« Je ne suis pas une vraie princesse, je n'ai pas de prince charmant! A moins que tu veuilles jouer ce rôle ? »
« Pourquoi pas ? »

Cette question ne m’avait pas surpris, je m’y attendais. Il était comme logique qu’elle ajoute cette remarque à une telle affirmation. Qui ne l’aurait pas fait ? Bon d’accord, un tas de gens ne l’aurait pas fait. Devais-je prendre cette remarque comme un signe ? Un signe de quoi au juste ? Décidément, je n’avais que des questions, des questions et des questions. Je me tournai alors vers le sujet de mes questions qui me regardait dans les yeux et je lui fis un sourire. Je me baissai alors, question de faire une sorte de révérence. Je ne savais pas particulièrement faire une révérence, je ne vivais tout de même pas dans l’époque des temps modernes, l’époque des princes, des rois et tout. Bon d’accord, il y avait encore des rois et des reines aujourd’hui, comme la reine d’Angleterre par exemple, mais ils jouaient un rôle beaucoup moins important qu’auparavant. Aujourd’hui, n’importe qui pouvait devenir grand, malheureusement. Avant de me relever, je pris doucement la main de Sawyer et je l’embrassai, la main bien entendu. Je me relevai ensuite et je lui dis avec un sourire charmeur :

« Si j’en ai l’étoffe bien entendu. »

C'était quoi, avoir l'étoffe d'être un prince ? J'avais déjà été un prince en quelque sorte. Un prince sans la pression d'avoir bientôt la grande responsabilité de diriger un royaume. J'aurais pus diriger un royaume, le royaume de mon père. Le grand royaume du cinéma, mais je n'aimais pas le cinéma. J'en avais tellement vu dans ma vie, il n'y avait eu que du cinéma dans ma vie. Du cinéma littéralement et pas littéralement. Combien de fois m'avait-on mentit avec une telle ardeur que l'on aurait très bien pu dire que c'était du cinéma ? Il était certain que si j'étais devenu producteur, j'aurais presque pu aider l'équipe de casting d'un film à trouver de nouveaux acteurs fabuleux. J'avais presque connus que des acteurs, autant de métier que de simples acteurs de la vie. J'avais énormément de contact dans le show-biz, même si je m'en passerais bien. Je poussai un soupir, j'avais toujours eu cette tendance à trop penser, à gâcher ces moments sensé être parfaits. Heureusement que mes interlocuteurs ne lisaient pas dans mes pensées, cela gâcheraient le moment des deux côtés. Avec le temps, j'étais devenu doué pour ne pas démontrer ce qu'était mes pensées sur mon visage, j'étais légèrement dégouté présentement, mais j'avais l'air paisible et ne paix avec moi-même. Je regardai Sawyer, elle était si belle dans sa perfection bien à elle. Je me demandais ce qu'elle faisait ici, à travailler pour des clients parfois idiots et une patronne parfaitement invivable. Comment en était-elle arrivée là ? Avait-elle vécu une belle vie ? Vivait-elle des tourments que j'ignorais ? J'ignorais tant d'elle. Pourquoi étais-je là en sa présence ? Nous nous connaissions si peu et pourtant, je me sentais proche d'elle. Et même que parfois, il m'arrivait de me demander si je ne ressentais pas quelque chose de plus. Tout en recommençant à marcher, je regardai Sawyer et je lui demandai doucement;

« Nous sommes souvent ensemble et pourtant, je ne te connais pas beaucoup. Je veux savoir, dit-moi pourquoi travailles-tu ici ? As-tu des frères ou des sœurs ? J’aimerais vraiment en apprendre plus… »

Je pouvais paraitre curieux, je l’étais en fait. J’avais cette petite tendance à toujours vouloir tout savoir. Peut-être était-ce un défaut chez moi. Je me devais bien de m’avouer que, souvent, cette curiosité tournait à l’exagération. Pour certains, la curiosité était une belle qualité, pour d’autre c’était un horrible défaut. J’ai peur d’être de l’autre côté, quelle malchance.

