon frère ne disait pas tout à ma mère, et encore moins à moi. Je supposes que c’était sa manière à lui de ne pas faire en sorte que celui que j’avais toujours connu s’éteigne si je venais à découvrir sa nouvelle nature.

      « Une petite visite, dis-tu ? En tout bien, tout honneur, bien sûr. Et même plus si affinités … Après tout, il est dans le devoir de deux hôtes que de faire le point sur leur difficile journée, de temps à autre, en tête-à-tête … »
      « Faire le point en tête à tête, huh ? L’idée est loin de me déplaire… »

    Un sourire plus malicieux se dessina alors, les coins de mes lèvres s’étirant, alors que j’approchais mon front de celui d’Adam – ayant malheureusement besoin de me dresser sur la pointe de mes pieds pour pouvoir y arriver – venant le coller contre le mien. Je fermis les yeux quelques secondes, ne faisant que profiter de cette étreinte qui m’aurait semblé tellement irréaliste, ne serait-ce que hier. Le destin n’avait décidemment pas terminé de me surprendre.

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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptySam 18 Juil - 1:13

C’est vraiment étrange, la vie, quand on y pense. On est persuadé de se connaître, et voilà qu’un événement – dû à un hasard tant improbable qu’incroyable – vient tout bouleverser. Les certitudes deviennent des doutes, et les doutes à leur tour des mensonges. Oui, Adam avait jusque là été bercé par la douce illusion de se connaître. Pas de tout connaître, bien sûr – la science infuse, de toute façon, n’existait pas -, mais au moins de savoir où étaient à peu près les limites qu’il se devait de ne pas franchir, les possibles réactions qu’il pourrait avoir dans une situation prédéfinie, et les quelques traits dominants de sa personnalité. Et il avait faux sur toute la ligne, à peu de chose près.
Son passé, il avait fait une croix dessus le jour où la porte de la demeure familiale avait claqué, le jeune homme en soif d’indépendance et de liberté ayant décidé de mettre un terme aux relations diplomatiques jusque là entretenues avec son géniteur. Dans son esprit, la page était bel et bien tournée. Définitivement. Lorsqu’il en parlait, ce n’était qu’avec des mots confus prononcés d’une voix dénuée d’enthousiasme. Lorsqu’il s’en rappelait, ce n’était qu’avec la douloureuse impression que ces souvenirs le hantaient, toujours aussi distincts malgré la poussière que les années auraient dû déposer dessus.
Son présent, c’était le Cercle. En tant qu’hôte, il était tenu de ne vivre qu’au jour le jour, en suivant le rythme très régulier des demandes des vacancières et des obligations professionnelles. Si le projet avait été jusque là un succès, il était cependant conscient que tout pouvait n’être qu’éphémère : d’un instant à l’autre, sur le fondement d’une rumeur ou d’un scandale un peu plus virulent que les autres, tout pouvait s’écrouler. Dans l’équation, il n’était pas exclu que le cercle vertueux devienne un cercle vicieux, et ce n’était pas Dirty Diana ou les autres de son genre qui allaient aider à offrir au Cercle une situation stable. C’était bien pour cela que chacun des membres se démenait chaque jour avec la même fouge, la même vigueur. Rien n’était gagné d’avance ; tout restait à prouver. Continuellement. Une vacancière insatisfaite ? Tout était remis en jeu. Et les dés qui étaient à nouveau lancés sur le plateau de leur destinée pouvaient ne pas amener la victoire avec eux.
Et son avenir ? Jusque là, ce sujet ne le préoccupait pas vraiment. Son avenir, c’était comme son présent, mais dans un peu plus longtemps. Peut-être avec le Cercle. Peut-être pas. Et September, avec son visage d’ange et ses paroles de velours, venait de façonner de ses propres mains ce futur, bien plus attrayant lorsqu’elle en faisait partie. L’avenir, ce n’était plus une supposition incertaine et présentant peu d’intérêt ; c’était surtout l’aboutissement de sa relation avec la jeune femme, la probable apogée de son bonheur. C’était des doutes, mais avant tout du bonheur et des espoirs. L’espoir de pouvoir l’observer, de longues minutes durant, chaque matin lorsqu’elle dormirait encore. L’espoir de pouvoir parler avec elle, des nuits durant, de la pluie et du beau temps, et de plein d’autres trucs vraiment idiots qu’il ne dirait qu’à elle. L’avenir, ce n’était peut-être rien. Mais rien avec Elle, c’était toujours beaucoup.

