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 whole lotta love ▬ jay&sandy

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Jayden E. Hans
Jayden E. Hans
e m p l o y é

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MessageSujet: whole lotta love ▬ jay&sandy   whole lotta love ▬ jay&sandy EmptyDim 28 Juin - 5:53

whole lotta love ▬ jay&sandy Boa8 whole lotta love ▬ jay&sandy 2ztj0co

    « Les soirs à la résidence étaient les moments les plus tranquilles. Je n’avais jamais bien aimé l’espèce d’ambiance qui se faisait sentir ici tous les jours, mais je devais d’avouer que je trouvais peut-être un peu de paix lorsque tout le monde allait dormir et qu’il ne restait que moi dans la place pour terminer mes heures de travail. Je continuais mon boulot souvent jusqu’aux dernières heures de la journée, m’assurant de bien préparer tous mes trucs pour le lendemain. Enfin, j’aurais pu tout laisser là et aller me coucher, mais cela aurait tout de suite signifié que j’aurais également du me lever à six heure demain matin pour faire toute la préparation du petit-déjeuner. J’étais plutôt un couche-tard qu’un lève-tôt, alors j’avais opté pour l’option qui me permettait de gagner quelques heures en plus le matin, même si au final, je savais très bien que ça s’égalisait et que j’en étais peut-être même perdant. Heureusement que la lumière du soleil ne m’empêchait pas de dormir, sinon je n’aurais eu que quelques heures de sommeil dans toute ma nuit et j’aurais eu l’air d’un zombie en me levant. Oui bon, il y avait pleins d’autres faits qui m’empêchaient de dormir et qui auraient dû me faire abandonner la partie depuis déjà quelques heures, à la place d’être encore dans les cuisines à encore bosser. Heureusement que mon travail achevait, je n’en avait plus pour bien longtemps. Mais les cuisines, c’était mon endroit, mon sanctuaire. C’était mon boulot. Enfin, on pouvait un peu comparer ma petite place comme Billie-Joe avec son aspirateur. Je me souviens encore des nombreuses conversations qu’on avait eu ensemble – ou plutôt les nombreuses conversations qu’il s’était donné tout seul – en me racontant toutes les belles aventures et les plus grandes disputes qu’il avait eu avec son appareil ménager. Je ne suis pas certain qu’il aurait aimé que je lui dise à quel point ces histoires étaient banales et que son aspiro3000-machin n’était en fait qu’un aspirateur comme les autres… Et comme au fond de moi j’appréciais bien ce gosse – même s’il m’exaspérait souvent avec ses câlins – j’évitais d’ouvrir ma grande gueule, comme j’en avais si souvent l’habitude.

    C’est en poussant un long soupir de satisfaction que je serrai enfin les derniers fruits coupés dans le frigo, tout prêts à être servis sur le buffet le lendemain matin. Je jetai un coup d’œil à l’horloge qui était accrochée en arrière de ma tête, sur le mur : il approchait minuit. La nuit était encore jeune, j’avais peut-être un peu de temps devant moi. Je n’étais pas quelqu’un qui avait besoin de beaucoup de sommeil. Enfin, j’avais vécu pendant trois ans dans la belle Vegas, à ne rien faire d’autre que sortir tous les soirs. Minuit était un peu pour moi le 13 heure des adolescents ; l’heure à laquelle la journée commence… et comme un vampire, j’arrêtais de faire les fous avec le soleil et dès qu’il atteignait son zénith, j’étais terré dans mon appartement miteux, enfoui en dessous de ma couette, ayant pris soin de fermer les rideaux avant d’aller me coucher. Je ne vous raconte pas le choc culturel que j’eus lorsque je passai ma première semaine ici. Étant un employé, j’étais arrivé une semaine avant l’ouverture officielle, en même temps que les hôtes. J’avais manqué de me faire jeter dehors puisque pendant trois jours, j’arrivai avec plus d’une heure de retard. Je m’étais équipé d’un réveil matin, mais j’avais cette fâcheuse manie de l’éteindre lorsqu’il sonnait et de faire un nouvel un face à face avec mon oreiller. Vous comprenez la suite. Malheureusement, comme tout homme raisonnable, je m’étais conditionné à ce nouveau style de vie, bien conscient que la campagne d’Irlande et le trou dans lequel était foutu cette résidence n’avait rien à m’offrir qui ressemblait à ce que j’avais bien pu avoir à Vegas. Une nouvelle vie, nouvel environnement, nouveau Jay’. Hum, finalement, sur le dernier point, je n’étais pas certain.