« Génial, j’aurai l’étoffe pour une personne au moins. »

Je lui fis un sourire un peu faible. Cette remarque avait bien entendu un double sens que seul moi pouvais comprendre. Même que je n'étais pas certain de le comprendre moi-même. Comment je devais avoir l'air idiot, si jamais un passant, qui miraculeusement avait le pouvoir de lire dans mes pensées, passait près de moi, il rirait à en mourir tellement j'étais bête. Encore une fois, j'étais heureux que personne ne puisse lire dans mes pensées. Les pensées sont réellement un endroit personnel et je comprends maintenant pourquoi. Comment je me répète, même dans mes pensées. Ressentant la légère brise qui s'était levé, je regardai Sawyer qui semblait avoir beaucoup plus froid que moi. Il était normal qu'elle ait froid puisqu'elle ne portait qu'une légère robe et rien d'autre. Personnellement, je portais ma traditionnelle chemise avec un pantalon, tout à fait banal. Je n'avais pas de veste à lui offrir et j'hésitais légèrement à faire ce que je pensais de faire. Je décidai donc d'écouter simplement Sawyer me raconter sa vie et que je m'occuperais de la question « froid » plus tard. Lorsque je l'entendis dire qu'elle venait de New York, une sorte de lumière s'alluma dans ma tête. Comment tant de coïncidence était-elle possible ? Moi qui n'écoutais que d'une oreille, je me tournai vers elle et je l'écoutai beaucoup plus attentivement. J'étais réellement curieux d'en apprendre plus sur elle. J'étais toujours curieux de toute façon. Je la regardais m'expliquer que sa grand-mère était malade, que sa soeur était une vraie garce, etc. Je n'ai pus m'empêcher de sourire. Elle avait cette manière d'expliquer qui était vraiment mignonne. Décidément, j'étais en train de craquer et de devenir ringard. Mignonne ? Franchement, quel mot y a-t-il de plus idiot que mignonne ? Je passai ma main dans mes cheveux et je décidai de répondre à ces questions.

« Tu sembles avoir eu une vie mouvementée. » je souris, j'étais en train de penser à ce que je pouvais dire. Qu'avait ma vie d'intéressant ? « Personnellement, je suis aussi né à New York. Ma mère était une grande actrice, elle était vraiment douée. Et mon père était son producteur, un très grand producteur. J'étais, par conséquent, dans l'une des familles riches de New York. Je n'ai pas eu de traumatise d'enfance, en fait ma vie a été plutôt tranquille. Mes parents n'étaient pas toujours présents pour moi, mais j'avais toujours quelqu'un pas loin quand même. Il y a trois ans, j'étais à une soirée et Adam est venu me demander si je voulais être un hôte. Franchement, je n'en revenais pas. J'étais le genre de garçon pas très sociable et plutôt solitaire, je n'avais rien d'un hôte. Pourtant, aujourd'hui je ne changerais pas de vie. »

J’étais complètement ailleurs en racontant tout ça. Comme si je racontais ma vie à moi-même pour me convaincre qu’elle était magnifique. J’avais délibérément passé la partie concernant ma meilleure amie. Je ne voulais pas ternir mon image. Ce qui était plutôt bête puisqu’un jour ou l’autre, Sawyer serait sans doute au courant de cette histoire. Plus ce jour était loin, mieux c’était. Je me rappelai alors de la question « froid » et je regardai Sawyer. Je pouvais parier que même si elle ne le démontrait pas, elle avait froid. J’approchai alors ma main de son bras et je le caressai du revers de ma main. Je levai alors mes yeux pour la regarder dans les yeux et je lui fis remarquer.

« Tu as l'air d'avoir froid. » J’ajoutai à cette remarque un petit sourire comme pour rire de ma remarque ou de rien en particulier. Je dis ensuite. « Approche. »

Je passai alors mon bras sur ses épaules, pour la réchauffer bien entendu. J’espérais qu’elle n’interpréterait pas mal ce geste et qu’elle ne se détache pas de moi. Je devais bien m’avouer qu’avoir mon bras sur ses épaules me plaisait. L’idée que je l’a protégeais d’un certain sens était agréable à savourer. J’avais toujours été très protecteur envers les gens que j’aimais, sans doute que l’on pouvait dire que j’aimais la jeune fille, dans quel sens ? Je l’ignorais moi-même. Bon sang, on n’était pas très bien partit.