Jayden. Oui, il en avait entendu parler. En général, il n’écoutait pas d’une oreille très attentive les bruits qui circulaient, sur les personnes de la résidence. En même temps, il entendait tellement de fois dans la journée sortir de la bouche d’une vacancière le dernier ragot à la mode qu’il n’y prêtait plus grande attention. En revanche, il n’avait pas échappé à ce que lui avait dit Isaac, en qui il avait une confiance absolue. Peut-être qu’avoir un frère, c’était comme être avec Isaac, d’ailleurs. Le genre de personne pour qui vous sauteriez du haut d’un pont s’il vous le demandait. Le genre aussi qui savait à tous les coups comment vous rassurer, ou vous consoler. Bref. Jayden, ou du moins l’image qu’il en avait, c’était celle d’un jeune homme plutôt impulsif et ayant un faible pour les excès. Ce qu’il faisait, il ne le faisait pas à moitié. Et rares étaient les choses qu’il n’avait pas encore faites. Mais bon, tout comme il n’aurait pas apprécié lui-même que les gens se fient aux « on dit que » le concernant, Adam comptait bien ne pas s’arrêter à cette image là. Probablement qu’elle avait une part de Vérité, mais probablement aussi que les rumeurs dépendaient énormément de la personne qui en était la source.

Oh ne t’en fais pas, tu as la meilleure arme avec toi pour faire capituler Jayden.

Un sourire se dessina sur son visage, lorsque la jeune femme se montra du doigt. En fait, cela ne l’étonnait qu’à moitié. D’une part, Jayden était le frère de September, et les liens du sang primaient sur tous les désaccords possibles. D’autre part, Adam avait déjà eu l’occasion de voir la jeune femme en colère. Rarement, certes, mais quelques vacancières avaient appris à leurs dépends qu’en jouant avec le feu, on finissait souvent brûlée ... Cette fougue qui someillait en elle ne demandait qu’à se réveiller, et il ne doutait pas qu’elle devait savoir se montrer très persuasive, si elle le désirait. Paradoxalement, il appréciait ce caractère fort. La totalité des filles avec qui il avait eu une aventure jusqu’ici étaient plates, toujours à acquiescer par un mouvement convulsif de la tête, sans jamais avoir d’avis à exprimer ou de choses à redire. Vraiment lassant, et terriblement ennuyant.

Oh… enfin. Mon frère a été par le passé mon meilleur ami. Je doute que ça n’ait changé aujourd’hui, mais nous nous sommes légèrement éloigné pendant les trois dernières années… Tu sais… Finalement, je crois que ça serait pas mal si nous étions capable d’avoir Lyam pour nous supporter. Il serait capable de faire danser une gigue à mon frère s’il le lui demandait…

Là, Adam ne savait plus trop quoi penser. En fait, l’idée d’avoir de demander à Lyam de les supporter lui paraissait étrange. Ce n’était pas de Lyam qu’il doutait, bien sûr, mais il avait un peu l’impression qu’une coalition allait se former pour convaincre Jayden. Déjà, peut-être que Lyam n’allait pas apprécier le rapprochement entre les deux hôtes, et c’était son droit le plus fondamental. Ensuite, il n’était pas sûr que le frère de September apprécie beaucoup que son meilleur ami et sa sœur aillent tous deux obstinément contre son avis. Avec un peu de chance, la situation s’envenimerait, et ils finiraient tous les trois par se disputer. Et puis, après tout, Jayden avait le droit de ne pas voir d’un très bon œil leur relation, non ? Dans ce cas, autant qu’il le dise clairement, plutôt que d’adopter un sourire hypocrite devant Adam, simplement pour ne pas froisser les deux personnes dont il était très certainement le plus proche.