    Je faisais des efforts, c’était clair. Enfin, si quelqu’un pouvait en être témoin, il aurait pu vous le confirmer. Malheureusement, j’avais pratiquement coupé les ponts avec tout le monde lorsque j’avais emménagé tout seul dans un appartement de Vegas, après avoir vécu ma petite vie à Los Angeles. Tout d’abord, j’essayais de changer pour ma petite sœur. Petite devenue grande aujourd’hui. J’étais toujours un peu surpris de voir à quel point September avait pu devenir une femme épanouie en seulement trois ans et à quel point elle avait pris de l’assurance depuis qu’elle avait intégré ce cercle d’hôtes. J’avais toujours su qu’elle avait du caractère et qu’elle ne se laissait pas faire facilement, mais là, elle devait carrément mettre son pied à terre pour garder sa place dans le groupe et j’étais plus que ravi de la voir agir de la sorte. Je l’aimais de tout mon cœur ma sœur, énormément et je n’étais pas très certain que je veuille qu’elle sache tout ce que j’avais bien pu faire comme connerie pendant trois ans. Elle ne m’avait jamais connu sous cet aspect et je ne voulais pas qu’elle ne le connaisse non plus. C’était trois ans pendant lesquels j’avais été complètement perdu au point d’agir comme un dévergondé. Et puis, il y avait Lyam. Celui qui venait tout changer, mais absolument tout. Notre amitié avait été très atteinte par notre séparation ; par mon déménagement et par son entrée au club. Nous avions changé tous les deux, surtout moi, et en mal. Je n’avais aucunement le beau rôle dans l’histoire. Et la dernière soirée que nous avions passé ensemble, cette soirée de retrouvailles qui avait plutôt tournée en un règlement de comptes et moi qui retirait tous mes masques face à lui avait complètement changée toute la donne et j’en étais de plus en plus confus. C’était quoi tout ce bazar ? Et qu’est-ce que je ressentais vraiment dans tout ça moi ? Je n’avais jamais eu de relation sérieuse dans toute ma vie. J’avais été amoureux qu’une seule fois et c’était d’une fille qui était finalement aujourd’hui ma meilleure amie et la seule à tout savoir – tout mais absolument tout – de la vie que j’avais pu mener dans les dernières années. Je voulais que tout ça change ; j’étais jaloux de ceux qui savaient se montrer vrais dans toutes leurs relations. Parce que moi je n’étais pas capable d’agir de la sorte. Parce que la plupart des liens que j’entretenais avec les gens étaient superficiels. Remarquez, je faisais des efforts. Et ils portaient fruits. J’avais plusieurs amis ici à la résidence. Je m’entendais très bien avec mes collègues. J’adorais BJ qui était un gosse tout à fait adorable malgré tout. Hanna était la fille que j’aimais le plus, excluant ma sœur, et June était une vraie perle à mes yeux. Je n’aurais jamais pu demander mieux… mais on ne change pas du jour au lendemain et malgré tous les efforts que j’avais bien pu faire, j’étais tombé à plusieurs reprises. Et encore aujourd’hui, je me retrouvais avec ce genre de relations qui vous satisfait ne serait-ce que pour l’espace de quelques heures, mais qui vous bouffe le moral lorsque vous vous prenez une remontée de conscience. Et étant un être hypersensible de nature, j’avais souvent tendance à vivre ce genre de montagne russe émotionnelle.