« Je pense que tu caches quelque chose mais si un jour tu veux m'en parler je serai tout ouïe et puis je suis là pour ça! Enfin non pas totalement mais... en gros je suis là! Au faite ton père producteur??? Le mien l'était aussi et ma mère est un ex-mannequin très réputée, elle défile bien même si j'ai du la voir que deux fois, elle préférait emmener ma sœur, moi mon père m'emmenait sur les plateaux, j'aimais bien voir ce qu'il faisait! Ma sœur elle a voulu devenir actrice mais elle n'a pas apprécié le monde du showbiz... en même temps il faut savoir s'imposer et elle elle n'y est pas arrivée, bref... on s'est peut être déjà vu sans le savoir! »
« Si jamais un jour j’ai besoin de me confier, je penserai à toi alors. Et je ne crois pas que l’on se soit déjà vu sur un plateau. Je n’ai jamais vraiment aimé aller dans ce genre d’endroit. »

Sur ce coup, je ne mentais aucunement. Je n'avais jamais aimé aller sur les plateaux de mon père. Surtout que souvent, il me l'interdisait. J'aimais voir ma mère à la télé ou au théâtre, mais mon intérêt pour ce genre de choses s'arrêtait là. J'avais toujours aimé voir ma mère au théâtre. Elle était magnifique lorsqu'elle jouait et il fallait bien que je vois où allait tous ces efforts qu'elle faisait pour se rendre à ce niveau. Je me rappelais que lorsque j'étais très jeune, j'avais participé à une pièce de théâtre. À ce qui parait, j'étais très doué. Je ne m'en rappelle à peine personnellement. De toute façon, les enfants sont toujours doués partout. C'est en grandissant que les exigences deviennent plus grandes et qu'ils perdent leurs talents.

Je sentis alors la main de la jeune fille dans mon dos. Je lui souris. Lorsqu'elle me remercia, je la regardai, curieux. Je ne voyais pas en quoi elle devait me remercier. Je n'avais rien fait pour elle, non ? Mais je n'osai pas la contrarier. Mes sentiments se mélangeaient. Avais-je le droit de l'aimer ? N'était-ce pas une interdiction ? Elle n'était pas une cliente, j'avais sans doute le droit, mais en même temps... Je me voyais mal en couple. Je n'avais jamais été dans une relation qui a duré longtemps. Autant dire que ma plus longue relation avait duré une semaine. Je savais que toute cette histoire allait finir comme ça. Avec un baiser ou une quelconque autre chose qui me passerait par la tête. Et le lendemain, nous nous verrions et nous saurions comment réagir. Est-ce que j'avais réellement envie de supporter ça ? Si je sortais avec Sawyer, cela n'affecterait-il pas l'avis des clientes ? J'étais perdu, j'avais envie d'en parler avec Sawyer, mais elle penserait sans doute que j'allais trop vite, ou une quelconque autre chose. J'allais trop vite d'ailleurs. Je n'étais même pas certain de l'aimer. Merde, comment j'étais con. Plus je pensais, plus je me trouvais idiot. Je ressentais une toute bête attirance et voilà que je commençais à paniquer comme si je venais de me marier dans un état alcoolisé.

Je poussai un soupir et je la regardai. Je n'ai pus m'empêcher de la remarquer. Ses cheveux blonds au vent lui donnaient l'air d'un mannequin. Je savais bien pourquoi sa mère était mannequin, elle devait être magnifique. À voir sa fille, il n'y avait d'autre choix. Je me suis alors aperçus que le père de la jeune fille était mort et que je n'avais même pas prit la peine de lui porter mes condoléances.

« Je viens de m’apercevoir du comment j’ai été bête. Je tenais à te donner toute mes condoléances pour ton père… Ça a du être vraiment horrible. Heureusement que ta grand-mère était là. »

Au moins, comme ça, elle pouvait s'apercevoir que j'avais prit la peine de l'écouter me raconter sa vie et que je n'avais pas fait semblant d'écouter. Je regardai alors le soleil qui était couché et la lune qui s'était levée. Le ciel était étoilé et magnifique. Souvent, en ville, les étoiles n'avaient pas la chance d'apparaitre à nos yeux. Ici, elles étaient si présentes que l'on avait l'impression qu'elle s'était regroupée exprès pour qu'on les admire. Je savais que quelques jours pendant l'année, il y avait une pluie d'étoiles filantes. Cela devait être magnifique à voir. Comme si je l'avais fait venir avec cette pensée, une étoile filante traversa le ciel. Je me dépêchai alors de dire à Sawyer :

« Lève les yeux, vite! Tu pourras peut-être faire un vœu… »

Personnellement, même si je l’avais vu, je ne souhaitais pas faire de vœu. Je trouvais cela bien idiot que de croire qu’une simple étoile pouvait réaliser mes souhaits les plus chers alors que moi-même je n’y arrivais pas. Bon d’accord, je n’avais aucune réelle raison de trouver cela bête lorsque l’on considérait que j’étais au moins dix fois plus bête que cette étoile, parfois.