« Je ne sais pas … Je ne veux pas qu’il pense quelque chose de pas trop négatif de moi, juste parce que Lyam le lui a demandé … Enfin, ça aiderait sûrement, c’est sûr, mais ça pourrait être pire si Jayden commence à croire que toi et Lyam vous l’avez trahi, parce que vous ne vous rangez pas du côté de celui dont vous êtes plus proches - lui, en l'occurence -, ou un truc dans le genre. Je veux pas apparaître à ses yeux comme le-gars-qui-a-mis-tout-le-monde-de-son-côté. Mais bon, je te fais confiance, je veux juste pas que tout dérape dans le mauvais sens. »

De toute façon, c’était September qui était la mieux placée pour décider de ce qu’il convenait de faire. Adam ne cessait de se demander comment cela avait été, de grandir avec un grand frère. Autant les rapports parents/enfants étaient généralement semblables d’une famille à l’autre, autant ceux frères/sœurs étaient toujours très disparates. Ceux qui se haïssaient, ceux qui se chamaillaient, ceux qui se protégeaient, ceux qui s’entendaient à merveille, c’était vraiment étrange. Sûrement un lien très fort, le lien du sang, beaucoup plus fort que celui qui le liait à chacun des hôtes, alors qu’il voyait justement le Cercle comme une grande fratrie.

Faire le point en tête à tête, huh ? L’idée est loin de me déplaire…

“ ... Je dirais même qu’elle me plaît énormément ... Bien sûr, il faudra être discret ; tu as le goût du risque j’espère ?”

Il répondit au sourire espiègle qu’elle lui adressa, le défi était lancé. Le goût du risque, il l’avait toujours eu, et, quand bien même cela n’aurait pas été le cas, l’idée même de rejoindre September aurait révélé chez lui des capacités insoupçonnées.
Alors que leurs fronts étaient en contact – un contact rassurant et chaleureux à la fois-, il déposa furtivement un baiser sur ses lèvres gourmandes. Rien n’était prémédité, et tout se déroulait selon une logique implacable. Cette logique, c’était September – son sourire, son humour, la ligne déliée de ses mains, son caractère attentionné et la courbe gracieuse de son cou – qui exerçait sur lui une attraction contre laquelle il était vain de lutter, et délicieux de céder
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyMer 22 Juil - 5:43

    J’aurais tellement aimé pouvoir affirmer que je ne doutais de rien, maintenant. Malheureusement, c’était ce soir plus que jamais que je voyais pour de bon mon avenir s’embrouiller. Certes, il avait toujours été clair pour moi que mes prochaines années à venir seraient dessinées en fonction du cercle puisque j’avais bien l’intention d’y rester le plus longtemps possible. Le restant de mes jours ? Haha. Je doutais qu’une femme dans la trentaine n’ait que faire d’aller tenir compagnie à de jeunes adolescentes oisives qui en bavaient pour des hommes mûrs. Il en restait toutefois que la possibilité que le cercle vise une autre clientèle en vieillissant lui-même n’était peut-être pas exclue. Chose certaine, je comptais bien y rester jusqu’à ce qu’il se sépare, jusqu’à ce que chacun prenne son propre chemin. Cette idée me faisait peur, tellement que je n’osais parfois pas du tout y penser, tout simplement parce que je ne voulais pas voir ce jour venir. Lorsque je m’imaginais la scène, j’en avais des sueurs froides juste à penser qu’un jour, tout ce que je connaissais présentement, le bonheur et l’épanouissement, ne serait que souvenir. Un souvenir duquel je pourrais me réjouir, assise confortablement dans un fauteuil de mon salon, en pensant que c’était ça la belle vie. Oui, parce qu’il n’y avait rien de mieux que de ressentir qu’on donnait le meilleur de soi et que chaque nouvel exploit remontait la barre pour le prochain. J’étais un fille d’ambition, rêveuse mais réaliste, qui avait bien l’intention d’arriver à ses fins. Ce boulot était fait pour moi, parfait pour assouvir tous mes désirs, sans vraiment le réaliser. Pourquoi ? Parce qu’il m’arrivait si souvent de me plaindre intérieurement de ces filles trop capricieuses, de celles qui ne semblaient pas remarquer que c’était l’intention qui comptait et non la perfection. J’éprouvais un réel dédain pour ce genre de personnes, mais malheureusement, c’était souvent dans cet univers que nous évoluions. Chose certaine, j’y avais appris ma leçon sans même réellement le remarquer, tellement dégoûtée par cette vision que je m’étais promis de ne jamais devenir quelqu’un comme ça. Tellement, que j’avais demandé à Lyam de me faire la morale de ma vie si jamais je commençais à suivre le courant, histoire de me ramener les deux pieds sur terre et de faire ressortir la vraie September. Celle qui avait du caractère et un cran à faire trembler le sol, qui était franche mais diplomate, et par-dessus tout, celle qui avait un sens des valeurs bien placées, tout cela grâce à des parents exceptionnels et deux grands frères qui avaient su me tenir dans le bon chemin pour faire de moi une fille qui serait capable de tracer sa propre voie à la place de suivre celle qu’on semblait vouloir lui dessiner. Mais avais-je vraiment décidé et fait en sorte que la soirée se termine ainsi ? Jamais de la vie. Jamais je n’aurais osé ne serait-ce qu’imaginer une telle scène, même si parfois, ce que je ressentais en voyant Adam - lui, son allure, ses sourires, son regard – portait à confusion.