    Un bruit me retira très rapidement de cet instant pendant lequel je m’étais surpris à me remettre en questions sur mes relations. Personne n’était sensé être debout à une telle heure, et encore moins traîner dans le coin. Laissant mon chiffon et mes couteaux de coté, je quittai le fond de la cuisine pour approcher de la porte de service qui menait à notre petit coin secret à nous, les employés. J’étais plus qu’intrigué et même si la résidence était très bien protégée des voleurs, il y avait présentement des centaines de vacanciers et je doutais qu’ils étaient tous des anges. J’aurais pu traîner avec moi un couteau dans mes mains, histoire de faire peur à celui qui avait osé se pointer, mais je ne voulais pas perdre mon job. Je ne fis que mettre le nez dehors et j’aperçus immédiatement, devant moi, la source de tout ce grabuge, aussi petit soit-il – j’avais l’oreille fine. Un sourire amusé se dessina alors sur mon visage et dans le bleu de mes yeux s’alluma cette petite pointe de malice qui ajoutait un éclat particulier à mes iris azurs. M’accotant dans le cadre de la porte, j’ouvris d’une main la porte de service qui s’était refermée derrière moi, invitant une jeune femme asiatique d’une beauté déconcertante à entrer. Sandy Khoa.

      « Les vacancières ne sont pas admises dans les cuisines… mais je supposes que pour toi je peux faire une exception. T’en dis quoi ? »

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Sandy Khoa
Sandy Khoa
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MessageSujet: Re: whole lotta love ▬ jay&sandy   whole lotta love ▬ jay&sandy EmptyLun 29 Juin - 5:02

    whole lotta love ▬ jay&sandy Baxen6 whole lotta love ▬ jay&sandy Ayu05


    Le temps passait; heure par heure, minute par minutes, seconde par secondes. Il était maintenant 23h47 en Irlande, plus précisément dans la résidence endormie de Riviera Sun. Le marchand de sable n’était pas passé par ma chambre on dirait. Mes yeux étaient grands ouverts, observant le plafond blanc alors que j’étais étendue dans mon lit. De toute ma vie, dormir avait longtemps été l’épreuve la plus dure. Le sommeil tardait toujours a s’introduire dans mon corps, ce qui me faisait passer énormément de courtes nuits, à dormir quatre ou cinq heures tout au plus. Toutefois, il y avait un moment où je m’endormais avec une énorme facilité: quand j’avais tout juste fait l’amour avec quelqu’un. Cela pouvait paraître stupide, voir déplacé, mais c’est la simple vérité. Je dors comme un bébé lorsque je viens de coucher avec quelqu’un. C’est probablement dû à la fatigue que cela entraîne automatiquement, bref. Je m’étais couchée vers 22h00, simplement parce que je n’avais plus rien à faire. L’ennui m’avait envahi, aucune activité n’étant à ma portée pour la soirée. J’avais toujours trouvé le silence apaisant, même s’il accompagnait l’ennui. Étant une jeune femme dynamique et sociable, il était rare que je possède des moments sans bruits, alors j’en profitais. Cela permettait de faire un grand vide et de réfléchir aux choses de la vie. C’était souvent dans ces moments que je philosophais, activité que j’adorais depuis toujours, mais jamais autant que l’astrologie. Je trouvais fascinant les vérités que les astres nous dévoilaient chaque jour, en raison de nos signes astrologiques. Chaque chose n’arrivait pas toujours, mais les gens étaient généralement plus propices à certaines choses que d’autre, une certaine journée de leur vie selon leur signe du zodiac. Tous ces petits détails créaient des impacts majeurs sur les vies. Par exemple, les prénoms choisis à la naissance définissaient une grande partie du caractère d’une personne, autant que son astrologie. La vie et toutes ces coïncidences étaient fascinantes.