« Par pitié ne me redit plus jamais ça! Les condoléances j'en ai eu des tonnes pendant mon enfance, et ça ne la pas ramener, alors arrête, ce n'est pas méchant du tout mais même si je t'aime bien, ne recommence pas! La vie est faite de haut et de bas, comme pour la plupart d'entre nous! On a tous vécu de bons comme de mauvais moments et je préfère me dire que mon père veille sur moi... Je m'égare un peu là je crois... Je vais peut être arrêté de parler! »

Je la regardai m'expliquer tout ça et je lui souris. Un sourire sincère sans mensonge ni rien. Je n'avais jamais perdu de proches de cette façon et pourtant je pouvais bien m'imaginer ce qu'elle pouvait ressentir. Elle devait en avoir marre d'en entendre parler. J'étais heureux de n'avoir jamais perdu un proche. J'ignorais quel genre de réaction je pouvais avoir à ce genre d'annonce. Réagirais-je comme je le fais habituellement ou serait-ce une réaction qui me surprendrait ? Souvent, je réagissais avec très peu d'émotions. C'était une chose qui me caractérisait depuis que je suis très jeune. Mais plus j'avançais et plus je me surprenais. Je me comprenais mieux si l'on veut.

« Non continue, c’est pas moi qui va meubler la conversation. »

C’était vrai après tout. Le plus long dialogue que j’avais dit, c’était quand j’avais raconté ma vie. Après, c’était normal que lorsque je raconte ma vie, le tout dure un peu plus longtemps. On pouvait donc considérer qu’il ne fallait pas se fier sur moi pour remplir une conversation. J’avais toujours été chanceux sur ce point. Je rencontrais toujours des personnes bavardes qui savaient meubler une conversation sans mon aide. C’était toujours plus agréable pour moi quand je ne me cassais pas la tête à essayer de trouver quelques choses de potables. Lorsque je lui montrai l’étoile et qu’elle leva la tête, faisant sans doute un vœu, je souris. Je ne faisais pas de vœu parce que j’étais rabat-joie, mais tout simplement car parfois ce n’était tout simplement pas moi. Il y avait de ces choses que l’on ne fait pas tout simplement car l’on a notre honneur ou nos convictions. Il était hors de questions qu’un jour, je mette mes espoirs sur une étoile. Je savais que c’était exagéré, que ce n’était pas mettre ces espoirs sur une étoile, mais tout simplement souhaiter quelque chose que l’on peut, au pire, nous même réaliser. Pourtant, j’avais du mal à me faire à cette idée. Lorsqu’elle me demanda quel vœu j’avais fait, j’hésitai à lui dire la vérité. Comme d’habitude, je déballai mon sac quand même;

« Hum, je n’ai pas fait de vœu. »

Oui, j'appelais ça « déballé mon sac ». Huit mots pouvaient bien être considérés comme tel, non ? Bon d'accord, je donnerais sans doute des explications plus tard. Il était certain que j'en donnais souvent des explications, avec le peu d'explications que je donnais de bonne volonté, il n'y avait d'autre choix que de me demander dans donner plus. Même moi dans ce genre de cas demanderait plus d'informations. Sachant que j'allais bientôt devoir quitter Sawyer, il n'en restait que l'heure avançait, j'avais envie d'en tirer le maximum de cette conversation et pourtant je m'en sans incapable. C'était trop « antinaturel ». Mais je décidai de faire un effort quand même. Pour les quelques minutes qui restaient, autant que j'en tire le plus.

« Et toi, quel vœu as-tu fait ? Si tu en as fait un bien entendu… »

Je lui fis un mince sourire. Il n’en restait pas moins que la fatigue commençait à s’attaquer à mon esprit et qu’il fallait que je réfléchisse deux fois plus avant de parler, quelle connerie je pourrais sortir en état de fatigue après tout ?