    Ce qui adviendrait de nous deux ? Le temps le dirait. Je n’y voyais plus clair et ça me faisait légèrement peur, moi qui avais l’habitude de tout voir à l’avance, de tout prévoir, ayant la crainte de se laisser porter par les flots et laisser mon futur dans les mains du destin. Et pourtant, sur ce coup, je sentais que je devrais lâcher l’affaire et laisser le temps agir dans la norme des choses, comme il l’avait toujours fait, comme il l’aurait fait si je n’aurais pas été aussi enclin à vouloir tout prendre en main. Chose certaine, je ne laisserais jamais personne venir se mettre au travers de ce qui se traçait tout doucement – mais sûrement. Les murs avaient des oreilles dans cette résidence, le mot intimité et toute sa signification n’avaient plus aucun sens et la vie de chaque personne y résidant était exposée aux yeux de tout le monde. Et cette pression d’être un hôte, cette pression de représenter la perfection en soi et de ne jamais déplaire à personne. J’aimais mon frère. Plus que tout. Il avait toujours été mon meilleur ami, il avait été toujours beaucoup plus qu’un simple frère à mes yeux. Je ne trouvais tout simplement pas les mots qui étaient en mesure de décrire vraiment ce que j’avais pu ressentir pour mon frère dans mon passé. Peut-être devrais-je même les inventer, puisque je n’en trouvais aucun qui savait prendre le sens d’autant de qualités. Et lorsque je les épluchais individuellement, elles semblaient trop nombreuses pour que je sois capable de les compter. Seulement, étais-je vraiment prête à faire autant de concessions lorsque ça le concernait ? Avais-je réellement la force de l’affronter ? J’en doutais. En trois simples années, nos liens s’étaient fragilisés au point de devenir inexistants pendant plusieurs moi. J’avais aujourd’hui l’impression d’avoir fait revivre une flamme, un petit feu que je devais entretenir pour qu’il retrouve toute sa splendeur qu’il avait auparavant. Ne serait-ce qu’un seul petit vent toutefois, une bourrasque, une brise, qui ferait en sorte que tout s’éteindrait, et pour de bon cette fois. Mais étais-je prête à le laisser s’imposer dans les décisions que je prenais ?

      « Je ne sais pas … Je ne veux pas qu’il pense quelque chose de pas trop négatif de moi, juste parce que Lyam le lui a demandé … Enfin, ça aiderait sûrement, c’est sûr, mais ça pourrait être pire si Jayden commence à croire que toi et Lyam vous l’avez trahi, parce que vous ne vous rangez pas du côté de celui dont vous êtes plus proches - lui, en l'occurence -, ou un truc dans le genre. Je veux pas apparaître à ses yeux comme le-gars-qui-a-mis-tout-le-monde-de-son-côté. Mais bon, je te fais confiance, je veux juste pas que tout dérape dans le mauvais sens. »
      « Je… je n'avais pas vu ça comme ça... »