    Mon manque de sommeil me faisait penser à mon enfance en Corée. Lorsque j’étais un jeune poupon, je m’éveillais toujours la nuit, pleurant à chaudes larmes pour obtenir mon biberon de lait tiède. Ma grand-mère, Hanel, se levait et m’offrait ce que je désirais tant. Mes larmes se séchaient et un sourire revenait sur mon visage. À peine quelques minutes après être de retour dans mon berceau, je tombais dans un sommeil profond où j’allais dans les bras de Morphée. Quand j’eu l’âge de marcher, je sortais moi-même de mon lit. Je faisais des petits pas léger et silencieux jusqu’à la cuisine. Hanel y était toujours. Elle me préparait donc une grande tasse de lait chaud et me donnait un petit biscuit de fortune. Et comme lorsque j’étais bébé, je m’endormais avec facilité. C’était devenu un rituel entre moi et ma grand-maman. On se rencontrait dans la petite cuisine à toutes les nuits, inconsciemment dans les mêmes heures, comme si nos corps étaient programmés pour se réveiller pour ce petit rendez-vous. Je croyais que ces moments avaient grandement contribué à me rapprocher de ma grand-mère. Elle me manquait terriblement, même si on s’écrivait régulièrement, je ne l’avais pas vue depuis onze années. Toutefois, mes économies grossissaient à vue d’œil. Quand j’aurais suffisamment, je partirais en Corée voir le reste de ma famille. J’avais déjà hâte d’y être, plus qu’un an et le compte serait bon. Tellement de gens sont restés derrière moi; frères et sœurs, mon père, Hanel évidemment et ma famille plus éloignée. J’avais hâte de tous les revoir, de leur apporter des objets et de la nourriture des États-Unis. Je croyais qu’ils n’avaient jamais gouté aux cookies Oreo. Ma famille avait toujours vécu de ce qui poussait sur ses terres et de ce que leur bétail fournissait. Ils n’avaient pas de supermarché dans mon village, presque entièrement peuplé de paysans.


    Ce souvenir me donna une idée de génie. Si j’arrivais à me faufiler jusqu’aux cuisines de la résidence, je pourrais surement me faire une tasse de lait chaud et me trouver des biscuits à grignoter. Je tassai donc les couvertures qui couvraient mon corps et posa mes pieds contre le sol de marquèteries. Je m’attendais à rencontrer un plancher glacé, à me faire frissonner, mais ce ne fut pas le cas. Je frottai mes yeux délicatement et je m’étirai pour chasser toute fatigue physique de mon corps mince. Je me rendis vite compte que mon pyjama était affreux. Même si la plupart des gens dormaient, je n’osais pas sortir ainsi vêtue. J’enfilai donc un minishort en coton fait pour dormir. Je ne voulais pas non plus avoir l’air d’être trop habillé pour l’heure qu’il était. En guise de haut, une petite camisole blanche faisait l’affaire, même si on arrivait à percevoir mon soutien-gorge noir bordé de dentelle en dessous. Je ne risquais pas de croiser personne de toute manière. Je sorti de ma chambre et fut automatiquement dans un couloir peu éclairé. Par contre, même si s’était plutôt sombre, rien ne semblait effrayant. De toute manière, j’étais loin d’être une froussarde. Pieds nus, je marchais donc dans la résidence. L’Irlande était définitivement un très beau pays, j’espérais avoir la chance de le parcourir un peu, ayant toujours était attirée par sa capitale, Dublin. À errer comme cela dans les couloirs, je me sentais comme au secondaire, alors que Craig et moi tentions régulièrement d’entrer dans la bibliothèque de l’école en pleine nuit avec mon double de la clef que j’avais volé à la bibliothécaire lors de l’une de mes nombreuses visites. Avec Craig, on venait pour lire les nouveaux romans qui n’étaient pas encore disponibles pour les autres élèves, pour que Craig en apprenne plus sur les mathématiques et que je regarde le piètre choix de livre parlant d’astrologie. En fait, ils disaient plus souvent des trucs à propos de l’astronomie. Du moins, ça restait intéressant. Parfois même, il nous arrivait de prendre des photographies. Certaines immortalisaient notre belle amitiés, alors que d’autres nous montrait avec des livres aux titres ou couvertures comiques ainsi que de nous avec les cadres des anciens étudiants qui d’ailleurs étaient de plus en plus moche plus le cadre était vieux. Malgré nos airs de jeunes parfaits, Craig et moi, on avait un côté rebelle et fou, quoique Craig n’arrive qu’à être fou en ma compagnie. Autrement, il était trop timide. Mais j’ai toujours été fière d’être la seule à connaitre mon Craig. Oui les gens connaissaient Craig, mais pas le mien, pas celui que je côtoyais. Bien sur, il y avait toujours le risque de se faire prendre, comme ce soir, mais ça ce n’était pas grave, car la plupart du temps, ça valait le coup.