Lorsqu'elle me parla d'une boule magique, je n'ai pus m'empêcher de faire un sourire. Pas que je riais d'elle, mais le fait qu'elle me parlait d'une chose aussi enfantine me faisait me rappeler de son caractère. Sawyer était le genre de personne encore un peu enfant, qui te rappelle cette belle époque avec une facilité déconcertant. Je n'avais jamais eu de boule magique, mais je savais en quoi cela consistait et je ne pouvais m'empêcher de me dire que c'était une chose plutôt simple en fait. Si elle voulait y croire, c'était tant mieux pour elle. Mais personnellement, j'avais du mal à me fier à une chose qui consiste à mettre un dé dans une boule, un dé avec des mots tels que « oui » etc. C'était beaucoup trop simple, il n'y avait que du hasard dans ce genre de truc. Je m'avait alors aperçus qu'elle n'avait pas répondu à ma question. Je me mis alors à me faire des idées, à penser que peut-être cela me concernait et que par conséquent, elle ne voulait pas partager ce genre d'information avec moi. J'étais un peu trop rêveur peut-être. Je ne pouvais m'empêcher d'espérer, espérer qu'elle pense à moi dans le même sens auquel je pensais à elle. J'aurais aimé lui dire ce que je pensais, mais c'était trop tôt... pour moi ou pour elle ?

J’entendis alors sa voix mélodieuse me sortant de mes pensées, je relevai les yeux et je la vis. Elle me tendait la main et était trempée à un point tel que je le serais aussitôt que je la toucherais. Elle était magnifique, on aurait dit un ange. Sans même avoir à y penser, j’avançai vers elle et je lui pris la main. Sa main était douce, je souris à son contact. Je montai ensuite sur la fontaine et j’allai la rejoindre. Mes pieds se placèrent exactement à la place que j’aurais préférée éviter, juste devant elle. J’aurais préféré l’éviter pour la simple et bonne raison que je me connaissais. Cette scène, c’était trop beau, j’allais tout gâcher comme d’habitude. Je regardai alors autour de moi, mais mes yeux se reposaient toujours sur la même personne. Sans même me demander la permission, ma bouche s’exprima;

« Tu es… magnifique… »

Je la regardai. Je pouvais parier que des étoiles brillaient dans mes yeux. J’étais ébloui, tout simplement. Pris d’une soudaine pulsion, je me penchai vers elle. Je ne voulais pas, je ne souhaitais pas m’embarquer dans toute cette histoire. Et en même temps… en même temps je ne pouvais pas me contrôler. Je posai doucement mes lèvres sur celle de Sawyer. Ce fut le plus court, mais le meilleur baiser que j’eus dans ma vie. Je sentais si bien l’étincelle que nous nous partagions que ça me faisait sentir... tout drôle. Mais avant même que je comprenne ce qui m’arrive, je me reculai. Je la regardai complètement désemparé et je lui dis en ne pouvant retenir mes bégaiements;

« Je… je suis désolé. Je ne voulais pas. Je… je dois partir. »

Et je sortis de la fontaine. On aurait presque pu dire que je fuyais. Était-ce cela ? Est-ce que je fuyais ? Lorsque mes pieds mouillés touchèrent le sol, je courrai vers la sortie. Je ne voulais pas la blesser, je ne voulais pas lui faire du mal, mais c'était plus fort que moi. Toute cette histoire... Ça allait trop loin, je devais y repenser lorsque je serais bien réveillé. Je savais que si je continuais dans cette lignée, le tout dégénérerait et ça se finirait comme je ne le voulais pas. Dans un endroit que j'avais trop connu dans ma vie. Lorsque j'entrai à l'intérieur de la pension, je poussai un énorme soupir. Et pourtant, je ne me sentais pas soulagé. J'étais toujours aussi perdu. Je ne savais plus ce que je devais faire... j'avais besoin d'en parler, d'avoir des conseils qui en valaient la peine. Je poussai un soupir. S'en était trop pour moi. J'avais besoin de dormir, présentement. Avant d'aller dans ma chambre, je n'ai pus m'empêcher de me retourner pour regarder à l'extérieur. De là où j'étais nous ne pouvions voir beaucoup de choses du jardin. Mais on pouvait voir la fontaine et Sawyer qui devait être complètement désemparée...