    Et d’un coup, comme si la réalité m’avait frappée en pleine figure, mon sourire s’effaça et j’eus tellement honte de moi que j’allai enfouir mon visage dans le torse d’Adam, tous les scénarios possibles me traversant l’esprit, tous basés sur la possibilité que le grand brun m’avait soudainement exposée. La situation devenait de plus en plus compliquée, beaucoup plus que je ne l’imaginais. Mais je savais qu’il était dans mon devoir de petite sœur de faire en sorte que mon grand frère ne veule pas sauter à la gorge de tout ce qui m’approchait et éviter les mauvaises surprises. Ma relation avec Adam en serait une, si je ne l’avisais pas moi-même. Seulement, il y avait cette réputation qui nous collait à la peau, et j’avais la nette impression qu’elle était encore plus rattachée à Adam, étant donné qu’il était le fondateur de ce cercle. Il y avait ceux qui nous aimait, ceux qui nous trouvait utiles, et ceux qui nous détestait. Et c’était avec bien de la tristesse que j’avais découvert que mon frère se classait dans la troisième catégorie.

      « Je ne veux pas qu’il s’en prenne à toi. Seulement, je ne me sens peut-être pas assez forte pour l’affronter seule si jamais il devait sortir son mauvais caractère… Enfin, c’est mon frère après tout. On n’est pas de la même famille pour rien. Et… Je l’aime. Je l’ai perdu trop longtemps pour me permettre de le perdre à nouveau. Mais si jamais je devais à faire un choix entre vous deux tout simplement parce qu’il ne t’accepte pas, j’en serais incapable. Même en sachant qu’il a tort sur toute la ligne. »

    Et c’était là que j’avais besoin de Lyam. Parce que je l’avais toujours considéré comme mon frère également, cet espèce de petit brun à la drôle d’allure qui avait toujours fait partie de mon décor, du moins, du plus loin que je puisse me souvenir. Ma mère m’avait toutefois conté qu’il n’avait jamais quitté la maison depuis que lui et Jay s’étaient liés d’amitié, et ce, bien avant que je ne sois au monde. Il avait toujours été naturel pour moi que ce ne soit pas un duo avec mon frère, mais bien un trio qui comptait même avec les distances des membres impossible à délier. Parler à Jayden sans Lyam dans la discussion n’était pas une image qui me collait à l’esprit. Mais cela était-il nécessaire, étant donné les circonstances ? J’avais la nette impression qu’une conversation avec chacun d’eux avant serait nécessaire pour éviter les malentendus. Malentendus qui causeraient à notre perte si nous n’y portions pas attention ne serait-ce qu’un peu.

      « ... Je dirais même qu’elle me plaît énormément ... Bien sûr, il faudra être discret ; tu as le goût du risque j’espère ? »
      « Parce que c’est risqué en plus ? Alors là, ça m’intéresse d’avantage. »

    Je ne pouvais plus m’empêcher de sourire, tellement que j’en étais pratiquement plus crédible. Mais je ressentais une joie tellement intense qu’il m’était pratiquement impossible de la contenir. Adam déposa un léger baiser sur mes lèvres, bref, rapide, au point que je ne pus y répondre, malgré toute la volonté qui m’animait. Peu à peu, je succombais, je tombais lentement, sans même vouloir qu’on ne me retienne. Je me surprenais présentement à m’abandonner complètement à lui, me permettant de lâcher les rennes et de me laisser guider, sans que cela ne m’alarme ne serait-ce qu’une seule seconde. Au contraire, j’y trouvais un plaisir de plus en plus attrayant.
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MessageSujet: Re: Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D]   Each day a brand new veine - Each tourniquet colliding - [PV September =D] EmptyLun 27 Juil - 0:31