    Arrivée dans les cuisines, je fis un peu de bruit, m’enfargeant dans un chaudron propre qui trainait sur le sol. Je me sentais totalement stupide, de quoi pour que l’on me trouve là. Qui sait, j’allais peut-être me faire renvoyer en Ohio. Tout ça pour ne pas avoir réussi à m’endormir, ce serait vraiment la chose la plus stupide et frustrante qui pourrait m’arriver. En me retournant, je remarquai Jayden, me faisant signe d’entrer.

      ▬ « Les vacancières ne sont pas admises dans les cuisines… mais je supposes que pour toi je peux faire une exception. T’en dis quoi ? »


      ▬ « J’en dis que c’est très gentil Jay. Au fait, moi c’est Sandy mais tu peux toujours m’appeler San. »


    J’avais souri à la fin de ma phrase. Comme il m’en avait fait signe, je l’avais suivi dans le fond de la cuisine. Je remarquai comme il était beau, je ne l’avais qu’aperçu quelques fois dans la résidence sans vraiment y porter attention. On m’avait déjà dit son nom, ayant plusieurs amis communs. C’était presque étrange que les employés se mélangent autant avec les vacanciers, mais comme on avait tous environ le même âge, c’était très facile de tisser des liens. Je me remémorai le but de ma visite dans les cuisines.

      ▬ «Dis, est-ce qu’il y a du lait que je pourrais faire chauffer et des cookies ?»
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Jayden E. Hans
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MessageSujet: Re: whole lotta love ▬ jay&sandy   whole lotta love ▬ jay&sandy EmptyMer 1 Juil - 2:01

    « On ne pouvait pas dire que j’avais le temps de m’ennuyer à la résidence. Déjà, être assigné au poste de cuisinier me demandait tellement de travail que je n’avais même plus le temps de penser à moi-même entre deux repas. Les premiers jours passés à la résidence à faire ce job avait sans aucun doute été les plus pénible de ma petite existence en tant que cuisinier. La demande en nourriture était tellement forte que j’avais eu besoin d’aide pour arriver aux heures prévues pour les repas. Heureusement, j’avais très rapidement pris le rythme et ma technique s’était développée, tellement que maintenant, je savais exactement quand et comment faire quelle tâche. C’était assez valorisant de voir à quel point maintenant je pouvais étirer mes pauses lorsque je travaillais, cela signifiant bien sûr que j’avais fait du progrès. Peut-être n’étais-je pas si mauvais à ce poste : restait que la cuisine n’était pas réellement une passion pour moi et je ne me voyais pas du tout passer ma vie derrière un fourneau et des couteaux. Disons plutôt que je supportais mon job parce qu’il m’apportait ce que je n’aurais pu jamais eu avoir autrement – et je ne parlais pas là du salaire minimum que nous avions – mais bien de l’accès à cette résidence, chose que je n’aurais jamais eue dans un autre contexte. Et si je n’aurais pas pu venir passer mon été ici, alors je n’aurais jamais revu ma sœur, et encore pire, je n’aurais jamais revu Lyam. Je me sentais toujours bien étrange de m’attacher autant à une seule et même personne, mais je n’y pouvais rien. J’avais beau me répéter que la terre ne tournait pas nécessairement autour de Lyam, je n’arrêtais tout simplement pas de penser à ce qui arriverait demain entre nous deux, à ce qui s’était passé dans les derniers jours et aux conneries que je continuais de faire malgré tout ce que j’avais bien pu lui avouer. J’étais une véritable ordure. Je ne savais pas comment voir ces retrouvailles et encore moins comment considérer notre relation, ce qui faisait en sorte que je m’enfonçais peu à peu, plus le temps passait. C’était presque pathétique de ne pas être capable de prendre un peu sur moi de la sorte, mais encore là, j’étais impuissant face au déroulement de cette situation.