Cette sensation si particulière fit brusquement irruption dans son esprit. C’était simple, et pourtant ce constat gardait cette touche d’amertume toujours poignante : Adam n’avait pas de port d’attache. Bien sûr, il avait le Cercle, un semblant de famille, sans oublier September. Mais, objectivement, le Cercle avait été créé de toute pièce et sa famille n’avait jamais été complète, ni considérée comme telle. D’ailleurs, pouvait-on utiliser le nom de famille simplement parce que les mêmes codes génétiques étaient retrouvés dans le sang de plusieurs individus apparentés ? Dans l’esprit d’Adam, le mot « famille » concernait des petits déjeuners pris tous ensemble autour d’une grande table nappée, une entraide quasi-constante pour défendre les intérêts de ceux qui partageaient le même sang que nous, des photos sur le bord du buffet dans la salle à manger, une cohabitation parfois difficile mais toujours exaltante. Bref, une multitude de petits détails que lui avaient racontés les gens autour de lui, et qui ne collaient vraiment pas avec sa propre famille. Ici, pas d’entraide, tout juste un groupement hiérarchisé au sommet duquel s’était hissée sa grand-mère. Pas non plus de photo, si bien qu’il avait passé déjà de longues minutes devant le miroir – quand il était gosse – à se demander quels traits de son visage pouvaient être un héritage maternel.
Quant à September, elle venait d’apparaître dans son esprit et dans son cœur – pas comme hôte, certes, mais comme charmante jeune femme ayant une panoplie démesurée de qualités en tous genres. Elle était l’inconnue manquant pour résoudre l’équation, une équation qui déciderait de la tournure que prendraient les évènements à l’avenir.
Oui, il y avait Isaac aussi. Cela faisait à présent un nombre considérable d’années qu’ils se côtoyaient tous les deux, puisque leur première rencontre avait été au collège. A cette époque, ils s’échangeaient des cartes Pokémon, entre le cours de maths et celui d’histoire ; autant dire que les années qui les séparaient de cette période paraissaient des siècles, écoulés lentement en suivant le parcours sinueux d’une seule et même voie. Mais depuis qu’ils étaient tous deux hôtes à temps plein, les moments où ils se retrouvaient – comme au bon vieux temps – à discuter de tout et de rien se faisaient plus rares, plus courts et plus précieux. Finalement, le projet qui avait scellé des années d’une entente parfaite et d’une complicité remarquable avait aussi contribué à les séparer l’un de l’autre. Un simple regard ne suffisait plus pour remplacer de longues et fastidieuses phrases, même si leur amitié était loin d’être arrivée à bout de souffle.

Je… je n'avais pas vu ça comme ça...

Et il aurait très probablement préféré ne pas voir la situation sous cet angle là. D’habitude, il essayait de fermer les yeux, de se dire que tout allait bien se dérouler, et qu’aucun incident ne viendrait entâcher ce qu’il avait prévu. Mais, d’habitude, ce n’était pas ses sentiments et ceux de September qui étaient concernés. D’habitude, les enjeux étaient moindres et d’un autre ordre. Bref, il ne s’agissait aucunement d’habitude dans le cas présent, loin s’en fallait.
L’image de Jayden amena avec elle celle d’Elwin et de sa soeur. Adam s’était en effet attiré les foudres d’Eleonor, lorsque son frère accepta d’intégrer le groupe d’hôte. C’était cela qu’il sous-entendait, lorsqu’il disait qu’il n’avait pas de port d’attache : chacun avait une vie ou de la famille à côté du Cercle – September avait Jayden et Lyam, Eleonor avait Elwin, et ainsi de suite -, il y avait toujours une porte de secours prête à s’ouvrir en cas de besoin. Oui, il avait quelquefois l’impression d’attacher beaucoup d’importance à des personnes qui, finalement, ne ressentaient pas les choses de manière réciproque. Il ne pensait pas cela particulièrement par rapport à September, bien au contraire, mais c’était là son point de vue général. On ne pouvait pas non plus vraiment dire que ce constat réaliste le dérangeait – non, il comprenait. Il comprenait que les gens puissent perdre un ami, mais jamais renier un frère. Il comprenait que le sang, le code génétique ne trompent jamais, alors qu’un ami pouvait toujours revenir sur des promesses trop vite faites.

Je ne veux pas qu’il s’en prenne à toi. Seulement, je ne me sens peut-être pas assez forte pour l’affronter seule si jamais il devait sortir son mauvais caractère… Enfin, c’est mon frère après tout. On n’est pas de la même famille pour rien. Et… Je l’aime. Je l’ai perdu trop longtemps pour me permettre de le perdre à nouveau. Mais si jamais je devais à faire un choix entre vous deux tout simplement parce qu’il ne t’accepte pas, j’en serais incapable. Même en sachant qu’il a tort sur toute la ligne.

“ Bien sûr, je le sais. Je comprends. Mais ce n’est pas pour ça que c’est plus facile à vivre. J’ai un peu l’impression d’être au milieu de ces familles, tu sais, où tout le monde se regroupe en aparté, pour décider si oui ou non, j’aurai la permission de passer la soirée avec toi. Et moi, je dois juste rester passif, et tenter – probablement en vain - de faire bonne impression, d’afficher un sourire poli en toute circonstance pour prouver que je suis digne de toi.”

Tiens, d’ailleurs, ça lui rappelait aussi Le Parrain – et plus généralement ces films du même type sur la mafia italienne. Et lui, il avait le rôle du prétendant, qui apportait le café et essayait de répondre juste aux questions posées – en un mot, d’être apte à se voir accorder le privilège d’approcher September. C’était assez étrange, à vrai dire, mais l’inverse lui aurait sûrement paru plus étrange encore : Jayden était son frère. Probablement l’image masculine la plus importante au yeux de la jeune femme, et la plus présente dans sa vie. D’ailleurs, Adam – s’il avait eu le privilège de pouvoir occuper la fonction de frère – aurait sûrement aussi tenté de défendre les intérêts de sa soeur, de lui épargner les chagrins d’amour et les maux de coeur.
Bon, de toute façon, il savait que cette procédure était fondamentale – tant aux yeux de September, qu’à ceux de Lyam et Jayden, d’ailleurs -, tout comme il savait que s’y plier était indispensable pour eux deux. Un mauvais moment à passer, mais un moment auquel il ne pouvait se soustraire de quelque moyen que ce soit.
Cependant, l’exaltation ne manquait pas. Si une des jeunes femmes qu’Adam avait côtoyées auparavant lui avait demandé ne serait-ce que le quart de cela, ce dernier aurait immédiatement refusé, sans chercher à comprendre le pourquoi du comment. En outre, il avait toujours redouté l’engagement, qui – par nature – s’opposait à la liberté ; trop définitif, trop irrévocable, trop difficile à assumer. Au final, c’était un peu le sentiment d’être pris au piège, au centre d’une troupe d’assaillant qui ne juraient que par votre capitulation. Et, là encore, les habitudes étaient trompeuses : là, l’engagement, c’était le prix de ses efforts ; c’était l’aboutissement d’une longue démarche par laquelle il prouverait à September à quel point elle pouvait compter pour lui, maintenant.

Parce que c’est risqué en plus ? Alors là, ça m’intéresse d’avantage.

“ Risqué ? C’est peu de le dire ! Je crois bien qu’il va falloir te surpasser. Mais je ne voudrais pas que tu prennes des risques inconsidérés, surtout ...”

Et son regard ne quittait pas le sourire qu’elle arborait, ce sourire radieux et charmeur à la fois. Extrêmement tentateur, surtout. Il y avait - déjà - la façon dont ses pommettes se dessinaient, et – ensuite – celle dont son sourire s’étirait petit à petit. Une foule de détails insignifiants pour la quasi-totalité des gens, et qui lui paraissaient d’une importance capitale à présent. Il voulait, plus tard, que ce sourire lui apparaisse lorsque ses paupières seraient closes, sans que rien n’y manque. Ni l’alignement parfait de ses dents, ni l’effet que ce simple sourire avait sur lui.
Et ses mains, posées au niveau du dernier creux formé par la colonne vertébrale, juste dans le bas de son dos, gardaient un souvenir tactile de ce contact étrange – celui d’une première étreinte amoureuse. Il voulait, plus tard, se souvenir les yeux fermés de cet avant-goût de paradis.


Citation :
Excuse moi mille fois des délais pour répondre ...

Je me demandais aussi - à tout hasard - si tu pense qu'il aurait été éventuellement possible de faire un autre sujet [en finissant celui-là] qui se déroulerait bien sûr plus tard chronologiquement |après le bal et les premiers articles de Dirty Diana] ?
Enfin, pas forcément tout de suite maintenant, hein, mais à un moment ou à un autre quoi ...
-> Tu peux aussi me dire que tu ne veux pas, ça ne pose aucun souci ! =D
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