    Malgré tout, je me permettais souvent de m’échapper dans mes rêveries, ayant pris l’habitude de mon travail, comme un robot qu’on aurait programmé à répéter toujours la même tâche. D’une manière ou d’une autre, les jours se suivaient et se ressemblaient et bien que la routine semblait de plus en plus lourde avec le temps, je m’y faisais bien malgré moi, contre toute attente. De tous les employés, je me considérais sans aucun doute comme celui qui avait le moins de tolérance face à tout ce qui l’entourait présentement, mais j’avais développé un contrôle de ma colère exceptionnel face à ce genre de trucs. Oui bon, parce que j’avais toujours du travail, mais maintenant, lorsque je voyais des clients m’exaspérer, trop en demander ou faire comme s’ils étaient la nouvelle rock star du moment, je ne sortais plus de mes gonds en abîmant la nourriture que j’étais sensé préparé avec minutie. Et heureusement ! Parce que je sentais que si je continuais de faire des bêtises, la patronne me le ferait regretter très rapidement. Elle ne me portait pas vraiment dans son cœur et chaque mauvais pas que je faisais était un nouveau prétexte pour elle qui la rapprochait un peu plus à tous les coups de mon renvoi. Je savais néanmoins que je ne risquais pas vraiment de perdre mon travail puisque j’avais bien du support de mon coté, entre autres ma mère, qui était une connaissance très proche de la patronne. Une sacrée chance ! Sans quoi je me voyais déjà avec mes valises à la main, attendant une âme charitable qui voudrait bien me donner un coup de main pour me rendre de nouveau en Californie. Ce soir, l’ambiance était calme et il n’y avait personne en vue, même pas la patronne et je remerciais le ciel de m’offrir un moment de répit comme celui-là. J’allais partir, lorsqu’un bruit attira mon attention. Bien sûr, je ne pus m’empêcher d’aller voir et la découverte que je fis ne me laissa pas sur ma faim, mais alors là pas du tout.

      « J’en dis que c’est très gentil Jay. Au fait, moi c’est Sandy mais tu peux toujours m’appeler San. »
      « San, hun ? Je tâcherai de m’en rappeler. »


    Et un sourire malicieux se dessina sur mon visage, alors que je lui offrais un accès exclusif aux arrières de la cuisine, ce qu’on ne voyait pas ne étant qu’une simple vacancière. On pouvait pratiquement considérer ça comme ma petite place à moi, puisque j’étais celui qui l’occupait la plupart du temps, bien qu’il n’empêchait pas que d’autres employés viennent m’aider dans la préparation des repas. Bien sûr, mon regard ne la quitta pas alors qu’elle passait la porte, que je refermai derrière moi. La beauté de la jeune asiatique m’avait saisit d’un coup et normalement, je n’étais pas du genre à laisser filer un proie. La pauvre savait-elle seulement dans quoi elle s’embarquait ? Décidemment non, puisque sa demande était plus qu’innocente à mes yeux.

      «Dis, est-ce qu’il y a du lait que je pourrais faire chauffer et des cookies ?»
      « Hum, je crois bien que je peux remplir ta demande. Laisses-moi quelques minutes. »

    Des biscuits et du lait chaud ? C’était bien la première fois que je voyais un vacancier débarquer dans les cuisines pour une requête aussi minuscule. Normalement, lorsque je recevais des clients dans ma place, c’était pour recevoir des plaintes, comme quoi que la viande n’était pas assez cuite, que les légumes n’étaient pas assex croustillants ou bien que les patates n’étaient pas assez chaudes. Il me fit chaud au cœur – enfin – de ne pas avoir à faire face à une de ces vacancières plus grandes que natures dont le caprice dépassait largement l’ego que pouvait bien avoir un aussi petit corps. Et puis, que ne ferais-je pas pour une beauté pareille, non ? Le charmeur que j’étais bien malgré moi n’avait pas pu s’empêcher de se montrer généreux encore une fois, ne bronchant pas. Je revins quelques minutes plus tard, avec un sac de biscuits bien frais et un verre de lait que j’avais réchauffé soigneusement, à la température parfaite.

      « Et voilà pour la jolie demoiselle. Je dois avouer que tu me laisses surpris : ce n’est pas tous les jours que je vois des beautés débarquer dans une place aussi miteuse à une telle heure pour une telle demande. Devrais-je le voir comme un coup de chance ?

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